Covid-19 : le défi de la vaccination

AstraZeneca : les primo-vaccinés de moins de 55 ans auront une deuxième dose de vaccin Pfizer ou Moderna

A.P
Publié le 9 avril 2021 à 8h30, mis à jour le 9 avril 2021 à 11h48
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Source : JT 20h Semaine

CRISE SANITAIRE - La Haute Autorité de Santé a recommandé ce vendredi d'orienter les individus de moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose d'AstraZeneca vers un autre vaccin à ARN messager en deuxième injection. En l'occurrence, le Pfizer ou Moderna. Plus de 500.000 Français sont concernés.

La Haute autorité de santé a résolu le casse-tête : il n'y aura pas de deuxième injection d'AstraZeneca pour les individus de moins de 55 ans. Ce vendredi, l'institution française a recommandé à ces personnes en dessous de la limite d'âge de recevoir un vaccin ARN pour leur seconde dose, à savoir Pfizer ou Moderna. Suspendu puis réautorisé, le vaccin du laboratoire suédo-britannique est réservé aux plus âgés depuis la mi-mars avant d'avoir été initialement préconisé chez les plus jeunes. 

Cela concerne 533.000 personnes en France, selon la HAS. Elle avait suspendu le vaccin AstraZeneca pour les moins de 55 ans le 19 mars, en raison de rares cas de thromboses (caillots sanguins) repérés en Europe. Mais auparavant, certaines personnes, notamment des soignants, avaient reçu une première dose de ce vaccin injecté depuis le début février. "Pour ces personnes, nous recommandons aujourd'hui d'administrer un vaccin à ARN messager" pour la deuxième dose avec un intervalle de 12 semaines entre les deux, a indiqué la présidente de la HAS Dominique Le Guludec, lors d'une visioconférence.

"On ne reprend pas à zéro"

Le choix de la HAS intervient après l'avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA) qui a établi mercredi que les caillots sanguins devraient être répertoriés comme effet secondaire "très rare" du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, tout en estimant que les bénéfices l'emportent sur les risques. L'institution a indiqué que les cas rares de thrombose pourraient être causés par une réponse immunitaire. Pas de panique, mais de la vigilance. D'autant plus que la plupart des cas de caillots sanguins ont été observés chez des femmes de moins de 60 ans, poussant certains pays à déconseiller l'usage du vaccin pour les plus jeunes. 

"Il paraît a priori logique, avec les informations dont on dispose aujourd'hui, qu'elles reçoivent une seconde dose d'un autre vaccin", avait déjà laissé entendre jeudi sur LCI Alain Fischer,  président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale. "On ne reprend pas à zéro, ces personnes bénéficient pour le moment des anticorps de l'AstraZeneca et on fera juste une dose", a poursuivi  le professeur. 

Une réponse immunitaire plus importante

Pour rappel, ces thromboses ont été signalées chez 86 personnes sur les 25 millions d'Européens et de Britanniques vaccinés - soit un risque de 0,000003 %, bien inférieur aux 5% de thromboses provoquées par le virus lui-même. Si le régulateur européen n'a pas été en mesure d'identifier de groupe à risque, "il n'était pas envisageable de faire une deuxième dose du vaccin" chez les personnes de moins de 55 ans, a expliqué jeudi sur Franceinfo, Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor à Créteil et expert à la Haute Autorité de santé.

Parmi les 2,6 millions de Français vaccinés avec AstraZeneca, seuls 771 ont déjà reçu la seconde dose nécessaire à une protection complète. Ce n'est pas étonnant, puisqu'il faut attendre entre neuf et douze semaines entre les deux injections. Or, une seule dose ne protège pas. Une seule solution pour se sortir d'un tel casse-tête : opter pour mixer l'AstraZeneca avec un autre vaccin à ARN messager. 

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Selon Jean-Daniel Lelièvre, les techniques entre les vaccins ARN et le vaccin AstraZeneca "ne sont pas complètement différentes". Les deux injections produisent la même protéine "contre laquelle on veut diriger la réponse immunitaire pour être protégé contre l'infection par le virus SARS-CoV2", indique l'expert toujours au micro de Franceinfo. Bonne nouvelle pour les personnes concernées : recevoir deux injections de vaccins différents, appelé "schéma vaccinal mixte", apporterait une réponse immunitaire plus forte que lorsqu'on utilise deux fois le même sérum.

Aucune étude de grande ampleur réalisée pour l'heure

"C'est un "schéma très intéressant car il apporte un certain nombre d'avantages en termes de type de réponse immunitaire, de durée de réponse immunitaire", a confirmé ce vendredi le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS. "Il n'y a aucune raison de craindre des effets secondaires particuliers. La seule chose qu'il faut s'assurer est qu'il y ait une bonne réponse immunitaire, ça devrait être le cas", a-t-elle poursuivi, précisant que c'est donc le "niveau d'efficacité" qui doit être mieux cerné dans des études plus larges, selon elle. Aucune étude de grande ampleur n'a été réalisée chez l'humain pour ce type de schéma vaccinal, a noté la HAS.

Depuis le début des années 2000, les études ont été "essentiellement effectuées chez l'animal ou dans des essais de phase 1 et 2 chez l'homme", et pas dans des essais de grande ampleur (dits de phase 3), relève la HAS dans son avis. Les études en question portent "sur un certain nombre de vaccins en cours de développement hors Covid", a expliqué la Pr Bouvet, en citant des recherches sur des vaccins contre le virus VIH du sida, la grippe ou l'hépatite B. A noter que le ministre de la Santé Olivier Véran, âgé de 41 ans, fait lui-même partie des gens qui recevront une 2e dose de Pfizer ou Moderna après une première d'AstraZeneca: ce vaccin lui avait été injecté le 8 février en sa qualité de neurologue de formation.


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