Y a-t-il une hausse des AVC chez des patients vaccinés, comme l'assure un pompier ?

Publié le 26 mai 2021 à 12h33, mis à jour le 27 mai 2021 à 17h19

Source : TF1 Info

SIGNAL D'ALERTE - Très ému, un pompier lyonnais a indiqué dans une vidéo que les vaccins causent de multiples AVC. S'il dit s'appuyer sur des témoignages de soignants, les données de pharmacovigilance démentent ce constat.

C'est une séquence d'à peine plus de deux minutes, mais elle a déjà été visionnée plusieurs centaines de milliers de fois. Le témoignage d'un pompier lyonnais a suscité des craintes en ligne, celui-ci expliquant que les vaccins entraînent une multiplication des accidents vasculaires cérébraux (AVC). "Je suis à l’hôpital Saint Joseph-Saint Luc", explique-t-il dans la vidéo. "Je viens de déposer une femme de 71 ans en suspicion d’AVC. Enfin, ce n’est même plus une suspicion, elle s’est aggravée pendant le transport."

Comment expliquer la détresse de cette femme ? Elle "a été vaccinée, alors c’est moi-même qui fait potentiellement le lien", glisse le pompier. "J’ai demandé au personnel soignant, à l’infirmière d’accueil", poursuit-il, les interrogeant sur un potentiel lien avec la vaccination. Une interlocutrice qui lui a répondu par "l’affirmative", ajoutant : "Mais complètement ! Il y en a de plus en plus, c’est dans les 15 jours qui suivent la vaccination." Les multiples alertes, rapporte le soldat du feu, resteraient inaudibles. 

De multiples démentis

De prime abord, rien ne permet de douter de la franchise du pompier. Son uniforme semble cohérent avec sa fonction (il a d'ailleurs été confirmé qu'il s'agissait bien d'un pompier évoluant à Lyon), et son émotion est palpable. Dans les commentaires  postés sur Twitter, quelques signaux peuvent toutefois nous alerter. Le message d'un internaute notamment, qui se présente comme "pompier à Lyon", "pro comme lui". Il assure que dans toute sa compagnie, "personne n’a fait aucune corrélation de ce genre". Et d'appeler à la retenue puisqu'il "ne parle que pour lui et son statut de pompier n’est pas un gage de vérité dans ses propos". De quoi inciter a des vérifications approfondies.

Pour en savoir plus, LCI a contacté le centre hospitalier Saint Joseph Saint Luc mentionné dans la vidéo. Refusant de s'exprimer sur le cas de la patiente évoquée pour respecter le secret médical, il assure toutefois qu'aucun signal d'alerte n'a été émis ces dernières semaines, et qu'aucun élément ne permet de mettre en avant une hausse des AVC, en lien avec la vaccination. "Nous avons échangé avec notre collègue qui a été dépassé par la situation", a pour sa part assuré un représentant syndical de SUD, joint par Le Progrès. "Sa vidéo n’avait pas vocation à être reprise sur les réseaux sociaux. Elle était destinée à un groupe d’amis et de la famille. Il a réagi sous le coup de l’émotion. La vidéo a été diffusée sans qu’il puisse l’arrêter. Dans cette affaire, il se retrouve victime."

Les responsables de sa caserne se sont rapidement désolidarisés des propos tenus, ajoutant au site Fact&Furious la mise en place imminente d'un accompagnement psychologique. LCI s'est tout de même rapproché des autorités locales en charge de la pharmacovigilance, qui assurent un suivi des remontées relatives aux effets secondaires. Prudentes, elles renvoient vers l'Agence nationale de sécurité du médicament.

Sollicitée, l'ANSM réagit et note que "les données recueillies depuis le début de la campagne vaccinale n’apportent, à ce jour, au regard des caractéristiques des cas analysés et des connaissances actuelles, pas d’élément faisant suspecter un rôle du vaccin dans la survenue d’AVC ischémique". Un constat que ne modifie pas cette vidéo, même si l'agence assure que des évènements signalés "continueront à faire l’objet d’une surveillance spécifique". Elle en profite pour renvoyer à ses rapports hebdomadaires, disponibles sur son site.

Aucun élément ne permet donc de laisser penser à une recrudescence des AVC chez les personnes récemment vaccinées. Rappelons par ailleurs qu'en moyenne, une personne sur six sera touchée dans sa vie, près de 140.000 AVC étant déplorés chaque année dans l'Hexagone. Un toutes les quatre minutes... 

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Thomas DESZPOT

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