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L'ANSM a-t-elle reconnu une hausse annuelle majeure des effets secondaires liée aux vaccins ?

Publié le 1 février 2022 à 18h19
L'ANSM assume et explique la hausse importante des déclarations d'effets secondaires.

L'ANSM assume et explique la hausse importante des déclarations d'effets secondaires.

Source : CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Une vidéo de responsables de l'ANSM est relayée en ligne pour discréditer les vaccins.
L'Agence du médicament y reconnait une augmentation majeure des déclarations d'effets secondaires, conséquences directes des vaccinations massives.
Mais l'ANSM explique notamment cette hausse par les déclarations de patients plus nombreuses qu'en temps normal.

Plusieurs millions de Français demeurent toujours hostiles à la vaccination malgré le renforcement des mesures restrictives décidées par le gouvernement. Parmi eux, des sceptiques, mais aussi des militants qui cherchent activement à discréditer les vaccins et se mobilisent en ligne pour en dénoncer l'usage.

Ces derniers jours, c'est un extrait vidéo qui a été largement relayé dans les sphères antivax, montrant l'audition devant le sénat de responsables de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ceux-ci décrivent en effet une hausse massive des déclarations d'effets secondaires : 110.000 uniquement pour les vaccins, contre 45.000 tous médicaments confondus lors d'une année "normale". Des chiffres d'ailleurs très probablement encore sous-évalués. De quoi susciter de multiples réactions d'internautes indignés, remettant en cause la sûreté des vaccinations. Il apparaît toutefois nécessaire d'écouter plus en longueur cette intervention, assez largement tronquée et réductrice.

Davantage de signalements de patients que d'ordinaire

Si cette vidéo se répand ces derniers jours, elle n'est, en réalité, pas vraiment récente. L'audition devant les sénateurs remonte ainsi au 1er décembre. Des échanges retranscrits en intégralité sur le site du Sénat et dont il est également proposé une retransmission vidéo en replay. Céline Mounier, la directrice de la surveillance de l'ANSM, indique notamment que "la sous-déclaration d'effets indésirables est récurrente en pharmacovigilance", et qu'à la mi-novembre 2021, l'agence avait enregistré "110.000 déclarations d'effets indésirables rien que sur les vaccins contre la covid, contre 45.000 tous médicaments confondus pour une année normale. Nous sommes donc très largement informés sur tous les effets des vaccins", glissait-elle. 

La vidéo relayée en ligne s'arrête après ce passage, mais la spécialiste poursuit son propos. "Habituellement", glisse-t-elle, "les déclarations sont à 90 % faites par les professionnels de santé. Pour ces vaccins, la proportion de déclarations effectuées par les patients atteint 40 %. De façon similaire, la proportion de cas graves est plus faible parmi les déclarations relatives aux vaccins que pour l'ensemble." Il faut noter qu'outre le lancement d'une campagne massive de vaccination dans tout le pays, ces chiffres s'expliquent aussi par une plus grande mobilisation des patients, qui se tournent davantage vers l'ANSM que d'ordinaire afin de signaler des effets secondaires. 

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Céline Mounier tient à préciser qu'en matière de pharmacovigilance, "la gravité est analysée au regard de critères objectifs, comme la survenue d'une hospitalisation ou d'un décès, mais aussi plus subjectifs, avec l'effet médical lui-même, tel qu'il est jugé par le professionnel de santé". Tout en soulignant que "les effets graves déclarés sont ensuite analysés par les centres de pharmacovigilance pour s'assurer d'un lien effectif avec le vaccin", ce qui n'est au préalable pas établi formellement.

Sur l'ensemble de ces déclarations, il est nécessaire d'observer qu'une "grande partie de ces effets graves correspondent à des symptômes pseudo-grippaux, comme des céphalées ou de la fièvre". On recense "aussi de l'hypertension artérielle ou des myocardites", indique la représentante de l'ANSM. De quoi modérer les discours alarmistes. Les myocardites, dont les médias ont beaucoup parlé, représentaient, au moment des auditions, environ "500 cas", dont "la grande majorité [...] a connu une résolution favorable". L'agence ne tire donc à aucun moment une sonnette d'alarme, sa directrice générale précisant qu'un "total aussi élevé n'est [...] pas surprenant et témoigne du bon fonctionnement de la déclaration". Plutôt que de s'inquiéter des volumes d'effets indésirables rapportés, elle considère davantage les chiffres mentionnés plus haut comme une preuve de l'efficacité des procédures de signalement en France.

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Thomas DESZPOT

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