LABORATOIRE - La société américaine a annoncé lundi 18 mai de premiers résultats prometteurs dans sa recherche d’un vaccin contre le Covid-19. Des résultats à prendre avec précaution, qui devront être confirmés par des essais à grande échelle.
Après avoir annoncé lundi 18 mai de premiers résultats encourageants dans sa recherche d’un vaccin contre le coronavirus, le laboratoire américain Moderna a vu son action à Wall Street s’envoler de près de 20% mardi. La société de biotechnologie l’assure cependant : ses recherches se font dans l’intérêt "du bien public", et non dans l’objectif de faire de l’argent. A l’heure actuelle, le prix d’un éventuel vaccin n’a pas encore été déterminé, a fait savoir sur LCI le PDG du laboratoire. Mais Stéphane Bancel l'assure : "Ce n’est pas du tout le produit sur lequel on va maximiser les profits."
"Par contre, c’est un produit sur lequel on a besoin de récupérer nos investissements", ajoute-t-il. "Il y a eu plus de deux milliards de dollars investis sur la technologie. Le prix devra retourner au moins les capitaux investis, mais bien sûr il s’agira d’un prix qui sera raisonnable par rapport à l’attente mondiale."
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Délais de livraison
Si l’obtention d’un vaccin n’est à ce stade qu’espérée, le PDG de Moderna Therapeutics appelle d’ores-et-déjà les Etats, et notamment l’Europe, à passer commande rapidement, en raison des délais de livraison. "Il faut à peu près six à neuf mois entre le moment où on reçoit une commande et le moment où on est capable de fournir les vaccins; il faut acheter les matières premières, les machines, embaucher des collaborateurs et les former", explique-t-il. "Si des gouvernements ou des groupements de gouvernements n’achètent pas les vaccins avant leur lancement, il n’y aura pas de vaccin le jour du lancement", prévient-il, soulignant que payer par avance pour un vaccin qui ne verra peut-être jamais le jour est "une question de risque" : "Est-ce qu’on préfère attendre six mois après l’approbation d’un vaccin, avec l’impact [d’une telle attente, ndlr] sur les vies et l’impact économique sur les pays ?"
L’efficacité du vaccin de Moderna pourrait être connue à l’automne. La société a été l’une des premières au monde à commencer les essais sur humains, le 16 mars. A ce jour, seuls 12 essais cliniques ont débuté, dont une moitié en Chine, selon la London School of Hygiene & Tropical Medicine, sur une centaine de projets recensés. Le vaccin de Moderna se fonde sur une technologie appelée ARN messager, qui n'a jamais prouvé son efficacité. Elle vise à donner au corps les informations génétiques nécessaires pour déclencher préventivement la protection contre le coronavirus. Les résultats complets de l'essai de phase 1, sur 45 participants de 18 à 55 ans, ne sont pas encore connus. Mais le laboratoire, fondé il y a neuf ans, a fait part de "données intérimaires positives" chez huit personnes, avec une réponse immunitaire de la même ampleur que ce qu'on observe chez ceux qui ont été naturellement contaminés par le virus.
Les plus jeunes vaccinés plus tard
La phase 2, sur 600 personnes, a déjà reçu le feu vert de l'Agence américaine des médicaments et devrait commencer d'ici juin. La phase 3, qui se fait généralement sur des milliers de personnes, devrait débuter en juillet.
Toutefois, le problème n'est pas seulement d'identifier un vaccin efficace et sûr, il faudra ensuite fabriquer des milliards de doses, et les distribuer selon un ordre qui reste à négocier internationalement. "Aucun fabricant mondial ne peut fournir 7 milliards de vaccinations, ni Sanofi ni Moderna", a affirmé Stéphane Bancel sur LCI. "Il faudra travailler avec les différents gouvernements pour savoir qui sont les gens qui en ont le plus besoin". Citant en exemple "le corps hospitalier bien sûr, les personnes âgées et les personnes à risque", le PDG de Moderna indique à l’inverse que "les personnes plus jeunes ne seront sans doute pas vaccinées l’année prochaine, ni même en 2022."