La Haute autorité de santé donne son feu vert aux tests antigéniques

Publié le 9 octobre 2020 à 23h40
La Haute autorité de santé donne son feu vert aux tests antigéniques
Source : MONEY SHARMA / AFP

AVANCEE - Le Covid-19 se propage-t-il dans telle université ? Cet Ehpad abrite-t-il un foyer de contagion ? Il sera bientôt possible de répondre sans délai à ces questions essentielles pour le contrôle de l'épidémie, après le feu vert donné aux tests rapides par la Haute autorité de santé.

Détecter les cas positifs en quelques minutes pour mieux contrôler l'épidémie de coronavirus, voilà qui va devenir possible grâce aux tests antigéniques. La Haute autorité de santé (HAS) a rendu ce vendredi un avis "favorable" pour la pratique de ces tests, beaucoup plus rapides que les tests PCR, dans le cadre d'"actions de dépistage à large échelle au sein de populations ciblées", comme les universités ou le personnel des hébergements collectifs.

"Le but, c'est d'être capable de tester plus de personnes et plus vite", pour savoir "si on est face à un foyer d'infection", a expliqué Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, lors d'une conférence de presse en ligne. Les tests virologiques RT-PCR ont une "très bonne performance", mais "la situation épidémique" entraîne "une très forte demande" et "oblige à élargir l'arsenal" des tests, a-t-elle fait valoir.

Un test à grande échelle dans le Grand Est

Comme les tests PCR, le prélèvement pour un test antigénique est fait dans les narines à l'aide d'un écouvillon (sorte de long coton-tige). Mais contrairement à ces derniers, les tests antigéniques ne nécessitent pas d'analyse en laboratoire, car leur mécanisme est plus simple. Les premiers détectent le matériel génétique du coronavirus, alors que les seconds repèrent des protéines du virus. Et cela change tout, car le résultat peut être donné en 10 à 30 minutes et leur réalisation peut se faire chez un médecin généraliste, un infirmier ou un pharmacien.

Le Grand Est, sévèrement frappé par le virus au printemps, a été désigné pour mener aussitôt une campagne de 400.000 tests ciblant principalement les étudiants avant leur départ pour les vacances de Toussaint le 24 octobre, a annoncé la préfète de Région, Josiane Chevalier. "Il s'agit d'une expérimentation", a-t-elle précisé.

Seul bémol, la Haute autorité de santé a donné son feu vert malgré "l'absence de données disponibles" sur les performances de ces tests dans une telle utilisation, car elle estime qu'ils répondent à un "besoin non couvert". Il faut en effet encore plusieurs jours dans certaines régions pour réaliser un test RT-PCR et en obtenir le résultat et les médecins biologistes ont souligné qu'utiliser ce type de tests pour des opérations de dépistage à grande échelle entraînait une saturation de leurs capacités d'analyse.

Utilisés à titre expérimental en Ile-de-France

Les tests antigéniques sont déjà utilisés depuis lundi à titre expérimental en Ile-de-France, pour une campagne de dépistage auprès du personnel de 80 Ehpad. L'avis favorable de la Haute autorité ouvre la voie au remboursement et à une large utilisation de ce nouvel outil, lorsque le gouvernement aura publié l'arrêté l'autorisant. Ce devrait être "courant octobre", selon la HAS.

La base de données Sidep, où les laboratoires enregistrent tous les tests de dépistage du coronavirus, doit aussi être adaptée pour permettre aux autres professionnels de santé de rentrer les résultats. Les autorités sanitaires doivent enfin fixer la liste des tests suffisamment performants pour être utilisés. La HAS a recommandé qu'ils présentent une sensibilité (capacité à détecter les sujets infectés) d'au moins 80% et une spécificité (capacité à ne pas identifier à tort des patients comme étant infectés) d'au moins 99%.

Peu de "faux positifs"

Il y a deux semaines, la HAS s'était déjà prononcée en faveur de l'utilisation de ces tests rapides chez les personnes présentant des symptômes du Covid-19, lorsqu'un test RT-PCR n'est pas disponible dans les 48 heures. Vendredi, elle a précisé que, dans ce cas, le test devait être réalisé dans les quatre jours après l'apparition des symptômes, car au-delà, leur performance est moins bonne.

Par ailleurs, chez les personnes à risque de développer une forme grave de la maladie (personnes âgées, diabétiques, obèses, etc.), un test antigénique négatif devra être confirmé par un test RT-PCR, afin de "s'assurer qu'on ne passe pas à côté d'une infection". En revanche, en cas de test positif, "ce n'est pas nécessaire" de réaliser en plus un test RT-PCR, ont assuré les dirigeants de la HAS, car les tests antigéniques donnent très peu de "faux positifs". Cela signifie que s'ils rendent un résultat positif, il est très probable que le patient soit effectivement porteur du nouveau coronavirus.

Enfin, la HAS ne recommande pas "à ce stade" l'utilisation des tests antigéniques pour des personnes asymptomatiques en dehors des opérations de dépistage ciblées, notamment pour les personnes ayant été en contact avec un cas confirmé, en raison de "l'absence de données cliniques disponibles". Cette position "sera réévaluée rapidement" lorsque de telles données seront disponibles.


La rédaction de TF1info

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