Rentrée scolaire : les parents vaccinés discriminés par rapport aux non vaccinés ?

par Léa LUCAS
Publié le 26 août 2021 à 14h44, mis à jour le 26 août 2021 à 14h52

Source : JT 13h WE

PROTOCOLE SANITAIRE - Les enfants testés positifs au Covid-19 auront l'obligation dès septembre de quitter les bancs de l'école pour s'isoler. Quelle conséquence pour les parents ? Pourront-ils automatiquement recourir au télétravail ou à un arrêt maladie pour les garder ? LCI fait le point.

Angle mort. Alors que le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a rappelé ce jeudi que la détection d'un élève testé positif au Covid à l'école primaire entraînera des cours à distance pour l'ensemble de la classe dès le 2 septembre, qu'en est-il des parents-salariés qui seront inévitablement amenés à les garder ?  Tout dépendra de leur schéma vaccinal. Explications.

D'après les dernières recommandations sanitaires, les personnes non-vaccinées, considérées comme cas contact lorsqu'elles se retrouvent en présence d'une autre personne testée positive au Covid-19, peuvent recourir au télétravail ou demander un arrêt de travail de 7 jours auprès de l'Assurance Maladie Ameli pour s'isoler. Dans ce cas de figure, les parents-salariés pourront garder leur enfant positif à la maison afin qu'il respecte son isolement obligatoire.

"Cela pose vraiment problème"

En revanche, toujours d'après les règles sanitaires en vigueur, les personnes vaccinées ne sont désormais plus considérées automatiquement comme des cas contacts à risque. Elles n'ont donc plus l'obligation de s'isoler, excepté si leur test de dépistage - qui, lui, reste obligatoire après avoir fréquenté une personne positive - se révèle positif. 

Cela signifie que les parents vaccinés (testés négatifs) d'enfants positifs au Covid-19, ou de l'un de ses camarades, ne pourront pas s'absenter de leur travail. "Cela pose vraiment problème, car ce cas de figure va se poser des milliers de fois", affirme auprès de LCI Hubert Salaun, porte-parole de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP). "On ne peut pas sanctionner les parents vaccinés alors qu'ils ont joué le jeu." "La difficulté se posera surtout pour les parents dont les enfants sont à l'école primaire", précise-t-il. "Les collégiens et lycéens, eux, peuvent se garder seuls étant donné qu'ils sont plus grands."  

Vers une indemnisation pour tous les parents ?

Cette situation est d'autant plus problématique qu'un rebond de l'épidémie est jugé inévitable par les scientifiques, notamment dans les classes d'âge les plus basses. En effet, les moins de 12 ans et la moitié des 12-17 ans non-vaccinés sont plus susceptibles d'infecter leurs proches, soit "les 5% de population (à risque) qui suffisent à faire une vague", alerte Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur. Ce dernier prévoit que "la moitié des infections auront lieu chez les enfants à partir de l'automne". 

"Il faut arrêter de croire que les enfants transmettent moins le Covid-19 que les adultes : avec un variant (Delta) deux à trois fois plus transmissible, les enfants sont maintenant aussi contagieux que l'étaient les adultes avec les souches précédentes", ajoute le pédiatre et infectiologue Robert Cohen.

Cependant, pour l'heure, aucun dispositif pour pallier cette impasse n'a été prévu par le gouvernement, que nous avons contacté ce jeudi. "Nous allons demander au ministre de l'Éducation une solution pour ces parents, faire en sorte qu'ils puissent tous, y compris les vaccinés, être indemnisés pour garder leurs enfants" jusqu'à ce qu'ils retournent sur les bancs de l'école, assure le porte-parole de la PEEP. "Ou alors il faut espérer une grande tolérance de la part des employeurs."

Le cas échéant, celui-ci redoute que les parents vaccinés "se découragent et ne fassent pas dépister leurs enfants, de peur qu'ils soient positifs. Il ne faudrait pas perdre en efficacité de ce côté-là à quelques jours d'une rentrée scolaire tendue."

C'est la raison pour laquelle, à l'aube de cette nouvelle rentrée scolaire, de nombreux syndicats et épidémiologistes appellent à un protocole sanitaire ultra-renforcé dans les classes, notamment en termes de dépistages chez les enfants non-vaccinés. Pour l'instant, c'est le protocole sanitaire de niveau 2 qui sera appliqué, a annoncé le ministre de l'Éducation ce jeudi. 


Léa LUCAS

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