ETUDE – Insémination artificielle, fécondation in vitro (FIV)... En France, un enfant sur trente est conçu grâce à l'assistance médicale à la procréation (AMP/PMA), selon les derniers chiffres de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiés ce lundi 4 juin.
Le débat sur l’extension des techniques de PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes seules fait rage en France. Les Etats généraux de la bioéthique doivent aider le gouvernement à rédiger un projet de loi sur ce sujet, attendu au Parlement à l'automne. En attendant, l'Institut national d'études démographiques apporte ce lundi 4 juin de nouveaux éléments, pour le moins étonnants.
"En France, en 2018, 1 enfant sur 30 (3,4 %) devrait être conçu grâce à une technique d'AMP, qu'il s'agisse d'une fécondation in vitro (FIV) ou d'une insémination artificielle", écrit Élise de La Rochebrochard, de l’Ined, dans le numéro mensuel de "Population & Sociétés". L'AMP, Assistance médicale à la procréation, est le nom employé par l'Agence de biomédecine en charge de contrôler les dossiers des personnes voulant accéder à ces méthodes. Plus communément appelée PMA (Procréation médicalement assistée), elle a pour but de permettre à un couple qui ne le peut pas d'avoir un enfant, au moyen de différentes techniques médicales.
70% de fécondations in vitro
Parmi ces techniques, la FIV est largement majoritaire et représente "70 % des enfants conçus" par AMP. "Cette technique permet (…) la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde hors du corps de la femme, dans 'l’éprouvette' du biologiste", explique la chercheuse. L'œuf est ensuite transféré dans l'utérus de la femme. Le premier enfant né de cette technique fêtera ses 40 ans le 25 juillet prochain. Ce premier "bébé éprouvette" est une Britannique : Louise Brown. En France, il a fallu attendre le 24 février 1982 et la naissance d'Amandine.
Depuis, leur nombre n'a cessé de croître d'année en année. "La proportion d’enfants conçus par FIV progresse de +0,5 % tous les 7 à 8 ans", détaille ainsi l'étude. "Si la tendance se poursuit au rythme observé depuis 30 ans, la France devrait arriver d’ici la fin 2019 à un total de 400 000 enfants conçus par FIV."
De grandes inégalités dans le dons de gamètes au sein de l'UE
Autre donnée dévoilée par l'Ined : "5 % seulement des enfants conçus par AMP le sont avec tiers donneur". "Dans l’imaginaire collectif, l’AMP est souvent associée à l’idée du recours à un tiers pour avoir un enfant, que ce soit via un don de spermatozoïdes, d’ovules, d’embryons, ou en faisant appel à une gestatrice pour autrui (GPA)", alors qu'en réalité la quasi-totalité des enfants conçus par AMP le sont avec les gamètes des deux parents.
Pour les 5% restants, la situation n'est pas facile. Tout d'abord, parce que la France connaît une pénurie de donneurs, toutes les demandes ne peuvent être satisfaites. Autre problème : beaucoup de personnes sont exclues de l'accès à l'AMP (femmes de plus de 43 ans, femmes seules, couples de lesbiennes demandant un don de spermatozoïdes ou encore couples d’hommes ayant besoin d’un don d’ovocytes et d’une gestatrice). Ces personnes se tournent bien souvent vers des pays européens voisins, parfois illégalement.
"Les pays de destination sont l’Espagne, mais également des pays comme la Grèce et la République tchèque, qui ne représentent chacun que 2% des naissances de l’UE" mais qui "réalisent à eux seuls 77 % de l’activité de don d’ovocytes de l’UE". Un déséquilibre flagrant qui "soulève des questions éthiques" note l'Ined : "Ces pays doivent recruter un nombre important de donneurs qui ne peut reposer sur le seul altruisme de la population locale. Les donneuses pourraient alors en partie être des jeunes femmes en situation de fragilité économique, motivées par la compensation financière de 400€ à 2000€ versée par les centres." L'Ined espère ainsi qu'une révision de la loi de bioéthique, attendue dans l'Hexagone en octobre, freinera "cette concentration de l'activité européenne d’AMP avec don de gamètes dans quelques pays."
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