Décès après la prise de NBOMe : quelle est cette nouvelle drogue qui arrive en France ?

par Julie BERNICHAN
Publié le 13 juin 2017 à 15h47
Décès après la prise de NBOMe : quelle est cette nouvelle drogue qui arrive en France ?

OVERDOSE - Une jeune femme est décédée à l’hôpital Lariboisière à Paris après avoir pris un produit à base de NBOMe, une drogue hallucinogène très puissante. Alors que les hôpitaux recensent de plus en plus de cas, LCI fait le point sur ce nouveau produit de synthèse.

Elle pensait consommer de la cocaïne mais le produit qu’elle a ingéré serait en fait à base de NBOMe, un puissant hallucinogène. Cette prise lui aura été fatale. Le Journal du Dimanche révèle qu’une Britannique de 30 ans est décédée suite à une overdose dans la nuit du 29 au 30 avril, dans le XXe arrondissement de Paris. C’est le deuxième décès imputé à cette substance recensé sur le sol français. En 2013, le réseau d’addictovigilance a déjà rapporté un cas de décès "indirect", un accident sur la voie publique, "impliquant le 25C-NBOMe" dans son enquête intitulée DRAMES (Décès en Relation avec l’Abus de Médicaments et de Substances). 

Lire aussi

Une drogue, différents aspects

Cette substance fait partie des nouvelles substances psychoactives de synthèse (NPS), principalement de type phénéthylamine. "Qu’ils soient présentés comme du LSD ou comme alternative légale au LSD, les NBOMe sont consommés pour leur propriété hallucinogène", explique un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ces nouvelles drogues peuvent se présenter sous différents aspects et se prendre par voie orale, nasale ou encore injectable. En tout, les autorités européennes ont identifié une vingtaine de produits conçus à partir de NBOMe qui s’achètent sur des sites internet, à des prix défiant toute concurrence. 

Plan contre les drogues : une consultation jeune consommateur crééeSource : JT 20h Semaine
Cette vidéo n'est plus disponible

Des hallucinations au décès

La toxicité et le risque de dépendance sont difficiles à évaluer, faute d’études scientifiques, mais "les données issues des cas publiés dans la littérature suggèrent que leur toxicité est plus élevée que celle de la mescaline ou du LSD", souligne l’ANSM. Une chose est sûre : plusieurs décès à travers le monde sont liés à la substance. Entre 2012 et mi-2015, 45 décès ont été rapportés dans les médias du monde entier et 7 ont fait l’objet d’un article publié dans la littérature médicale. Défaillance multi-viscérale par syndrome sérotoninergique, insuffisance rénale aiguë, coagulation intravasculaire disséminée, bruxisme, œdème cérébral, complications neurologiques, arrêt cardio-vasculaire…, interrogé par le JDD, le Dr Yves Edel dresse une liste des nombreuses complications possibles après la prise de cette drogue.   

Lire aussi

Une substance classée sur la liste des stupéfiants

Selon l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), le 25I-NBOMe a été identifié en France en 2012 mais ce n’est qu’en 2016 que la substance a été classée sur les listes de stupéfiants. L’usage de ce type de drogue semble moins répandu par rapport à d’autres mais comme elle est plus difficile à détecter, son exposition pourrait être sous-estimée. "Leur identification nécessite des techniques de chromatographiques avec une sensibilité élevée en raison de concentrations sanguines ou urinaires faibles : de l’ordre du ng/mL voire inférieures", précise un rapport du Comité technique des Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance relayé par Europe1

Top 5 des méthodes pour transporter de la drogue (discrètement)Source : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Une drogue qui se répand dans le milieu festif

Les consommateurs de NSP sont toujours plus nombreux à se présenter à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, rapporte le JDD, au point de représenter près de 6% de l’activité de l’Elsa, le service d’addictologie. Ainsi, quatre cas d’intoxication aigüe aux NSP ont déjà été traités depuis le début de l’année, des jeunes "gens diplômés et urbains qui fréquentent le milieu festif, et déjà usagers de drogues dites classiques", estime le Dr Yves Egel, coordinateur de l’Elsa. Grâce aux services d’urgence, "les trois quarts ont pu être récupérés".


Julie BERNICHAN

Tout
TF1 Info