Sidaction : les jeunes encore prisonniers d'idées reçues et de fausses informations sur le VIH

par Maëlane LOAËC
Publié le 24 mars 2023 à 11h42
JT Perso

Source : JT 13h WE

Plus de quarante ans après le pic de l'épidémie de sida et ses ravages, les plus jeunes restent encore mal informés sur le virus.
Un sondage de l'Ifop pour le Sidaction révèle que les 15-24 ans sont encore trop peu nombreux à réaliser des dépistages.
Beaucoup d'entre eux alimentent aussi certains préjugés sur les personnes séropositives et banalisent le risque de contamination.

Loin de se dissiper, les idées reçues sur le VIH et le sida "s'ancrent et ne disparaissent pas" auprès des plus jeunes. À l'occasion du week-end du Sidaction, qui débute ce vendredi et courra jusqu'à dimanche, l'association publie les résultats d'un sondage de l'Ifop mené chaque année auprès des 15-24 ans, qui dresse un constat inquiétant. Un sondé sur quatre estime être mal informé sur le virus, "soit une augmentation alarmante de 22 points par rapport à 2009", souligne l'organisation dans un communiqué, se disant particulièrement "inquiète"

"Même si nous notons une amélioration du sentiment d’information chez les jeunes et revenons à une situation pré-pandémique, certains chiffres restent alarmants", déplore Florence Thune, directrice générale de Sidaction, citée par ce communiqué. L'enquête d'opinion révèle aussi que moins d'un jeune sur trois (28%) déclarent avoir réalisé un dépistage au moins une fois au cours de l'année écoulée. "Un chiffre toujours trop faible", regrette Sidaction, malgré une hausse de 8% par rapport à 2022. Pour cause, 65% des 15-24 ans reconnaissent ne pas savoir où il est possible de se faire dépister. 

Du paracétamol contre les contaminations, une transmission par un baiser...

Par ailleurs, 43% d'entre eux ignorent s'il existe un traitement d'urgence contre le VIH lorsqu'un risque a été pris. Pire encore, le niveau de connaissance se dégrade parfois au fil des années : "23% pensent que la prise de la pilule du lendemain est efficace pour empêcher la transmission du VIH (contre 10% en 2015)", signale l'association, qui ajoute que "18% sont convaincus que la prise d’un comprimé de paracétamol empêche la transmission du virus".

Quant aux risques de transmission, ils sont mal identifiés par une large part des sondés, reprenant encore certains préjugés. Plus de la moitié des jeunes (53%) sont encore convaincus que le virus peut se transmettre lors de rapports sexuels avec un partenaire séropositif sous traitement, et même simplement en embrassant une personne séropositive pour 17% d'entre eux. Pourtant, "une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH", martèle Florence Thune. "La sensibilisation sur ce sujet doit être intensifiée afin de combattre les discriminations subies par les personnes vivant avec le VIH", exhorte-t-elle.

Dans le même temps, les jeunes sont aussi nombreux à sous-estimer et banaliser le risque de contamination : "37% des 15-24 ans pensent qu’ils ont moins de risque que les autres d’être contaminés par le virus du sida", soit 8% de plus qu'en 2022, relève le communiqué. Ils sont aussi 43% à penser que les contaminations diminuent chez les jeunes. Des chiffres "inquiétants à l’heure où la réalité de terrain nous prouve le contraire", relève Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. Ces dernières années, le nombre de nouveaux diagnostics d'infection au VIH n'a pas baissé en France, stagnant autour de 5000 en 2021, dont 15% concernant des personnes âgées de moins de 25 ans, une part qui ne recule pas depuis 2017, selon Santé Publique France. 

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La directrice générale de Sidaction appelle ainsi à muscler la sensibilisation et la prévention "auprès de cette tranche d’âge, afin que les jeunes disposent des informations dont ils ont besoin pour une vie sexuelle et affective épanouie et sans risque". L'association exige notamment que soient respectées les trois séances annuelles obligatoires d'éducation à la sexualité à l'école, que deux tiers des jeunes affirment ne jamais avoir suivi. Un impératif d'autant plus urgent, selon l'association, que plus de huit sondés sur dix estiment que le nombre de cours consacrés à la question n'est pas suffisant. 


Maëlane LOAËC

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