Vaccin AstraZeneca : quelles différences avec ceux de Pfizer et Moderna ?

Publié le 25 janvier 2021 à 15h40, mis à jour le 25 janvier 2021 à 15h48
Vaccin AstraZeneca : quelles différences avec ceux de Pfizer et Moderna ?
Source : JOEL SAGET / AFP

EN BREF - Le vaccin AstraZeneca/Oxford contre le Covid-19, pour lequel l'Agence européenne des médicaments doit bientôt se prononcer, pourrait être le prochain mis sur le marché. En quoi diffère-t-il des deux déjà autorisés en Europe ? Éléments de réponse.

Trois vaccins contre le nouveau coronavirus autorisés en l'espace d'un mois au sein de l'Union européenne ? Après avoir donné son feu vert le 21 décembre pour le vaccin Pfizer/BioNTech et le 6 janvier pour celui de Moderna, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a reçu au début du mois une demande d'autorisation pour celui d'AstraZeneca/Oxford, précisant qu'elle pourrait prendre sa décision le 29 janvier. Déjà utilisé depuis le 4 janvier au Royaume-Uni, ce dernier repose sur une autre approche que celle utilisée pour les deux premiers.

Dans la course au vaccin, les laboratoires ont en effet misé sur des méthodes différentes, certaines déjà éprouvées dans l'histoire de la vaccination, d'autres plus innovantes voire inédites. Laissant à d'autres le soin de développer des vaccins classiques, "inactivés" ou dits "sous-unitaires", des équipes, dont celle de l'université d'Oxford, ont ainsi opté pour un vaccin "à vecteur viral" ou eu recours à la technologie jusque-là inédite, dite de "l'ARN messager". Mais de quoi parle-t-on vraiment ?

Un vaccin à vecteur viral

Le vaccin d'Oxford-AstraZeneca, à l'instar du vaccin russe, utilise donc comme vecteur viral un adénovirus (famille de virus très courants responsables notamment de rhumes). Dans le détail, il s'agit d'utiliser comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter une partie du virus responsable du Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du SARS-CoV-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.

Mais tandis que le vaccin développé par le groupe anglo-suédois, et l'université d'Oxford utilise un adénovirus de chimpanzé comme vecteur, celui développé par le Centre de recherches en épidémiologie Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense utilise deux adénovirus humains. En décembre, le laboratoire AstraZeneca et la Russie ont d'ailleurs annoncé que des essais cliniques combinant leurs deux vaccins contre le coronavirus, précisant qu'ils seraient pratiqués sur des personnes âgés de 18 ans ou plus.

"L'ARN messager", à la pointe

Pour rappel, les vaccins de Pfizer et Moderna déjà en cours d'injection sont basés, eux, une technologie ultra-innovante dite de "l'ARN messager". Elle consiste à injecter dans nos cellules des brins d'instructions génétiques appelées ARN messager, pour leur faire fabriquer des protéines ou "antigènes" spécifiques du coronavirus. Ces protéines vont être livrées au système immunitaire, qui va alors produire des anticorps.

Malgré des techniques différentes, les trois principaux vaccins ciblent la protéine Spike, clé pour la pénétration cellulaire du virus et l'activation du système immunitaire. "Plus on a de candidats avec des techniques différentes, plus on a de chances d'aboutir à un vaccin qui marche et est bien toléré", a expliqué Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé (HAS) française.

Premier vaccin aux résultats d'efficacité validés

Le vaccin Oxford/AstraZeneca est le premier vaccin dont les résultats d'efficacité ont été validés par une revue scientifique, The Lancet, le 8 décembre qui le présente comme "sûr". Les effets secondaires du virus sont extrêmement rares à ce stade.  Sur les 23.754 volontaires qui ont participé à ces essais, seul un patient à qui ce vaccin a été administré a connu un "effet indésirable grave susceptible d'être lié" à cette injection.  Il s'agissait d'un cas de myélite transverse (une atteinte neurologique rare) qui avait motivé l'interruption temporaire de l'essai début septembre. 

Quant au pourcentage d’efficacité, celui-ci a fait l'objet de critiques du fait d'une confusion dans des résultats intermédiaires d'essais cliniques. Le laboratoire britannique avait ainsi annoncé en novembre que son vaccin était en moyenne efficace à 70% contre plus de 90% pour ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna. L'efficacité du vaccin AstraZeneca/Oxford est de 90% pour les volontaires qui ont d'abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, mais de seulement 62% pour un autre groupe qui a pourtant été davantage vacciné avec deux doses complètes à un mois d'écart. L'injection d'une demi-dose était en fait due à une erreur et seul un groupe réduit avait suivi le deuxième protocole, ce qui avait suscité des inquiétudes, poussant l'entreprise à annoncer le 26 novembre la tenue d'une "étude supplémentaire" pour vérifier ces résultats. 

Moins cher à produire, plus facile à stocker

Selon le directeur général d'AstraZeneca, le vaccin est en outre capable de combattre le nouveau variant du coronavirus, responsable d'une flambée de cas au Royaume-Uni. Contre cette mutation, "nous pensons pour l'instant que le vaccin devrait rester efficace", a-t-il indiqué au Sunday Times. "Mais on ne peut pas en être sûr donc nous allons faire des essais", a-t-il ajouté, assurant que de nouvelles versions étaient préparées au cas où, tout en espérant ne pas en avoir besoin.

Enfin, le vaccin AstraZeneca/Oxford est moins cher à produire que celui de ses rivaux. Il est également plus facile à stocker et transporter, en particulier que celui de Pfizer/BioNTech qui doit être conservé à de très basses températures (-70°C).


Audrey LE GUELLEC

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