Triple épidémie : avec la grève des médecins, les temps d'attente pour obtenir un rendez-vous s'allongent

Publié le 29 décembre 2022 à 17h19

Source : JT 20h WE

Dans les salles d'attente, les temps pour obtenir un rendez-vous médical s'allongent.
La faute à un contexte sanitaire tendu lié à une triple épidémie de grippe, de covid et de bronchiolite.
La grève des médecins généralistes et les vacances de fin d'année n'arrangent pas la situation.

Face à un contexte sanitaire tendu, obtenir un rendez-vous médical semble être devenu un parcours du combattant. Sur les plateformes de réservation et quelle que soit la ville, peu de médecins généralistes offrent des possibilités de consultation avant le 2 janvier alors que d'autres services de santé, comme les urgences ou le Samu, sont sursollicités.

Des urgences et le 15, sursollicités

Dans un communiqué publié le 23 décembre, la directrice générale de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France, Amélie Verdier, a fait état d'une situation "extrêmement tendue" dans la région. Selon elle, le "volume d'appels au 15 connaît des pics à plus de 20.000 appels par jour, soit plus du tiers au-dessus du début du mois", tandis que le nombre de passages aux urgences est aussi en augmentation. "Un tiers de passages en plus qu'à la même période l'année dernière par endroits", d'après la responsable.

Une situation qui touche toute la France. L'organisation Samu-Urgences de France note une "ascension vertigineuse" de l'activité des centres 15, avec, du 12 au 23 décembre, 20% d'appels de plus par semaine, puis 55% la semaine suivante par rapport à la même période en 2021. Il faut dire que cette semaine est qualifiée de "pire période que nous ayons connu depuis mars 2020 et la première vague Covid".

Ce n'est pas le rôle des urgences de faire de la médecine générale
Frédéric Adnet, directeur médical du SAMU de la Seine-Saint-Denis

"Au Samu, on a un nombre significatif d'appels, comme dans toute épidémie. Se surajoutent évidemment la grève des généralistes et le fait qu'on soit en vacances", explique le professeur Frédéric Adnet, directeur médical du SAMU de la Seine-Saint-Denis. Concernant la régulation de "maladies bénignes", ce sont 1200 patients par jour qui sont traités par le service contre 700 hors période de crise. "C'est vraiment une augmentation très importante", estime le professeur, qui ne peut cependant pas déterminer si cette hausse est essentiellement provoquée par la grève des médecins libéraux. "Dans certains cas, les patients nous disent 'je n'arrive pas à joindre mon médecin, donc je vous appelle'", reconnaît le directeur. 

De même, les patients qui se rendent aux urgences sont en augmentation, de l'ordre de 60% en moyenne aux Urgences du CHU d'Avicenne à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, dont s'occupe également le professeur Frédéric Adnet. Et parmi ces patients, certains viennent pour une simple consultation. "Je ne peux pas les blâmer, mais ce n'est pas le rôle des urgences de faire de la médecine générale", juge le responsable.

Au moins deux heures d'attente aux urgences

"Les gens sont perdus", justifie-t-il encore, ce que constatent aussi les pharmaciens. Car faute de médecins, ce sont vers ces professionnels que certains patients se tournent en cas de pathologie. "On a beaucoup de monde qui vient dans les pharmacies ou qui sollicitent les maisons médicales de garde le soir", constate ainsi Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France. Lui-même pharmacien à Limoux, dans l'Aude, et de garde de 20h à minuit, ce sont près de 25 personnes qu'il voit défiler chaque soir. "Les gens cherchent partout des solutions dans la journée, ils n'en trouvent pas, donc ils vont le soir à la maison médicale", décrit Philippe Besset.

"Chaque fois, c'est pareil, ce sont les urgences de l'hôpital et les pharmacies qui sont mobilisées parce que ce sont les lieux qui sont ouverts au public, les gens viennent s'y réfugier", explique encore le pharmacien. Mais cette sursollicitation n'est pas sans conséquence, notamment pour le personnel hospitalier, déjà à bout. "12 heures d'attente minimum", indiquait effectivement une feuille de papier datée du 27 décembre 2022 et accrochée aux Urgences du CHU d'Avicenne, selon le Collectif inter-hôpitaux qui a relayé la photo de l'affiche sur les réseaux sociaux

Si la pancarte ne refléterait pas la réalité, selon le responsable du service, Frédéric Adnet, le temps d'attente est malgré tout estimé à plus de deux heures "pour les patients qui viennent pour des grippes ou des pathologies pas graves". Selon lui, l'affiche a été accrochée par un soignant "qui a disjoncté parce qu'il en avait marre de voir des gens venir aux urgences pour une simple grippe" et traduirait surtout le mal-être d'un personnel soignant à bout. Le 15 décembre dernier, une affiche similaire indiquait "10 heures d'attente", à l'hôpital de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Un temps d'attente là encore démenti par la direction.


Aurélie LOEK

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