DISCUSSIONS – Alors que sa présence n’était pas prévue ce mardi au Ségur de la santé, le Premier ministre Jean Castex a annoncé une hausse de 1,1 milliard d’euros supplémentaires pour la revalorisation des salaires, portant l’enveloppe totale à 7,5 milliards d’euros.
Coup de théâtre au Ségur de la santé : le nouveau Premier ministre Jean Castex s'est invité mardi soir à une réunion décisive avec les syndicats, annonçant une rallonge de plus d'un milliard d'euros pour les salaires et ajoutant "les questions d'emplois" au menu des négociations. La surprise a été révélée peu après 19 heures par un tweet du chef du gouvernement, accompagné d'une photo le montrant aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et de l'animatrice du Ségur, Nicole Notat.
"En amont de la conclusion du Ségur de la santé, j'ai ouvert la réunion de négociation avec les personnels paramédicaux", a fait savoir Jean Castex, dont la présence n'avait pas été annoncée à cette réunion démarrée à 18 heures. Le Premier ministre, entré en fonction vendredi, "a montré son engagement", a assuré son entourage, selon qui les syndicats "ont souligné que (sa) présence était un symbole fort".
Une hausse "importante sur une base déjà historique"
Surtout, il n'est pas venu les mains vides. "J'ai annoncé une enveloppe de 7,5 milliards d'euros", a-t-il indiqué, soit 1,1 milliard de plus que l'enveloppe proposée la semaine dernière pour revaloriser les personnels non médicaux. Cette hausse "est importante, sur une base qui était déjà historique", a insisté l'entourage du Premier ministre. Le gouvernement, qui avait avancé au départ un montant de 6 milliards, jugé insuffisant par les syndicats, avait déjà concédé une première rallonge de 400 millions la semaine dernière. Reste à répartir cette somme entre une augmentation générale, des "bonifications" ciblées et une refonte des primes.
En amont de la conclusion du Ségur de la Santé, j'ai ouvert la réunion de négociation avec les personnels paramédicaux. J'ai annoncé une enveloppe de 7,5 milliards d'euros, et insisté pour que les questions d'emploi soient également intégrées à la négociation. pic.twitter.com/D5pyU02vM6 — Jean Castex (@JeanCASTEX) July 7, 2020
Les syndicats revendiquent de longue date 300 euros nets supplémentaires pour tous les agents hospitaliers. Mais le gouvernement entend favoriser certains métiers "en tension" (infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio...), y compris dans les établissements privés, et introduire une part d'"intéressement" individuel et collectif dans les rémunérations. À ce stade, "les organisations ne sont pas satisfaites des propositions donc il faut qu'il donne les moyens supplémentaires pour y arriver", avait réagi jeudi un responsable syndical auprès de l'AFP, appelant le Premier ministre à "prouver" son attachement à la fonction publique hospitalière.
15.000 créations de postes évoquées
Autre rebondissement, Jean Castex indique avoir "insisté pour que les questions d'emploi soient également intégrées à la négociation". Alors que la hausse des effectifs réclamée par les syndicats ne faisait jusqu'à présent pas partie de la discussion, 15.000 créations de postes seraient désormais sur la table, selon une source syndicale. Ces embauches seraient toutefois financées sur la même enveloppe que les revalorisations salariales. Pour cela, "chaque établissement hospitalier sera invité à réaliser un diagnostic partagé de la situation de ses effectifs (postes vacants, absentéisme, besoins de formation...) et de ses activités", a fait savoir l'entourage de Jean Castex.
Le Premier ministre veut "conclure" rapidement le Ségur, avec un "protocole d'accord" finalisé d'ici à jeudi, soumis à signature pour vendredi, selon la même source syndicale. Même tempo pour les médecins hospitaliers qui seront reçus au ministère mercredi à 16 heures. Mécontents des 600 millions d'euros de revalorisations qui leur ont été proposés la semaine dernière, les praticiens hospitaliers, internes et étudiants en espèrent au moins le double.
Vers des annonces de Macron le 14 juillet ?
D'autres sujets devraient faire l'objet de simples recommandations, dont l'investissement, pour lequel plusieurs milliards d'euros sont aussi évoqués. Des décisions sont par ailleurs attendues en matière de "simplification", avec notamment un rééquilibrage du pouvoir entre directeurs et médecins hospitaliers.
Enfin, le Ségur devait repenser l'organisation territoriale du système de santé, des très décriées agences régionales aux professionnels libéraux, qui craignent d'être marginalisés par un plan hospitalo-centré. Emmanuel Macron, qui s'exprimera le 14 juillet, pourrait annoncer lui-même le résultat de cette vaste concertation lancée fin mai et censée concrétiser le "plan massif" qu'il avait promis au plus fort de l'épidémie de coronavirus.
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