Variant détecté en Afrique du Sud : "Une partie de ses mutations est associée à la contagiosité du virus"

Propos recueillis par Léa COUPAU
Publié le 26 novembre 2021 à 13h09, mis à jour le 26 novembre 2021 à 19h01

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Baptisé "Omicron" et détecté en Afrique du Sud, un nouveau variant du Covid-19, se propage très rapidement et a connu un nombre important de mutations qui pourrait le rendre plus résistant aux vaccins. Moins d'une trentaine de cas ont, pour l'heure, été officiellement déclarés.

La prochaine vague sera-t-elle celle du variant B.1.1.259, aussi appelé "Omicron" ? Alors que le variant Delta est présent de plus de 90% des génomes du virus Covid-19, une nouvelle version du SARS-CoV-2 a été identifiée en Afrique du Sud ce jeudi. Présentant pas moins de 32 mutations sur la protéine Spike, ce variant fait craindre aux scientifiques, une moindre efficacité des vaccins.

Des cas ont été depuis découverts au Botswana, à Hong Kong, en Israël, et peut-être en Belgique, ajoute le professeur Antoine Flahault sur LCI. Ce vendredi, plusieurs pays dont la France ont suspendu leurs vols en provenance d'Afrique centrale. Faut-il alors s'inquiéter ? On en parle avec Vincent Maréchal, professeur de virologie à l'université de la Sorbonne à Paris.

Que savons-nous sur ce nouveau variant sud africain ?

Pour l'instant, nous n'avons que des informations parcellaires. Des sources officielles nous parlent de 22 cas, la revue Nature évoque 77 prélèvements positifs, mais on ne connaît pas grand-chose de plus. On sait qu'il présente cependant une trentaine de mutations qui peuvent subvenir sur la protéine Spike, cette protéine ciblée par les vaccins. Une partie de ces mutations est associée notamment à un échappement immunitaire (une résistance au vaccin, ndlr) et à la contagiosité du virus, ce qui peut-être inquiétant, mais on ne connaît pas encore l'impact réel de ces mutations. Quels sont leurs rôles ? Nous sommes encore dans l'attente d'une réponse scientifique.

Les Sud-Africains sont plus sensibles aux infections persistantes comme l'est le Covid-19
Vincent Maréchal, professeur de virologie à l'université de la Sorbonne à Paris

Est-ce inquiétant ?

Ce n'est ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle. C'est une alerte qu'il faut surveiller. Attention seulement à ne pas se dire : "ce n'est pas grave si le virus circule, tant que je ne suis pas malade", car avec ces comportements, on risque d'augmenter les chances qu'un variant de ce type émerge. Maintenant, il faut aussi que les épidémiologistes entrent dans la danse. Il faut surveiller la dynamique de ce nouveau variant : où est-il ? Qui est contaminé et à quelle vitesse il contamine ? Il faut très vite quantifier et sortir des supputations.

Pourquoi est-il survenu en Afrique du Sud ?

L'Afrique du Sud est une zone particulière, avec une caractéristique un peu problématique. Là-bas, la population est très impactée par le virus du VIH, et a une immunité beaucoup plus fragile que chez nous. De ce fait, les Sud-Africains sont plus sensibles aux infections persistantes comme l'est le Covid-19. Et comme je le disais, plus un virus circule et plus on prend le risque qu'un variant d'échappement immunitaire - moins sensible aux vaccins - se développe dans une population. Pour le variant Delta - découvert en Inde -, l'environnement était différent : les précautions pour faire reculer l'épidémie étaient quasi inexistantes alors que beaucoup de rassemblements politiques se faisaient à cette époque. Toutes ces conditions ont permis une explosion de cas et donc, l'arrivée d'une souche différente du Covid-19. Cependant, comme toujours dans les sciences, on ne trouve que ce que l'on cherche. Il est possible qu'il y ait d'autres raisons, mais on ne sait pas encore.


Propos recueillis par Léa COUPAU

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