RETOUR AU COFFRE - Neuf ans après un troisième épisode mémorable, Woody et Buzz l'éclair reprennent du service dans "Toy Story 4", en salles ce mercredi, avec cette particularité : les enfants des années 90 qui ont grandi avec le premier volet sont aujourd'hui des adultes, parfois même des parents.
Woody le cowboy, Buzz l'Eclair et leurs amis ont bien failli rester sous une épaisse couche de poussière. Les studios Pixar pensaient avoir tourné la page de "Toy Story" en bouclant la trilogie en 2010. Mais comme cela arrive parfois aux enfants qui ne veulent pas grandir, ils ont ressorti les vieux jouets du placard pour leur redonner une nouvelle vie dans un quatrième et dernier épisode. Neuf ans plus tard, Toy Story 4 reprend l'histoire là où le troisième épisode l'avait laissée. Et la saga de draguer un nouveau public. Mais chez les plus vieux, les jeunes adultes ayant grandi avec la saga, la nostalgie du jouet prend tout son sens...
Vous avez d'ailleurs été nombreux à répondre à notre appel à témoins sur le rapport aux jouets de l'enfance, beaucoup s'en disant nostalgiques, à l'instar de Lindsay : "Quand je repense à mes Barbies, je replonge dans le passé. Mes parents m'avaient offert une super maison pleine de meubles. Malheureusement, je m'en suis séparé à un âge dit ingrat. Et aujourd'hui je regrette, d'autant qu'il m'est impossible de retrouver la même chose pour ma fille malgré mes recherches." D'autres encore se souviennent avec tendresse de leur voiture K2000, de leur Kiki ou de leur figurine G.I. Joe.
Rien de plus normal que d'éprouver de tels sentiments. Selon le pédopsychiatre Stéphane Clerget, auteur de "Soigner les enfants hyperactifs sans médicament" (Fayard), "plus de trois individus sur quatre se souviennent d’un jouet, pas forcément le premier, ayant marqué leur enfance. Ce qui est associé au jouet, c’est une période de la vie que l’on ne retrouvera pas, de plus en plus chérie comme le vert paradis de l’enfance. Soit le reflet de moments que l’on a un peu oubliés, dont il ne reste pas beaucoup de traces mnésiques, si ce n’est le plaisir que l’on éprouvait alors. Les premiers jouets sont à la fois des machines à voyager dans le temps et des mémoires émotionnelles. L’enthousiasme que l’on avait face à ce jouet était unique. A tel point qu'avoir une première voiture ou un premier scooter ne possède pas la même intensité." D'où la volonté pour certains de garder ces jouets comme des doudous. Parfois même comme objet de transmission de parent à enfant.
Une nostalgie qui commence très tôt
Florence, 31 ans, se souvient d'un chien-jouet qui a marqué sa génération, et qu'elle regrette de ne plus avoir en sa possession : "J’ai harcelé mes parents pendant trois ans pour avoir un chien. Noël arrive, je suis persuadée que je vais obtenir gain de cause. J’ouvre la plus grosse boîte : la déception. Dedans, point de bête canine mais un 'trotti trotta', une sorte de chien blanc fonctionnant à pile. Un an plus tard, j'obtiens un vrai chien et j'abandonne le faux, mais je le regrette car j'aurais adoré le donner à ma fille. Du coup, aujourd'hui, il m'arrive de fouiller sur le BonCoin pour retrouver le trotti-trotta !". Comme quoi, on reste à jamais prisonniers de ses premiers jouets.
Ce jouet que l'on garde une fois adulte devient plus un lien que l’on maintient, qui nous aide à communiquer et qui répond à la curiosité de son enfant.
Stéphane Clerget, pédopsychiatre
"Garder ses jouets d'enfance, c’est bien sûr pour garder une part de l’enfance en soi, mais aussi pour transmettre un objet de son enfance à son propre enfant", constate le pédopsychiatre. "Cela étant, on en revient vite car l'enfant est souvent déçu et n’a pas envie de jouer avec. Ce jouet devient plus un lien que l’on maintient avec lui, qui nous aide à communiquer et qui répond à sa curiosité de savoir comment étaient sa mère ou son père lorsqu'elle ou il était enfant. Mais le plus souvent, la transmission marche davantage avec les dessins animés dont les enfants sont friands : si certains jouets comme les Lego ou les Barbies ont traversé les années, les enfants restent quand même plus fascinés par les jouets contemporains". Dans le cas de la saga Toy Story, ça tombe bien : elle allie films d'animation et jouets achetables dans le commerce. Soit la parfaite mise en abyme.
Néanmoins, assure le pédopsychiatre, il n'est pas nécessaire d'attendre l'âge adulte pour devenir nostalgique de ses jouets : "Prenez un enfant de six ans et ceux avec lesquels il jouait tout petit. A quatre ans, il ne veut pas en entendre parler car ce sont, selon lui, des jouets de bébé. Mais quand il grandit, vers l’âge de six ans, il sait qu’il n’est plus un bébé. Il a donc moins peur de s’émouvoir et de jouer dix minutes avec eux." Et si aucune nostalgie des jouets ne se crée, à 7 ans comme à 77 ans ? "Cette absence d'attachement concerne des enfants qui n’étaient pas forcément dans le jeu avec des objets, qui étaient plus dans le plaisir de courir, grimper, ou alors qui ont passé trop de temps devant des écrans et qui sont moins dans l’élaboration imaginative, dans l’action. Ils ne vont pas déléguer leur imaginaire, ce sont les seuls acteurs de leur jeu."
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