Près de 20% des services d'urgences sont actuellement en crise,et l'ensemble du territoire est touché.Dans plusieurs villes comme Bordeaux ou Cherbourg-en-Cotentin, les activités sont déjà limitées, et les patients filtrés.Le manque de personnel soignant atteint aujourd'hui ses limites, selon plusieurs chefs de service, qui réclament l'aide de l'État.
Nombre de lits insuffisant, pas assez de médecins, d'infirmiers ou d'aides-soignants... Les services d'urgence en France manquent cruellement de moyens, si bien que déjà 120 services d'urgence se préparent déjà à limiter leurs activités, voire à la fermeture, selon une liste établie par l'association Samu-Urgences de France.
Avec près de 20% des établissements - privés ou publics - dotés d'un ou plusieurs services d'urgence, sont actuellement en crise. Aucun territoire n'est épargné, avec 60 départements touchés dans toutes les régions, d'après ce décompte qui n'inclut pas la Corse, les Antilles et la Guyane. Plus inquiétant encore, les petites comme les grandes villes sont concernées par ce problème. Le CHU de Bordeaux par exemple, vient de mettre en place le tri nocturne de patients pour éviter la "catastrophe".
Des entrées aux urgences validées par le Samu
Désormais, pour tenter de continuer à faire fonctionner le service malgré le manque de soignants, cet hôpital va désormais réguler les urgences, les rendant accessibles la nuit uniquement par un appel préalable au 15, le Samu. "On était dans une spirale infernale" explique le Dr Philippe Revel, chef du pôle des urgences adultes de l'Hôpital Pellegrin, et directeur du Samu.
Depuis mercredi 18 mai, les entrées sont également filtrées : de 17h à 22h en semaine, et jusqu'à minuit le week-end, les secouristes accueillent les patients se présentant d'eux même, sans être passé au préalable par le Samu. À chaque arrivée, ils évaluent la présence d'une urgence vitale puis joignent un médecin régulateur Samu Centre 15 qui décide de son entrée ou non dans le service. Le cas échéant, le patient est réorienté vers son généraliste ou SOS Médecins.
Avec ce fonctionnement, le service a enregistré un quart des patients en moins les deux premières nuits. Un soulagement pour les équipes sur place, qui espèrent ainsi "maintenir un service stabilisé durant l'été", explique le chef de service. Le service bordelais semblait en effet "[courir] à la catastrophe", observe Dr Philippe Revel. "Entre 40 et 50%" des médecins urgentistes manquent à l'appel, "deux médecins [sont] présents la nuit au lieu de trois" et "la moitié des lits fermés faute de personnel paramédical", déplore-t-il.
Une situation "très tendue" en Île-de-France, surtout en Seine-Saint-Denis
Face aux mêmes difficultés, plusieurs hôpitaux du Cotentin (Normandie), de Jonzac (Charente-Maritime), Sarlat (Dordogne), Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), Marmande (Lot-et-Garonne) ou Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) ont déjà adopté un système similaire ou limité le nombre de jours d'ouverture des urgences, selon l'Agence Régionale de Santé.
Et ce modèle pourrait perdurer, car de plus en plus de médecins et de chefs de service d'urgence en France militent pour la généralisation du dispositif. Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, également maire LR de La Garenne-Colombes, et Mathias Wargon, chef des urgences de l'hôpital de Saint-Denis, multiplient ces derniers jours les interventions publiques à renfort d'interviews ou de tweets pour demander un véritable système de filtrage.
Puisque les urgences sont en péril sur l'ensemble du territoire, dans les grandes métropoles, et plus particulièrement en Île-de-France, la section locale de l'Agence régionale de santé se prépare déjà à vivre un été sous tension. "On pense que la situation va être tendue à très tendue", indique Amélie Verdier, directrice générale de l'ARS Île-de-France.
Dans la région, l'organisation table sur une "capacité d'offre de soins comparable à l'été dernier, c'est-à-dire difficile, mais pas pire" selon elle, à deux exceptions près : d'abord en Seine-Saint-Denis, département notoirement démuni, les tensions sont fortement appréhendées, et enfin l'ensemble des maternités, actuellement confrontées à de grandes difficultés.
Pour répondre au problème des postes vacants, l'ARS mise sur le "renfort de personnels externes, du type étudiants en dernière année" et sur la trentaine de "filières gériatriques" existantes qui évitent les passages aux urgences de personnes âgées.
"Il va y avoir des morts"
Au micro de France Inter ce samedi 21 mai, le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, évoque les problématiques de l'hôpital comme des dossiers "urgentissimes". Le manque de personnels - davantage expliqué par des soucis de désertion, de pénurie de recrutement et de burn-out, que par l'éviction des soignants non-vaccinés - participe fortement aux dysfonctionnements observés actuellement.
Les urgences sont au bord du précipice, selon le représentant des urgentistes, qui ajoute : "On ne peut plus le faire, on n'y arrive plus, il va y avoir des morts, c'est évident, je ne cherche pas à faire peur". Brigitte Bourguignon, la nouvelle ministre de la Santé qui veut faire de "l'accès aux soins pour tous" une priorité de son mandat, est attendue au tournant sur ce sujet brûlant.
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