INTERVIEW -La France a suspendu au moins jusqu'à jeudi le vaccin AstraZeneca. Le Dr Gérald Kierzek fustige "un principe de précaution à outrance" qui risque d'augmenter la défiance vis-à-vis de la vaccination.
Le vaccin AstraZeneca en sursis. Après le Danemark ou les Pays-Bas puis l'Allemagne, c'est au tour de la France de suspendre la vaccination avec le sérum suédo-britannique. "Sur la recommandation du ministre des Solidarités et de la Santé, et en lien avec les autorités sanitaires françaises, la décision a été prise de suspendre par précaution la vaccination avec AstraZeneca", a déclaré ce lundi le président de la République Emmanuel Macron. Le sort du vaccin est désormais suspendu à l'avis de l'agence européenne du médicament qui pourrait être rendu jeudi.
La suspension temporaire de ce vaccin intervient après la détection "de cas graves de formation de caillots sanguins" chez des personnes vaccinées au Danemark, tandis que de nombreux pays ont suspendu les injections "par précaution". Pour autant, cette suspension est-elle justifiée ? Et si finalement le vaccin est à nouveau autorisé jeudi, le doute ne risque-t-il pas de persister dans l'opinion ? Le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et consultant santé TF1/LCI, nous répond.
LCI : Le vaccin AstraZeneca est suspendu en France. Bonne ou mauvaise décision ?
Gérald Kierzek : Cela complique la situation. Il n'y a aucune preuve de lien de causalité avec la thrombose, qui est une maladie fréquente : il y a 2 cas pour 1000 habitants par an, indépendamment de la vaccination. Ce n'est donc pas comme s'il y avait des événements graves, anormalement fréquents. Il y a surtout un emballement, une pression médiatique de principe de précaution à outrance. Nous avons cédé à l’émotion, mais le président n’avait pas le choix lorsque tous les pays suspendent.
Toutefois, le discours du ministre de la Santé allemand m'interpelle, puisqu'il parle d'un cas de thrombose cérébrale. Or, nous parlions jusqu'à présent de phlébites, c'est-à-dire de caillots dans la jambe. Y a-t-il une augmentation de l'incidence de ces thromboses cérébrales, qui est une pathologie très particulière et beaucoup moins fréquente ? Il faut avoir des précisions et analyser les données le plus rapidement possible, mais cela va prendre du temps de mener l'enquête.
Craignez-vous que cela augmente la défiance vis-à-vis de ce vaccin ?
Malheureusement oui, il s'agit du meilleur moyen pour briser la confiance. Nous avions déjà deux problèmes : les doses et convaincre la population. Cette décision est terrible, cela va "tuer" la vaccination. La confiance était déjà fragile, j'ai peur que cette décision mette tout par terre.
Ce n'est donc pas une bonne chose de suspendre la vaccination le temps que l'agence européenne du médicament dévoile son avis ?
Non, car cela met justement un doute dans l'esprit de la population. J'espère que les autorités scientifiques européennes ne vont pas céder à la pression et analyser sereinement la situation. Depuis le début de la crise, la science est l'illustration d'une hystérie médiatique et politique sur des sujets médicaux, c'est dramatique. Les quelques cas d'effets indésirables, il faut les investiguer sur le plan scientifique, mais il ne faut pas céder à la panique. Or, en termes de communication pour nos patients, cela va être terrible.
L'avis de l'agence européenne du médicament ne pourrait-il pas permettre, à l'inverse, de lever les doutes qui persistent autour de ce vaccin depuis une semaine ?
Espérons, mais nous allons tout de même ramer pour convaincre la population. Il y avait déjà une défiance vis-à-vis de l'AstraZeneca depuis le début, et je pense que cela va être très compliqué à inverser.
Comment l'expliquez-vous ?
Il y a eu une campagne de dénigrement au départ. Certaines personnes sont désormais très agressives, exigent plutôt le vaccin Pfizer, alors que ce n'est pas du tout dans le droit des patients d'avoir une exigence thérapeutique. Pourtant, sur le plan scientifique, cela ne repose sur rien.
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