Tiers payant généralisé : les syndicats "hostiles" sauf pour les plus démunis

Publié le 18 février 2014 à 15h50
Tiers payant généralisé : les syndicats "hostiles" sauf pour les plus démunis

SANTE - Le ministère de la Santé a annoncé mardi qu'il mettrait en place dès le printemps les esquisses d'un tiers payant pour les revenus modestes, et cet été pour tous les Français. Si la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) est favorable à la première mesure, elle s'oppose néanmoins à sa généralisation à l'ensemble de la population.

Voter un texte de loi ne signifie pas que, dans les faits, il soit appliqué. Pour preuve, le décret sur  le tiers payant pour les personnes bénéficiaires de l'Aide pour une Complémentaire Santé (ACS) , voulu en 2010 par la ministre de la Santé de l'époque, Roselyne Bachelot, qui n'est quasiment pas connu, et donc très peu appliqué par les professionnels de santé. Cette disposition concerne près d'un million de personnes en France, gagnant au maximum 35 % de plus que le seuil d'accès à la CMU complémentaire (CMU-C). 

Dans un communiqué publié ce mardi, le ministère de la Santé a annoncé que "des premières décisions seront annoncées dès le printemps pour permettre une mise en place effective rapide du tiers payant pour les bénéficiaires de l'ACS" d'ici la fin de l'année. Ce dispositif devrait même être élargi à tous les Français, peut-on également lire dans ce communiqué, qui s'appuie sur un rapport rendu précédemment par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) . Ainsi, plus aucun Français n'aurait à avancer le prix d'une consultation médicale d'ici à 2017 .

Les syndicats favorables à "un paiement à débit différé"

Du côté de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) , principal représentant de la profession, la nouvelle fait réagir. "Autant nous sommes d'accord pour mettre en place le tiers payant pour les bénéficiaires de l'ACS le plus rapidement possible, pour peu que ce soit simple", explique à metronews son président, le docteur Michel Chassang. "C'est faisable techniquement, et c'est justifié", poursuit-il. En revanche, concernant la généralisation du système, c'est une levée de boucliers à laquelle risquent de se confronter les autorités sanitaires : "Là, c'est une autre paire de manches, tranche le docteur Chanssang. Nous y sommes hostiles d'une part sur le plan philosophique et d'autre part sur le plan technique", notamment sur le plan de la gestion administrative d'un tel dispositif, qui pourrait se faire au détriment de la qualité des soins. 

Le praticien pointe aussi du doigt le danger inflationniste d'une telle mesure, allant ainsi contre l'avis des économistes : "Les cabinets vont se retrouver surchargés, car tout ce qui est gratuit est bien sûr utilisé plus facilement", affirme-t-il. Plutôt que de généraliser le tiers payant à l'ensemble des Français, la CMSF préconise plutôt la mise en place d'un "paiement par carte bancaire assorti d'un dispositif de débit différé santé", précise le docteur Chassang. Les médecins n'auraient donc pas à avancer de frais et les patients auraient le temps d'être remboursés par la sécurité sociale avant le débit. Ce que réclame donc le syndicat, ce n'est pas l'abandon total d'une mesure qu'elle juge "légitime" pour les revenus modestes, mais avant tout, de la "simplicité". 


La rédaction de TF1info

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