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Vaccins anti-Covid : y a-t-il une forte hausse des troubles du cycle menstruel et des AVC ?

Publié le 22 mai 2022 à 18h41

Source : JT 20h Semaine

Une internaute affirme que les vaccins contre le Covid-19 ont provoqué l'augmentation de certaines pathologies.
Selon elle, les troubles du cycle menstruel et les AVC ont augmenté respectivement de "1788% et 732%".
C'est une information qui repose sur une interprétation erronée de données américaines.

Après plus d'un an et demi de vaccination, certains s'entêtent à démontrer que les vaccins contre le Covid-19 seraient particulièrement dangereux. Dans une vidéo publiée ce samedi 21 mai, une internaute affirme ainsi avoir observé une "augmentation historique et inédite de certaines pathologies". Face caméra, elle indique que les vaccins ont provoqué une hausse de "1788 % des troubles du cycle menstruel" et de "732%" des AVC. Derrière cette énième "alerte", une nouvelle mauvaise interprétation des données américaines.

De simples signalements en ligne

Celle qui diffuse les chiffres est Emmanuelle Darles. Enseignante-chercheuse en informatique à l'Université de Poitiers, elle est l'une des membres de l'auto-proclamé "Conseil scientifique indépendant", créé par des personnalités influentes de la sphère covido-sceptique, dont l'objectif affiché était d'offrir une stratégie "alternative" à celle des autorités sanitaires lors de la crise épidémique. Dans cette vidéo, elle s'appuie sur son propre "rapport", remis à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPESCT) le 29 avril dernier. 43 pages dans lesquelles elle présente ses calculs "sur les effets indésirables liés aux injections ARNm depuis les bases de données de pharmacovigilance européenne et américaine". 

Pour évaluer ce qu'elle considère comme des effets secondaires d'ampleur, l'autrice a donc comparé le nombre de signalements d'AVC et de troubles du cycle menstruel enregistrés dans les données du Vaers entre 1990 et 2020 à ceux enregistrés depuis la vaccination contre le Covid-19. La source citée est le très officiel "Vaccine Adverse Event Reporting System" (Vaers), le programme de signalement des effets indésirables des vaccins aux États-Unis, cogéré par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA). 

Or, comme le montrent les données en ligne du programme, il y a bien eu 3139 signalements d'AVC depuis le début de la vaccination contre le Covid-19, contre 377 lors des campagnes vaccinales des deux décennies précédentes. Soit une augmentation de 732%, comme le relevait l'internaute. Même méthode pour évaluer la hausse des "troubles du cycle menstruel"

Seulement, et comme nous l'avons déjà expliqué ici, les données du programme de vigilance ne peuvent pas être utilisées de la sorte. Il est d'ailleurs impossible d'ignorer les limites de cette méthode, puisqu'elles sont très clairement indiquées à de multiples reprises sur le site du Vaers. Avant même de pouvoir accéder aux données, le site propose en effet un "avertissement" dans lequel il est très clairement rappelé que "les rapports du Vaers ne peuvent être utilisés pour déterminer si un vaccin a causé ou contribué à un événement indésirable", puisque ce programme fonctionne sur un système de signalement "passif". C'est-à-dire que si les personnels soignants sont tenus par la loi de signaler tout incident, tout individu lambda peut également le faire, y compris les patients et leurs proches. Et ce très facilement, directement sur le site. Entre l'attention toute particulière portée sur ces vaccins et la facilité d'accès à internet, le nombre de déclarations a explosé lors de la campagne vaccinale, sans forcément qu'un lien avec les produits soit établi ou même plausible. 

En résumé, la méthode utilisée par l'internaute pour alerter sur une "augmentation historique et inédite" des AVC et des troubles menstruels est trompeuse. Par ailleurs, une réelle analyse scientifique publiée en janvier à partir de l'incidence dans différents groupes de population, a permis de constater tout le contraire. Selon les conclusions des chercheurs, "l'incidence des différents événements cardiovasculaires graves", tels les AVC, "n'était pas augmentée dans les trois semaines suivant la première ou la deuxième dose des vaccins à ARNm". 

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Felicia SIDERIS

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