L'info passée au crible
Verif'

Suspension des soignants non vaccinés contre le Covid-19 : la France, un cas unique en Europe ?

Publié le 21 juillet 2022 à 23h01
JT Perso

Source : JT 13h Semaine

Le gouvernement reste inflexible et s'oppose à une réintégration des soignants qui ont été suspendus faute d'être vaccinés.
La question a été débattue à de multiples reprises, mais l'arrivée de nouveaux variants n'a rien changé.
La France n'est pas un cas isolé en Europe, mais la majorité de nos voisins adoptent des positions moins strictes.

Ces derniers jours, l'épidémiologiste Antoine Flahault a affiché une position assez singulière au sein de la communauté de chercheurs et de médecins mobilisés contre le Covid. Il a en effet plaidé pour une réintégration des soignants suspendus faute de vaccination, un choix qui n'est aujourd'hui, selon lui, "plus fondé sur le plan scientifique". De quoi relancer un débat très vif depuis des mois, et que les incendies en Gironde avaient également contribué à attiser, puisque les pompiers sont également visés par des suspensions s'ils ne sont pas vaccinés.

Si une partie de l'opposition - des députés LR à ceux de LFI, par exemple - plaide pour une réintégration, il est toujours instructif d'observer la manière dont ce sujet est abordé hors de nos frontières. On observe ainsi que chez nos voisins, des politiques parfois plus strictes qu'en France s'appliquent, mais que la tendance de fond est plutôt aujourd'hui à une forme de tolérance envers les soignants non vaccinés.

Italie

La situation en Italie est semblable à celle observée en France, puisque le vaccin reste obligatoire pour les personnels de santé. Malgré des protestations, les autorités campent sur leurs positions et prévoient de maintenir ces règles jusqu'au 31 décembre 2022. Il faut noter qu'un certificat de rétablissement permet aux personnels non vaccinés de retourner au travail, mais la presse transalpine souligne qu'après les délais légaux (passés de 3 à 6 mois), les infirmières et autres médecins qui persistent à tourner le dos aux vaccins se retrouvent à nouveau suspendus. Tout comme leurs salaires.

Grèce

Du côté d'Athènes, le ministre de la Santé Thanos Plevris a indiqué en début d'année qu'une dose de rappel serait nécessaire pour qu'un patient soit considéré complètement vacciné. Les soignants qui n'affichaient pas un schéma vaccinal complet, suspendus dans un premier temps, ont été par la suite menacé de licenciement par le ministre de la Santé. Si les autorités n'ont finalement pas été aussi loin, elles ont maintenu la suspension des personnes non vaccinées, au moins jusqu'à la fin de l'année. 

En Espagne, "tout le monde se [faisait] vacciner volontairement"

Espagne

De l'autre côté des Pyrénées, la question d'un vaccin obligatoire pour les soignants ne s'est pratiquement jamais vraiment posée. La campagne de vaccination a en effet bien fonctionné, incitant les dirigeants espagnols à ne pas mettre en place de mesures coercitives. "Pratiquement tout le monde se fait vacciner volontairement", se réjouissait la ministre de l'Éducation, Pilar Alegría lors d'une interview, estimant que rendre obligatoire le vaccin pour les salariés de certains secteurs sensibles ne serait pas nécessaire.

Grande-Bretagne

La question d'une vaccination imposée aux soignants s'est posée outre-Manche, puisque les autorités ont fait machine arrière au printemps. Alors que le vaccin devait être rendu obligatoire, l'émergence de nouveaux variants potentiellement moins dangereux a été avancée pour revenir sur les annonces formulées quelques mois plus tôt. Au moment où la décision initiale de suspension a été avancée, "le variant Delta était dominant", note le site du gouvernement, ajoutant qu'Omicron entraîne des vagues d'hospitalisations moindres et donc plus facile à gérer pour le système hospitalier.

Belgique

Côté belge, des experts ont été consultés en début d'année afin d'évaluer la pertinence d'une vaccination obligatoire des soignants. La presse rapportait il y a quelques mois qu'à l'issue de ces réflexions, la mesure a été laissée de côté. "Dans le contexte épidémiologique actuel, la vaccination obligatoire des prestataires de soins de santé ne serait pas conforme au principe de proportionnalité", ont conclu les spécialistes, cités par les quotidiens locaux. Des orientations politiques qui pourraient évoluer à l'avenir, apprend-on, puisque "si la situation épidémiologique venait à nouveau à se dégrader, qu'un nouveau variant apparaissait et/ou une baisse significative de l'immunité étaient observés, impliquant une remontée du nombre de décès et d'hospitalisations, l'avis serait réévalué".

Lire aussi

République Tchèque

En fin d'année 2021, à l'instar d'autres pays, la République Tchèque a sérieusement envisagé la suspension de soignants non vaccinés. Un projet défendu par le gouvernement, mais qui a finalement été abandonné lorsqu'une nouvelle majorité est arrivée au pouvoir. En janvier, le Premier ministre a indiqué préférer une incitation à la contrainte, tout en précisant que 90% des personnes qui auraient été concernées par une obligation vaccinale (les plus de 60 étaient aussi concernés) présentaient déjà un schéma vaccinal complet. 

Allemagne

En raison de son organisation fédérale, l'Allemagne ne présente pas une organisation uniforme sur son territoire. Si des régions ont mis en place des mesures censées restreindre le travail dans le secteur de la santé aux seuls vaccinés, rares sont en pratique les cas de figure ou des sanctions sont véritablement prononcées. Tout au plus ces différents cas font-ils l'objet de signalements. Moins de 100 personnes auraient ainsi été sanctionnées à travers le pays.

Autriche

Souvent présentée comme le premier pays d'Europe à imposer à ses soignants d'être vaccinés, l'Autriche a progressivement reculé sur la question. À l'origine, il était prévu qu'au 15 mars, des amendes allant jusqu'à 3600 euros puissent être prononcées. Toute la population était en réalité concernée, à partir de 18 ans et sauf quelques rares exceptions. L'arrivée d'Omicron et les très fortes tensions autour de cette mesure ont finalement été invoquées pour justifier son retrait.

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info