PRÉCAUTIONS - Des parcs zoologiques ont annoncé avoir vacciné certains animaux au cours des dernières semaines. Pour autant, selon des spécialistes, aucun signal inquiétant ne justifie à l'heure actuelle des campagnes vaccinales massives.
Peut-être avez-vous observé au cours des dernières semaines ou des derniers mois, des informations au sujet de la vaccination d'animaux sauvages dans des parcs zoologiques. Outre-atlantique notamment, que ce soit pour des fauves, des ours ou bien encore des singes. Face à une épidémie qui continue de circuler et dont on pourrait craindre qu'elle ne se développe chez d'autres espèces que l'Homme, la question d'une prévention par la vaccination peut légitimement se poser.
Aucune urgence pour l'heure
Les spécialistes, il y a plusieurs mois déjà, estimaient que l'injection d'un vaccin pour les animaux de compagnie comme les chiens et ou les chats ne s'avérait pas nécessaire. Ce que confirme Alexis Lécu, vétérinaire et directeur scientifique du Parc zoologique de Paris. Ce spécialiste de la faune fait remarquer que l'on "surveille relativement bien la transmission chez les animaux domestiques, chez le chat par exemple". Un suivi facilité par notre proximité avec ces espèces et par la relative aisance des dépistages. En ce qui concerne les animaux sauvages, le spécialiste note qu'un contrôle est mis en place "depuis mars 2020", dès que l'épidémie a gagné du terrain sur notre territoire. Des tests sanguins sont ainsi réalisés, ainsi que l'équivalent des tests PCR via des prélèvements dans les narines des animaux.
En l'espace d'un an et demi, le Parc zoologique de Paris a collaboré étroitement avec l'Institut Pasteur, tout en centralisant des échantillons en provenance d'autres établissements. Parmi les centaines qui ont été analysés, "très peu se sont révélés positifs", glisse le vétérinaire. Des résultats pour le moins encourageants. "On a eu quelques cas positifs chez des félins, ce qui colle avec l'expérience de nos confrères américains", indique Alexis Lécu. "Lions et tigres semblent assez sensibles, mais si vous faites un décompte des cas, cela reste minime." Et de souligner que les animaux ne présentent généralement pas de formes graves, les fauves notamment "qui présentent des symptômes très légers durant un court laps de temps". On se souvient que dès avril 2020, des félins avaient été contaminés dans un zoo du Bronx, permettant d'en apprendre plus sur la vulnérabilité de certaines espèces.
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Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, nous n'en sommes "pas au stade d'avoir besoin du vaccin". Dégainer "tout un arsenal avec si peu de transmission" n'aurait pas de sens aux yeux du spécialiste, qui juge "assez précise" la photographie de l'épidémie dont nous disposons aujourd'hui. Le fait qu'un vaccin soit utilisé dans des zoos américains peut toutefois s'expliquer, "par un nombre de cas un peu plus élevé", ainsi que par d'autres facteurs. Le fait notamment qu'outre-Atlantique, "on observe plus de proximité entre le soigneur et le fauve, davantage d'entraînement médical et de contact". Plus en tout cas qu'avec le soigneur européen moyen.
À l'heure qu'il est, Alexis Lécu note de toute façon qu'aucun vaccin contre le Covid destiné aux animaux "n'a reçu d'autorisation de mise sur le marché à l'échelle européenne". Il n'apparaît ainsi pas à l'ordre du jour de chercher à immuniser les espèces sauvages qui se trouvent dans les zoos à travers le continent. Tout au plus le vétérinaire y verrait une utilité pour protéger "des lignées génétiques très rares et très importantes, dans le cadre de programme de conservation des espèces". Pour certains fauves ou primates notamment. À défaut, les soigneurs continuent à travailler de manière prudente, via par exemple le port du masque afin de réduire les risques de transmission.
En dehors des parcs zoologiques, une surveillance reste également maintenue pour des espèces plus communes, telles que celles qui peuplent nos campagnes. Moins exotiques que des tigres ou des hippopotames, les renards, blaireaux et autres rongeurs font tout de même l'objet d'une grande attention. "Des études ont été réalisées menées dans de nombreux pays et prouvent qu'à l'exception de quelques animaux [des cervidés aux États-Unis, NDLR], il n'y a pas de transmission observée", rassure Alexis Lécu. "La grande chance avec ce virus, c'est que les espèces de rongeurs européens n'y sont pas sensibles." En France, des organismes comme l'Institut Pasteur ou l'Anses se charge des missions de veille sanitaire pour ces animaux communs, et rapportent à l'instant de leurs homologues à l'étranger l'ensemble de leurs découvertes à l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
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