REPORTAGE - Une semaine après le début des campagnes de vaccination en Europe, plus de 180.000 doses de vaccins ont déjà été administrées en Allemagne contre moins de 500 en France. Au coeur de la stratégie allemande : les vaccinodromes, 410 centres de vaccination hyper-organisés.
À peine arrivés dans le centre régional de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), les futurs vaccinés se font prendre leur température avant de se soumettre à un questionnaire de santé. "Avez-vous eu le Covid ces deux derniers mois ? Avez-vous été en contact avec quelqu'un qui a contracté la maladie ?", demandent-ils rigoureusement aux convoqués.
La plupart sont des personnes à la santé fragile. Martina fait partie des prioritaires. "Dans mon entreprise, nous travaillons en tant qu'audioprothésistes. Je suis quotidiennement en contact avec des personnes âgées", explique-t-elle à TF1.
Le parcours de vaccination, rigoureusement organisé avec des numéros de guichets, dure une vingtaine de minutes. Après chaque vaccination, les patients attendent dans une salle annexe pendant quelques minutes afin de s'assurer qu'ils se portent bien. Étant donné qu'il faut recevoir deux injections, la quinquagénaire aux cheveux grisonnants devra revenir dans vingt-et-un jours.
Anticiper les doses de vaccins pour éviter la pénurie
Les vaccins arrivent directement de l'hôpital de Fribourg-en-Brisgau au centre de vaccination. Acheminés à -70° dans de la glace carbonique, ils sont stockés dans des réfrigérateurs traditionnels jusqu'à 120 heures. "Ici nous avons toujours la quantité nécessaire pour deux à trois jours. Ensuite je rapporte de nouvelles doses en box à très basse température", explique le Dr Martin J. Hug , responsable de la pharmacie Universitatsklinikum.
Pour assurer un fond de roulement, et éviter la pénurie, près de 20.000 doses sont prêtes d'avance. Chaque vaccin est préparé sur place à l'aide de seringues puis dilué très précisément. "Nous faisons vraiment attention au mélange exact avec la solution saline pour qu'elle soit à 0,3 millilitres de principe actif pour ne rien perdre", poursuit le médecin.
L'ambiance a changé. Les gens voient qu'il n'y a pas d'effets secondaires.
Franck Uekermann, responsable logistique du centre
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La France est désormais pointée du doigt pour la lenteur de ce début de campagne de vaccination. "Fiasco", "désespérant", "ridicule", ont réagi plusieurs professionnels de santé ces derniers jours parmi lesquels l'urgentiste Patrick Pelloux ou encore l'épidémiologiste Martin Blachier.
"C'est un peu irritant qu'un aussi grand pays (la France, ndlr) ait fait aussi peu de vaccinations, peste Franck Uekermann, responsable organisation et logistique au centre de vaccination. Ici, l'ambiance a changé car les gens voient qu'il n'y a pas d'effets secondaires. Aujourd'hui, beaucoup plus de personnes veulent se faire vacciner." À ce jour, l'Allemagne compte 410 vaccinodromes comme celui de Fribourg sur l'ensemble de son territoire. Au 1er janvier, plus de 165.000 doses de vaccins avaient été administrées à des Allemands mais seulement quelques centaines dans l'Hexagone (selon le site indépendant covidtracker, qui compile les chiffres des autorités sanitaires).