INTERVIEW – Alors que la Russie a annoncé ce mardi avoir développé le "premier" vaccin contre le coronavirus, les protocoles ont-ils vraiment été respectés ? Alain Fischer, immunologue, répond à LCI.
Comment la Russie a-t-elle pu développer si rapidement un vaccin contre le coronavirus ? Ce mardi, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays avait mis au point le "premier" vaccin contre le Covid-19, malgré les vérifications souhaitées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Avant toute "pré-qualification" de sa part, l’OMS veut examiner par des "procédés rigoureux" l’ensemble des données "recueillies lors d’essais cliniques". Elle n’est d’ailleurs pas la seule à demander des comptes sur la fiabilité du vaccin russe, puisque Berlin émet également des doutes sur sa "qualité, (son) efficacité et (sa) sécurité".
Pourtant, la Russie semble certaine de son coup. "Plus d’un milliard de doses" ont été pré-commandées par 20 pays étrangers, a déjà annoncé le patron du fonds souverain impliqué dans le développement du vaccin. Le ministère de la Santé a affirmé que la double inoculation "permettrait de former une immunité longue" qui pouvait durer "deux ans". La Russie a pour ambition de mettre en production le vaccin dès septembre. Pourtant, la phase 3 des essais, celle qui consiste à tester le vaccin sur des milliers de sujets, n’a pas encore commencé, et doit débuter mercredi.
Depuis le début des recherches, l’institut Gamaleïa, le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie qui développe le vaccin, est d’ailleurs accusé de rompre avec les protocoles habituels pour accélérer le processus scientifique. Qu’en est-il vraiment ? Alain Fischer, immunologue rattaché à l’Institut Imagine de l’Inserm et de l’université de Paris, nous éclaire.
LCI : Le protocole habituel pour développer un vaccin a-t-il été respecté ?
Alain Fischer : À ce stade, non. Nous avons relativement peu d’informations, mais la réponse est tout de même négative. Il manque en particulier des publications scientifiques. Nous ne savons pas très bien ce qu’ils ont fait en termes de tests pré-cliniques, c’est-à-dire avant de vacciner des personnes humaines. Nous n’avons pas non plus de données sur le type d’expérimentations animales effectuées. Nous savons simplement qu’ils ont vacciné un petit nombre de personnes, mais ils n’ont pas franchi l’étape la plus importante, à savoir les essais de phase 3, c’est-à-dire tester le vaccin sur 20.000 ou 30.000 personnes.
Manipuler une information autour de la vaccination est irresponsable
Alain Fischer, immunologue
En quoi cette phase 3 est-elle utile ?
En se donnant le temps, elle permet de voir si les vaccinés développent des anticorps, mais aussi s’ils n’ont pas d’effets secondaires, immédiats ou retardés. Elle permet surtout de savoir si le vaccin les protège. Cette étape est absolument clé, mais nous sommes sûrs qu’elle n’a pas été effectuée. Dire qu’un vaccin reçoit les autorisations en vue d’une utilisation pour janvier sur la population russe n’a donc aucun sens.
Comment la Russie peut-elle annoncer avoir développé le "premier" vaccin sans avoir débuté la phase 3 ?
C’est un effet d’annonce, c’est politique. Cela n’a aucun sens, et c’est délétère, parce que c’est jouer avec la vaccination. Comme vous le savez, il existe quelques réticences dans une partie de la population, même si ce vaccin ne concerne pas directement la France. Mais manipuler une information autour de la vaccination comme le fait Monsieur Poutine est, de mon point de vue, absolument irresponsable.
Le projet de vaccin russe n’est donc pas le plus avancé ?
Non, il y a des essais de phase 3 en cours pour d’autres vaccins dans le monde. Il y a des règles, fixées par l’OMS, que beaucoup de pays respectent. Nous aimerions que les Russes les respectent également, et peut-être auront-ils d’ailleurs effectué tous les tests nécessaires dans les mois qui viennent. Mais à ce jour, il n’est certainement pas le plus avancé de tous les projets en cours.
Cette annonce vous surprend-elle ?
Oui et non, malheureusement. J’aurais aimé qu’elle me surprenne complètement. Un homme politique comme Vladimir Poutine a la volonté d’apparaître à la pointe de la science, mais ni lui ni son pays ne le sont. Cela ne me surprend donc pas totalement.
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