Santé mentale : plus d'un enfant sur dix pourrait souffrir d'un trouble, alerte Santé publique France

par Maëlane LOAËC
Publié le 20 juin 2023 à 7h15, mis à jour le 20 juin 2023 à 18h15

Source : TF1 Info

Dans une étude nationale inédite, Santé publique France s'est penchée sur la santé mentale de 15.000 enfants âgés de six à onze ans et scolarisés dans une école primaire.
Elle relève que 13% d'entre eux présentent un trouble de santé mentale probable.
Un chiffre préoccupant, mais qui reste semblable à ceux observés lors de précédentes études à l'échelle de pays européens.

Anxiété, irritabilité, provocation, troubles de l'attention... Ces comportements préoccupants rythmeraient le quotidien de milliers d'enfants français. C'est ce que révèle en effet une étude nationale inédite de Santé publique France (SPF), selon laquelle plus d'un élève en école primaire sur dix présente un trouble probable de santé mentale. Dans cette analyse inédite, lancée en 2022 et dont les résultats sont publiés ce mardi 20 juin, l'agence française s'est penchée sur la santé mentale d'enfants de trois à onze ans, scolarisés du CP au CM2 en France métropolitaine. 

Un constat dressé en s'appuyant à la fois sur le témoignage des parents et des enseignants, mais aussi celui des jeunes participants eux-mêmes, ce qui fait "l'originalité" de cette analyse, baptisée Enabee, explique SPF dans un communiqué. Au total, plus de 15.000 enfants, 15.000 enseignants dans près de 400 écoles, et 10.000 parents ont pris part à cette analyse, entre le 2 mai et le 31 juillet 2022. Elle a été menée dans la continuité de l'étude de l'agence de santé publique sur la santé mentale des adultes, initiée au début de la crise sanitaire, un épisode éprouvant qui "a mis en exergue la nécessité de développer un suivi épidémiologique de la prévalence des problèmes de santé mentale des plus jeunes".

Troubles émotionnels, oppositionnels et TDAH

Pour dresser un panorama de la santé mentale des plus jeunes, l'étude ne s'appuie pas à proprement parler sur des diagnostics cliniques, appelant ainsi à la vigilance sur l'interprétation de ses résultats. Mais les "points de vue" croisés collectés ont tout de même permis d'identifier des symptômes et même des "troubles probables" chez les jeunes sondés, au-delà de certains seuils. 

L'enquête révèle ainsi que dans l'ensemble, "le score de niveau de bien-être et qualité de vie en lien avec la santé" de ces enfants reste dans l'ensemble satisfaisant, se hissant à 71 sur 100. Mais à y regarder de plus près, 13% des enfants de six à onze ans présentent au moins un trouble probable de santé mentale, recouvrant "une diversité de troubles potentiels, de sévérité plus ou moins grande". Un taux toutefois semblable à ceux observés dans d'autres pays européens sur la même tranche d'âge, lors d'études menées depuis 2010.

Dans le détail, ces troubles probables sont émotionnels pour 5,6% des jeunes sondés : comportements anxieux, notamment de l'anxiété généralisée, de l'anxiété de séparation ou des phobies spécifiques, ou encore des comportements dépressifs. Ils sont plus fréquents chez les filles. 

Les troubles probables peuvent aussi être oppositionnels, autrement dit des comportements de désobéissance, d'hostilité et de provocation à l'égard des figures d'autorité, de la colère et de l'irritabilité. C'est le cas pour 6,6% des enfants. Enfin, ils peuvent relever de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) pour 3,3% des enfants, ce qui caractérise notamment par des difficultés de concentration, de l'impulsivité et de l'agitation. Dans ces deux derniers cas, ce sont surtout les garçons qui sont concernés. 

Des "facteurs" à éclaircir

"Ces premiers indicateurs de référence, qui s’enrichiront de nouvelles analyses dans les prochains mois, permettent de mieux suivre l’état de santé mentale et le bien-être des enfants et ainsi contribuer à l’élaboration des politiques publiques", souligne l'agence de santé publique. L'étude ne relève pas en revanche de différences en fonction du niveau scolaire ou du secteur de l'école, et ne donne pas en général de pistes d'explication derrière l'apparition possible de troubles et le niveau de bien-être. Ces analyses ne permettent pas non plus de mesurer l'éventuelle incidence de la crise sanitaire sur la santé mentale de ces enfants, en l'absence de données nationales antérieures sur cette tranche d'âge. 

"De nombreuses analyses complémentaires doivent encore être réalisées pour prendre en compte d’autres facteurs relatifs, par exemple, à l’environnement de vie de l’enfant, à sa santé ou celle de ses parents", explique-t-elle. Des recherches en ce sens doivent être initiées dès 2024. L'étude doit aussi être étendue aux territoires d'Outre-mer. Dans les prochains mois, des enquêtes sur le bien-être des enfants de maternelle sont par ailleurs prévues. 

L'étude n'est toutefois pas la première à souligner les difficultés psychologiques essuyées par les plus jeunes. En mars dernier, un rapport du Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) relevait que la consommation de psychotropes avait doublé en dix ans chez les enfants, concernant désormais un sur 20, soit des "dizaines de milliers" d'entre eux. 


Maëlane LOAËC

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