Dans une mise à jour de son avis rendu en avril 2021, l'Anses estime "peu probable" que la 5G entraine de nouveaux risques pour la santé.L'agence précise cependant un manque de données scientifiques sur la question.Les ONG dénoncent l'irresponsabilité du gouvernement d'exposer la population à ces fréquences encore trop peu étudiées.
Sur la téléphonie 5G, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) confirme : il est "peu probable", en l'état des connaissances actuelles, qu'elle présente des "risques nouveaux" pour la santé. Sa position n'a donc pas changé depuis l'avis initial qu'elle avait rendu en avril 2021.
Très attendu, cet avis avait à l'époque été vivement critiqué, notamment en raison du calendrier, puisqu'il avait été publié quelques mois après le début du déploiement de cette cinquième génération de la téléphonie mobile. Le débat avait été enflammé, le président Emmanuel Macron estimant par exemple que les tenants d'un moratoire voulaient un "retour à la lampe à huile".
Un avis, complété par une "consultation publique"
L'agence avait alors estimé, que "sur la base des données scientifiques disponibles à ce jour", il était "peu probable que le déploiement de la 5G (dans les bandes de fréquences déjà déployées en France) présente de nouveaux risques pour la santé", tout en reconnaissant le manque d'études sur certaines fréquences.
Elle avait toutefois ouvert plusieurs semaines de "consultation publique" sur son avis, indiquant qu'elle pourrait éventuellement le compléter. Plus de 200 contributions - particuliers, associations ou industriels - ont été recueillies et l'Anses a également épluché de premières mesures d'exposition "au voisinage des antennes relais 5G" réalisées par l'Agence nationale des fréquences (ANFR).
Les données sont à l'heure actuelle trop peu nombreuses pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires.
L'Anses
L'actualisation de son avis conclut que ces nouveaux éléments "confortent les conclusions initiales". À savoir que pour les fréquences déjà déployées, très proches de celles utilisées pour les précédentes générations, "les niveaux globaux d'exposition aux champs électromagnétiques seront comparables ou légèrement supérieurs à ceux des technologies existantes" et qu'il est donc "peu probable que ce déploiement entraîne de nouveaux risques pour la santé".
Cependant, comme dans son avis initial, l'Anses précise que "les données sont à l'heure actuelle trop peu nombreuses pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires". Pour l'agence sanitaire, il s'agissait aussi "de qualifier les incertitudes" restantes, notamment sur les "effets intrinsèques sur la santé" et les niveaux d'exposition, souligne Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques liés aux agents physiques à l'Anses.
Elle recommande ainsi de poursuivre les études, particulièrement de surveillance des expositions, et d'adopter des "usages raisonnés" de la 5G, notamment pour les enfants ou en utilisant des kits à oreillette, par exemple.
Les ONG Agir pour l'environnement et Priartem (association contre les risques liés aux technologies électro-magnétiques), qui avaient sans succès contesté en justice le déploiement de la 5G, n'ont pas manqué de regretter cette nouvelle constatation d'un manque de données sur les nouvelles fréquences, et donc la difficulté à évaluer les risques. Elles dénoncent le fait que les pouvoirs publics aient pris "la responsabilité d'exposer la population à de nouvelles fréquences non étudiées".
L'agence avait elle-même souhaité, lors de la publication de son avis en avril 2021, qu'à l'avenir les expertises soient réalisées "préalablement (au) déploiement" de technologies nouvelles. Olivier Merckel reconnaît d'ailleurs un "problème récurrent" avec le déploiement de nouvelles technologies, qui peut créer rapidement de nouveaux usages, alors "que le temps de la recherche et de l'expertise est long par nature".