Vaccins anti-Covid : l'origine des thromboses découverte par des scientifiques allemands

C.A.
Publié le 27 mai 2021 à 18h21

Source : JT 20h WE

EURÊKA - Selon le "Financial Times", des chercheurs allemands auraient réussi à trouver une explication au phénomène de thrombose qui a conduit nombre de pays à prendre leurs distances avec les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson. Mieux, ils auraient la solution pour l'enrayer.

Partout dans le monde, les cas de thrombose rare associés aux vaccins d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson ont suscité l'inquiétude. Plusieurs pays ont en conséquence limité, voire suspendu l'utilisation de ces formules. Ce mercredi encore, les autorités belges ont annoncé restreindre le vaccin anti-Covid de Johnson & Johnson aux plus de 40 ans, dans l'attente des résultats d'une enquête du régulateur européen EMA suite au décès d'une patiente vaccinée. Âgée de moins de 40 ans, elle avait été "admise avec une thrombose sévère" et un "déficit de plaquettes sanguines".

Pour autant, personne n'avait encore réussi à lier ces incidents aux injections, ni à les expliquer. Pas même les laboratoires en question. Mais selon le Financial Times, le mystère serait enfin résolu. Des scientifiques allemands, de l'université Goethe de Francfort, auraient réussi à expliquer le phénomène et suggèrent que les vaccins puissent être modifiés pour empêcher cette réaction de se produire.

Un problème de cible du vaccin ?

La clé résiderait dans l'adénovirus, le virus du rhume commun qui sert de moyen de transport à un fragment de l'ADN du Covid-19. Injecté dans l'organisme, l'adénovirus ainsi que son "bagage" pénètre dans le noyau d'une cellule musculaire et engendre la fabrication de la protéine Spike, responsable du coronavirus. Alerté par la présence de cette protéine étrangère, l'organisme est censé produire des anticorps pour s'en défendre. Gardant en mémoire cette protéine, le corps sait ensuite rapidement reconnaître et détruire le Covid-19.

Selon les auteurs de ces recherches, le nœud du problème serait le suivant : les vaccins ont été conçus de telle sorte que cet adénovirus entre dans le noyau de la cellule plutôt que dans le seul fluide cellulaire, où le virus fabrique normalement des protéines. Une fois à l'intérieur du noyau cellulaire, certaines parties de la protéine Spike se briseraient ou épisseraient, créant des versions mutantes incapables de se lier à la membrane cellulaire où l'immunisation doit avoir lieu. Ces protéines mutantes flotteraient alors dans le corps, déclenchant des caillots sanguins chez environ une personne sur 100.000. "Le morceau viral d'ADN [...] n'est pas optimisé pour être transcrit à l'intérieur du noyau", écrivent les scientifiques dans leur étude, relayée par le Financial Times.

Johnson & Johnson en contact avec les chercheurs pour améliorer son vaccin

Pour autant, les formules d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson ne seraient pas définitivement à mettre à la poubelle, affirment-ils. Selon eux, elles pourraient être repensées pour faire disparaître le risque de thrombose. "Avec les données que nous avons entre nos mains, nous pouvons dire aux entreprises comment muter ces séquences, en codant la protéine de pointe de manière à éviter les réactions d'épissage involontaires", explique au Financial Times le professeur Rolf Marschalek, qui a dirigé ces travaux.

Il serait déjà en contact avec J&J. "L'entreprise essaie actuellement d'optimiser son vaccin", indique-t-il au journal. Les scientifiques n'ont en revanche pas encore pu entrer en relations avec AstraZeneca. "S'ils me contactent, je peux leur dire quoi faire pour fabriquer un meilleur vaccin", assure Rolf Marschalek.

Pour certains scientifiques cependant, la théorie de l'équipe de chercheurs allemand n'est qu'une hypothèse parmi tant d'autres. Leur étude, qui n'a pas encore fait l'objet d'une revue par des pairs, a été présentée à l’Institut Paul-Ehrlich du gouvernement allemand et à l’organe consultatif du pays sur la vaccination.

La rare réaction de coagulation sanguine qui a perturbé le déploiement des injections AstraZeneca et J&J a été enregistrée chez au moins 142 personnes sur 16 millions de receveurs du vaccin en Europe. En France, l'Agence française du médicament a recensé début mai "30 cas, dont 9 décès" de thromboses rares sur plus de 3.855.000 injections du vaccin anglo-suédois. Aux États-Unis, huit des 7,4 millions de destinataires des injections de Johnson & Johnson ont fait l'objet de cette réaction.


C.A.

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