INTERVIEW - L'exécutif n'exclut pas de recourir dans les prochaines semaines à un confinement pour enrayer la montée épidémique en Île-de-France. Une solution que le médecin urgentiste Gérald Kierzek considère comme "disproportionnée" et "inefficace".
Sur "le fil du rasoir". L'expression est de Jean Castex lui-même. Depuis plusieurs jours, l'Île-de-France - qui fait face à une saturation de ses réanimations - semble en sursis. L'exécutif n'a pas encore pris de décision mais l'hypothèse d'une reconfinement n'est plus exclue. Une mesure à laquelle s'oppose fermement Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) à Paris et consultant santé pour TF1-LCI.
Assiste-t-on à une flambée de l'épidémie en France ?
Il n’y a pas de flambée épidémique et beaucoup d’indicateurs baissent. Le taux d’incidence est haut mais pas forcément à la hausse sauf dans quelques départements. Il a d’ailleurs nettement baissé dans plusieurs régions (Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine). SOS Médecins, Sentinelles, services d’urgences etc… assistent tous à une baisse d’activité y compris en Île-de-France. Or quand une épidémie explose, les généralistes et les urgentistes le voient. Là, ce n'est pas vraiment le cas.
Le nœud du problème se situe surtout au niveau des services de réanimation, notamment en Île-de-France, et de leurs capacités. Chaque jour, entre les entrées et les sorties, il y a embouteillage pour une cinquantaine de patients. De nombreux services arrivent à saturation, notamment car il n’y a pas d’aval (manque de lits de non-réanimation) et parce que les patients de réa ont une durée de séjour importante. Cela signifie qu'il existe un vrai problème de sous-capacité de lits de réanimation ainsi que hors réa. Parfois des malades restent en réa quand bien même ils n’ont plus besoin d’assistance respiratoire. Les réanimations sont effectivement saturées mais parce qu’il y a une faiblesse capacitaire, un manque global de lits. On assiste aux résultats d’une sous-capacité chronique constatée chaque année et atteignant son paroxysme avec le Covid.
Les variants changent-ils la donne ?
L’impact des variants est, pour l'instant, à relativiser lorsque l’on regarde les chiffres. En octobre 2020, les moins de 50 ans hospitalisés étaient 7,5%. En mars 2021, ils sont toujours 7,5%. Ces chiffres sont assez similaires lorsque l'on se concentre exclusivement sur les services de réanimations de l'Hexagone : les malades de moins de 50 ans étaient 8% en octobre et 10% aujourd’hui. Même constat en Île-de-France (10% en octobre et 12% actuellement).
La seule évolution notable se situe sur l'évolution des décès. En octobre 2020, 0,73% des gens qui mourraient du Covid-19 avaient moins de 50 ans. Ce chiffre est monté à 1,3 % au mois de mars 2021.
Au vu de toutes ces données, le confinement est-il la solution ?
Il n’y a pas de flambée de l’épidémie donc le confinement n’est absolument pas la solution, y compris en Île-de-France. Lorsqu'une explosion survient avec une circulation virale extrêmement importante, la question peut se poser. Mais actuellement, il s'agit surtout d'un problème de 'nombre de malades' en réanimation. Le diagnostic – un problème sur les réas – est bon mais le traitement n'est certainement pas le confinement. Cela serait disproportionné et sans doute inefficace. Il n'y a pas d'épidémie à confiner mais des services de réanimation à vider. Le confinement produit, en plus, un risque supplémentaire : lorsque l’on confine les gens en lieu clos, on augmente le risque de contamination en lieux clos.
Quelles alternatives seraient alors plus adaptées ?
L’une des solutions serait d’avoir davantage de lits réa et de lits conventionnels. Ils permettraient de relâcher, de facto, la pression sur ceux dans les réanimations puisque des malades peuvent être mis ailleurs. Il faut aussi armer de nouveaux lits dans ces services. Avec plus de marge en réanimation, le flux d’entrées serait absorbé sans difficulté nous pourrions passer le cap.
Le véritable problème c’est qu’un an après le début de la crise, nous ayons toujours la même capacité d’hospitalisation. Si elle avait été augmentée, il y aurait plus de facilités pour absorber le flux entrant de patients. Malheureusement, il n’y a pas de volonté de créer de nouveaux lits pérennes et de reconnaître une sous-capacité structurelle. 100 lits de réa pour toute la Seine-Saint-Denis sont insuffisants pour un territoire de 1.6 millions d’habitants!
Par ailleurs, et si besoin, les cliniques privées peuvent apporter des moyens supplémentaires à tous les niveaux.
Enfin, certaines solutions n'ont pas encore été essayées en France. On n’a jamais fait de tests préventifs, mis à disposition les auto-tests salivaires à grande échelle, on n’a jamais dépisté dans les entreprises et les services des hôpitaux. Pourtant, tout cela fonctionne et dans les départements à incidence élevée comme la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, cela devient un impératif beaucoup plus efficace qu’un confinement !
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