Grippe : l'épidémie qui n'en finit pas

Publié le 4 avril 2023 à 18h35

Source : JT 20h Semaine

L'épidémie de grippe perdure dans l'Hexagone, tout en poursuivant lentement son déclin.
Selon Santé publique France, elle n'avait pas été aussi longue depuis au moins douze ans.
Plusieurs raisons permettent d'expliquer cette longévité exceptionnelle.

À quand le bout du tunnel ? Si l'épidémie de grippe continue à décliner en France métropolitaine, de nombreuses régions restent concernées et cet épisode a d'ores et déjà atteint une durée exceptionnellement longue, a indiqué Santé publique France. Vendredi dernier, huit régions demeuraient en phase épidémique, soit trois de moins que deux semaines plus tôt, mais autant que la semaine précédente. 

Avec une "circulation toujours soutenue" du virus dans l'hexagone, la phase épidémique a ainsi atteint, entre le 20 et le 26 mars, sa dix-huitième semaine d'activité, précise l'agence de santé publique dans son dernier bulletin épidémiologique publié le 29 mars. À titre de repère, la durée moyenne des épidémies de grippe se situe entre dix et onze semaines depuis 2010. Jamais, donc, au cours des douze dernières années, le virus n'avait sévi si longtemps dans l'hexagone.

Après deux ans sans grippe, cette épidémie avait surpris dès le début de l'hiver à d'autres égards, notamment en se manifestant précocement, mais aussi en augmentant très rapidement en fin d'année et en atteignant des niveaux très élevés en médecine de ville et à l'hôpital. Plusieurs éléments permettent d'expliquer cette longévité et cette virulence inédites.

La succession de deux souches

Plus en détail, avec une incidence dépassant les 100 consultations chez le médecin pour syndrome grippal entre le 14 et le 20 novembre 2022, soit trois semaines plus tôt qu'en 2017, cette saison a marqué le deuxième départ le plus précoce de l'épidémie sur les cinq dernières années. Malgré un déclin début 2023, cette dernière a été relancée par une souche différente du virus. 

En effet, alors que le départ de l'épidémie est à attribuer à une grippe de souche A, "la souche B aurait pris le pas entre les semaines 4 et 6 (fin janvier, mi-février 2023, NDLR)", a récemment souligné l'épidémiologiste Mircea Sofonea auprès de nos confrères du Figaro. Or, a-t-il aussi rappelé, "ce ne sont pas les mêmes virus et il n'y a pas d'immunité croisée entre les deux". En d'autres termes, être infecté par la grippe A ne prémunit par contre une réinfection à la grippe B.  "Il y avait peu de grippe B l'an dernier, l'immunité cette année est donc probablement plus faible, notamment chez les plus jeunes", complète de son côté le virologue Bruno Lina.

Quid de l'efficacité du vaccin ?

Dans son dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé Publique France estime que la couverture vaccinale chez les personnes "à risque de grippe sévère" était, au 31 décembre 2022, inférieure de 1,4 point à celle estimée pour la saison 2021-2022. Si cette moindre couverture vaccinale a donc pu avoir un léger effet, ce n'est pas le cas de l'efficacité du vaccin lui-même.

En effet, les produits antiviraux administrés cette saison protègent bien des sous lignages de grippe en circulation.

Un contrecoup du Covid ?

Le respect des gestes barrières a retrouvé son niveau d'avant-Covid. De quoi expliquer en partie également que cette circulation du virus, qui touche chaque année entre deux et six millions de personnes en France selon l'Assurance maladie, ait été facilité cette saison comparé aux deux précédentes.

Le Covid, ou plus précisément les restrictions de déplacements lors de la crise sanitaire, pourraient aussi avoir entrainé un regain de virulence. "Pendant les confinements, en 2020 puis en 2021, la grippe circulait peu en France. Mais dans le monde, notamment dans les zones tropicales, la grippe n'a jamais disparu. Pendant cette période, seules les souches les plus résistantes de la grippe ont survécu. L'épidémie est donc peut-être repartie avec le type de virus le plus performant", avance encore Mircea Sofonea auprès du Figaro.

Pour rappel, cet hiver, la grippe est venue contribuer à une situation inhabituelle de "triple épidémie", avec plusieurs vagues de Covid ainsi qu'une flambée de bronchiolite particulièrement intense chez les bébés, pour mettre particulièrement sous pression le système de santé.


Audrey LE GUELLEC

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