Confinement : "Le pari du président de la République semble tenir", estime le Pr David Khayat

Publié le 8 février 2021 à 10h51

Source : TF1 Info

CRISE SANITAIRE - Invité de la matinale de LCI, l'ancien chef du service cancérologie de la Pitié-Salpêtrière approuve la décision du gouvernement de ne pas mettre le pays sous cloche, d'autant que certains "indicateurs nous laissent penser que nous pourrons peut-être éviter un troisième confinement".

Du répit qui fait débat. En choisissant de ne pas remettre totalement le pays sous cloche fin janvier, le gouvernement est allé à contre-courant de nombreux médecins, qui plaidaient pour un reconfinement immédiat, notamment à cause de la progression des variants. Cet avis n'est cependant pas partagé par l'ensemble de la communauté médicale. Ne pas (encore) reconfiner le pays "me paraît être une bonne chose", estime le Pr David Khayat, ex-chef du service cancérologie de la Pitié-Salpêtrière (Paris), invité de Jean-Michel Aphatie ce lundi sur LCI (voir vidéo en tête de cet article).

"Un troisième confinement réglerait en partie le problème de la crise sanitaire, mais pas celui de la crise sociale et humanitaire, avec la précarité qui se développe en France", justifie l'auteur du livre Arrêtez de vous priver !. S'il admet qu'"une pression se développe dans les hôpitaux" dont il se dit solidaire, le Pr David Khayat assure que "le pari fait par le gouvernement et le président de la République semble tenir".

"Les virus de l'automne prochain vont nous poser de graves problèmes"

Pour justifier sa position, l'oncologue se base sur plusieurs indicateurs. D'abord, les nouvelles contaminations comme les hospitalisations "ne montent pratiquement pas, nous ne sommes pas dans une vague mais sur un plateau élevé". En outre, "dans les eaux usées de la ville de Paris, la présence du virus tend à diminuer", relève le Pr Khayat. "Nous avons donc des indicateurs qui nous permettent d'avoir un peu d'optimisme et de penser que nous pourrons peut-être retarder ou éviter ce troisième confinement."

Toutefois, la propagation de différentes souches du virus l'inquiète. "Le vrai problème, ce sont les variants", concède le spécialiste. "Durant l'hiver austral, l'été pour nous, le virus va beaucoup circuler dans les pays du Sud, là où il y a très peu de vaccination donc très peu de protection", poursuit-il. "En tant qu'immunologiste, j'aurai vraiment très peur lorsque le virus va revenir chez nous", car des mutations ne sont pas à exclure. "Plus le virus circule, plus il se multiplie, plus il se reproduit, et plus il commet des erreurs dans la fabrication de son patrimoine génétique, et des variants apparaissent", justifie David Khayat. "Il va encore y en avoir. [...] Les virus qui seront là à l'automne prochain vont réellement nous poser de graves problèmes épidémiologiques."

Pour y répondre, les vaccins auront forcément leur importance, même si leur efficacité se retrouve affectée par les variants. Ainsi, l'Afrique du Sud vient de suspendre sa campagne de vaccination, car le remède développé par AstraZeneca n'a qu'une efficacité "limitée" face à la souche sud-africaine. "J'ai l'impression qu'il y a vraiment trois niveaux" de vaccins, réagit le Pr Khayat. "À l'évidence, les vaccins à ARN, comme Moderna ou Pfizer, sont très efficaces et maintiennent leur efficacité sur le variant anglais et assez bien sur le sud-africain. Ensuite, il y a les vaccins un peu moyens, comme AstraZeneca : il n'est pas très efficace chez les personnes de plus de 65 ans ni sur le variant sud-africain. Enfin, il y a les échecs complets, comme Sanofi", dont le projet ne devrait pas aboutir avant fin 2021, au plus tôt.


Idèr NABILI

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