L'info passée au crible

AstraZeneca : non, la vaccination n'a pas été suspendue après la mort d'une infirmière en Autriche

Publié le 10 mars 2021 à 21h44
AstraZeneca : non, la vaccination n'a pas été suspendue après la mort d'une infirmière en Autriche

Source : JUSTIN TALLIS / AFP

EFFETS SECONDAIRES – L'Autriche n'a pas suspendu les injections du vaccin produit par AstraZeneca après la mort d'une infirmière, contrairement à ce qu'affirment de nombreux internautes depuis lundi.

C'est un "scoop" aux yeux de cette fervente opposante à la vaccination. Sur les réseaux sociaux, une ancienne chercheuse de l'Inserm, dont l'institut s'est désolidarisé, a assuré ce lundi 8 mars que l'Autriche "suspend le vaccin OGM d'AstraZeneca". Selon elle, une dose aurait en effet provoqué "un décès et une embolie pulmonaire", poussant les autorités sanitaires à stopper net son utilisation. Une information trompeuse et sortie de son contexte.

"Aucun lien de cause à effet" établi à ce stade

En réalité, cette information n'a rien d'un "scoop". Elle a, au contraire, été traitée par une grande partie des médias. Car elle est en partie vraie. Une femme de 49 ans est en effet décédée à Vienne samedi dernier, onze jours après avoir reçu sa première injection du vaccin AstraZeneca à l'Hôpital régional de Zwettl, en Basse-Autriche. La victime est morte des suites de "graves troubles de la coagulation", selon les précisions de l'Office fédéral pour la sécurité des soins de santé (BASG) dans un communiqué publié dès dimanche soir. 

Par ailleurs, l'une de ses collègues de 35 ans, qui avait reçu une dose du même lot, dans le même hôpital, a "développé une embolie pulmonaire". Actuellement "en voie de guérison", elle souffrait d'antécédents médicaux, d'après les informations de la presse autrichienne. Le journal NÖN ainsi que l'agence de presse APA rapportent quant à eux que les deux infirmières travaillaient dans cet établissement.

La véracité des propos d'Alexandra Henrion-Caude, figure de la sphère complotiste, s'arrête là. Non, l'Autriche n'a absolument pas suspendu la campagne de vaccination avec ce produit. Par contre, "par mesure de sécurité", les autorités ont décidé de "ne pas distribuer les stocks restants du lot" en question. Un principe de précaution qui ne prouve aucunement l'existence d'un lien entre la vaccination et le décès. Les autorités assurent par ailleurs "mener activement toutes les investigations nécessaires pour exclure définitivement tout lien". Elles attendent toutefois les résultats de l'autopsie avant de se prononcer. Effectuée par l'hôpital de Vienne, ses résultats ne devraient être disponibles que dans les prochaines semaines.

Lire aussi

Reste que cette piste est loin d'être avérée. D'une part car, comme l'ont relevé les autorités sanitaires locales, les effets secondaires qui ont causé le décès ne figurent pas parmi les "effets secondaires connus" d'AstraZeneca, "sur la base des données cliniques connues". Les réactions indésirables observées dans les essais sont plutôt de courte durée et des problèmes de coagulation sanguine n'ont pas été signalés, comme en attestent les données publiées par l'Agence européenne des médicaments. Agence qui, ce mercredi après-midi, a elle aussi indiqué qu'il n'y avait "aucune indication" que la vaccination ait entraîné le décès de l'infirmière autrichienne. 

Vaccin AstraZeneca : comment la confiance a été sapéeSource : JT 20h WE

Au-delà des tests, les "informations recueillies au niveau international auprès des personnes vaccinées" ne montrent pas non plus de tels conséquences, relève l'Office autrichien. Comprendre par là que depuis fin janvier - date à laquelle les régulateurs de l'Union européenne ont approuvé le produit - il n'y a pas eu d'autres remontées de ce type. Au contraire, dans son dernier rapport de suivi de pharmacovigilance publié le 5 mars, le régulateur français des vaccins n'a rapporté que 1994 cas d'effets indésirables sur 182.565 doses injectées. "La grande majorité de ces cas concerne des syndromes pseudo-grippaux, souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures, céphalées)", souligne l'ANSM. 

On est donc loin d'un vaccin meurtrier. Les militants anti-vaccin ont simplement utilisé un événement isolé pour surfer sur les inquiétudes de la population à propos de ce produit. 

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr


Felicia SIDERIS

Tout
TF1 Info