Covid, bronchiolite, grippe : une triple épidémie inédite

Le traitement contre la bronchiolite déjà indisponible, le flou s'installe à l'approche de l'hiver

Publié le 3 octobre 2023 à 18h34

Source : JT 20h WE

La livraison de Beyfortus, le traitement préventif contre la bronchiolite, a été interrompue vendredi dans les officines de l'Hexagone.
Quelques jours plus tôt, sa distribution avait déjà été en partie restreinte pour les familles "dans un souci de bonne gestion des stocks".
Face à ces revirements successifs, parents et pharmaciens se disent "un peu perdus".

Deux semaines. C'est la durée pendant laquelle les pharmacies auront pu délivrer sur ordonnance le Beyfortus, le traitement préventif contre la bronchiolite des nourrissons, avant la suspension de sa distribution en ville. En raison d'un engouement mal anticipé, les autorités sanitaires ont en effet annoncé ce vendredi 29 septembre interrompre "jusqu'à nouvel ordre" sa livraison dans toutes les officines de l'Hexagone. Trois jours plus tôt, le 26 septembre, l'accès a déjà été en partie restreint pour les familles, lorsque le ministère de la Santé a annoncé réserver aux maternités la version 50 mg du traitement, destinée aux bébés de moins de cinq kilogrammes. Si les parents étaient dès lors censés pouvoir continuer à commander la version 100 mg, qui s'adresse aux bébés d'un poids supérieur, cela n'est également plus possible désormais.

"Les pharmaciens n'ont pas vraiment compris ces changements de cap et la façon de procéder", réagit Bruno Maleine, président des titulaires d'Officine du Conseil de l'ordre des pharmaciens, regrettant "un manque de visibilité sur la stratégie adoptée".

"Est-ce qu'il y aura un rattrapage en maternité pour les bébés déjà sortis ?"

"Les pharmaciens sont un peu mal à l'aise vis-à-vis des patients auprès desquels ils se sont engagés", poursuit ce dernier, lui-même à la tête d'une officine à Villiers-sur-Marne dans le Val-de-Marne. "Ce qui nous a mis en difficulté, c'est de leur avoir promis puis de leur annoncer un délai supérieur pour finalement leur dire : nous ne serons finalement pas en mesure de vous le délivrer", récapitule-t-il.  Et de préciser : "Certains patients nous appellent pour nous dire qu'on les a oubliés, on leur explique ce qu'il en est et on les oriente vers leur pédiatre ou la maternité où est né le bébé".

Concrètement, les commandes passées par les officines jusqu’au lundi 25 septembre inclus pourront être honorées et livrées dans les prochains jours. "Pour la suite, parents et pharmaciens sont dans le flou", explique Bruno Maleine soulignant que "la

grande interrogation concerne les bébés qui sont déjà sortis de la maternité". Et de questionner : "on ne sait pas quelle sera la procédure, est-ce qu'il y aura un rattrapage en maternité pour les bébés qui en sont déjà sortis ?"

"Je n'ai jamais senti la moindre réticence"

Chez les parents, l'arrivée du Beyfortus a suscité de grands espoirs après une épidémie 2022-2023 d'une ampleur sans précédent depuis plus de dix ans. "Je n'ai jamais senti la moindre réticence ce qui est assez rare en matière de vaccination", confirme le représentant du Conseil de l'ordre des pharmaciens, avant de partager son analyse sur les raisons de cet engouement. "Ce traitement ne pose pas de question parce que la bronchiolite, c'est bien connu des parents et ses symptômes aussi. Chaque hiver, on entend parler de pic épidémique, d'urgences saturées, on sait que ça entraine une détresse respiratoire et potentiellement une hospitalisation".

Alors que les parents vont désormais devoir s'armer de patience pour se voir délivrer le sérum, Bruno Maleine dit les sentir "un peu perdus".

Pour rappel, la première campagne d'immunisation contre la bronchiolite a démarré le 15 septembre dernier. Les responsables de santé publique ont à l'époque anticipé un taux d'adhésion d'environ un tiers chez les parents mais le ministre a fait état cette semaine d'un taux d’utilisation de 60 à 80% en maternité depuis le début de la campagne. Au total, 200.000 doses ont été prévues par les autorités, les pharmacies en avaient déjà commandé "plus de 40.000 doses de 100 mg" (dédiés aux bébés de plus de 5 kg) fin septembre, selon la DGS. Les 160.000 doses restantes sont destinées aux maternités. 

Face à l'engouement des parents pour cette injection qui protège toute la saison, le ministère a dû revoir cette semaine l'organisation de la campagne, en réservant le plus faible dosage (50 mg) aux nouveaux nés en maternité avant leur sortie et aux nourrissons de moins d’un mois hospitalisés.  "Le prochain réapprovisionnement de la France est avancé à la semaine du 2 octobre avec 69.000 doses pour une livraison" aux seuls établissements de santé, de 4 à 6 jours plus tard, indique à l'AFP la DGS. Quant aux officines de ville, il faudra patienter puisque la livraison de doses complémentaires est prévue seulement début novembre.


Audrey LE GUELLEC

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