GLURPS - Sans nous en rendre compte, nous avalerions les dizaines de milliers de particules plastique chaque année, révèle une étude canadienne. La dangerosité de celles-ci sur la santé est cependant encore inconnue.
De nos objets du quotidien à notre garde-robe, le plastique est partout. Et selon une récente étude de chercheurs de l'université de Victoria, au Canada, il serait même largement présent dans notre organisme. En analysant 26 études sur le mode de consommation des Américains, ils ont évalué qu'un homme adulte peut ingérer des dizaines de milliers de microparticules de plastique par an, en fonction de son mode de vie.
Ces morceaux de plastiques microscopiques, étudiés par cette étude parue mercredi dans la revue Environmental Science and Technology, sont dispersés par nos vêtements en matière synthétique, les boîtes dans lesquelles nous conservons nos aliments, les lentilles de contact... et finissent irrémédiablement dans la chaîne alimentaire.
90.000 particules de plus si l'eau est consommée en bouteille
Le seul fait de s’alimenter entraînerait ainsi l’ingestion de 39.000 à 52.000 microparticules chaque année. L'eau embouteillée, elle, peut entraîner l’absorption de 90.000 particules de micro-plastique supplémentaires par an, par rapport à ceux qui consomment de l'eau du robinet. En mars 2018, une étude américaine avait en effet révélé que 93% des bouteilles analysées contenaient en moyenne 10,4 particules d'environ 0,10 millimètre par litre d'eau.
Très volatiles, ces particules se retrouvent aussi dans l'air que nous respirons au quatre coins du monde. Les auteurs de l'étude estiment donc que notre inhalation régulière augmente le nombre de particules présentes dans notre corps de 74.000 à 121.000.
N'ayant pris en compte, pour ces calculs, que 15% de l'apport calorique annuel d'un Américain moyen, les scientifiques précisent cependant que leurs résultats sous-estiment probablement le nombre de particules de plastique ingérées.
Des effets inconnus
Quant à savoir si cela peut poser un quelconque danger pour la santé, les scientifiques restent très prudents, précisant que les effets de ces microparticules sur la santé sont "inconnus". Interrogé à l'occasion de l'étude qui pointait la présence de particules de plastique dans les bouteilles d'eau, l'expert en toxicologie François Hubert indiquait n'avoir pas connaissance d'étude mesurant les risques pour la santé qu'elles pourraient poser. "Mais vu leur taille, de l'ordre de 100 microns, elles sont beaucoup trop grandes pour pouvoir êtres absorbées par le système digestif. Elles doivent donc se retrouver intactes dans les selles de personnes ayant bu ces eaux."
Les chercheurs canadiens précisent cependant que certaines des particules qu'ils ont analysées "sont suffisamment petites pour entrer dans les tissus humains, où ils pourraient entraîner une réaction immunitaire ou relâcher des substances toxiques". Interviewé par l'AFP, le professeur d’écologie à l’Université d’East Anglia Alastair Grant, qui n'a pas participé à ces recherches, considère pour sa part que rien ne prouve que les particules de plastique dont parle l’étude posent "un danger significatif à la santé humaine". Selon lui, seule une petite partie des éléments inhalés peut atteindre les poumons, notamment pour des raisons liées à la taille des particules.
Une production de plastique en hausse au niveau mondial
Le même jour que la parution de cette étude, d'autres travaux publiés par la fédération PlasticsEurope révèlent que la production de matières plastiques a encore bondi en 2018 à l’échelle mondiale, tirée par l’Asie et les États-Unis. 359 millions de tonnes ont été produites l'année passée, en hausse de 3,2%. Pour les auteurs canadiens, cette dépendance au plastique ne peut plus durer. "Nos recherches suggèrent que les microplastiques vont continuer à être présents dans la majorité - si ce n'est dans la totalité - des articles destinés à la consommation humaine", regrette, dans un communiqué de l'université de Victoria Kieran Cox, l'auteur principal de cette étude. "Nous devons réduire notre dépendance aux matières synthétiques et en modifier notre gestion pour changer notre relation au plastique."
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