IVG : les pénuries de pilules abortives sont-elles vraiment derrière nous ?

Publié le 2 mai 2023 à 16h50

Source : JT 20h Semaine

Les stocks des deux comprimés majoritairement utilisés dans les IVG médicamenteuses sont revenus progressivement à la normale, selon l'ANSM.
Mais le Planning familial alerte encore sur des tensions existantes, et demande une production européenne.

Quel est l’état des stocks en France du misoprostol ? À la mi-avril, des professionnels du secteur alertaient sur des pénuries dans le pays de ce médicament prescrit pour une interruption volontaire de grossesse (IVG). En effet, la fabrication du Gymiso, l’un des deux comprimés préparés à base de misoprostol, a accusé un retard dès la fin de l’année 2022, obligeant les professionnels de santé à se rediriger vers une autre molécule, le MisoOne. "Ce retard a entraîné une perturbation de la couverture des besoins en Gymiso, estimée à hauteur de 20 %", selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). 

Des tensions encore observées fin avril

Des mesures avaient alors été prises, comme l’interdiction de vente de ces deux comprimés "en dehors du territoire national ou aux distributeurs en gros à l’exportation". La situation serait désormais rétablie, puisque leur remise à disposition a été actée par l’ANSM, le 17 avril pour le Gymiso et le 27 avril pour le MisoOne. Aussi, l’ANSM indique que le laboratoire Nordic Pharma, qui contrôle la production du misoprostol, "a reçu de nouveaux approvisionnements de plusieurs dizaines de milliers de boîtes de Gymiso et de MisoOne actuellement en cours de distribution et qui vont permettre de résoudre ces tensions temporaires". 

Mais le Planning familial observe encore des situations de tensions chez les professionnels libéraux, comme les sages-femmes et les médecins, mais aussi dans certains centres de planification à Paris. Contactée par TF1info, sa présidente, Sarah Durocher, estime que les dernières difficultés rencontrées remontent à la semaine dernière, soit à la fin du mois d’avril. Un phénomène difficilement quantifiable, selon elle, mais qui a conduit à faire venir des médicaments en provenance d'Italie. Dans le même temps, une pétition a été lancée par le Planning familial et l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) pour demander au ministère de la Santé des "réponses sur le long terme". 

Selon ces derniers, le "monopole" sur la production de misoprostol détenu par Nordic Pharma "expose à une répétition de ce type de ruptures à l’infini". Ils préconisent ainsi "une production locale, diversifiée, au moins en partie publique" pour répondre à cette menace.


Caroline QUEVRAIN

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