Plusieurs associations regrettent que la campagne de vaccination contre la variole du singe ne soit pas plus rapide.Elles craignent que l'épidémie se diffuse et prennent de l'ampleur, appelant à une plus forte mobilisation.Si le rythme s'accélère en France, on constate que nos voisins avancent également à tâtons.
Par le biais d'un communiqué, plusieurs associations - dont Act Up, Sidaction ou encore Aides - ont appelé les autorités à accélérer la campagne de vaccination contre la variole du singe, ou "monkeypox". "Au rythme actuel, toutes les personnes éligibles seront vaccinées fin décembre, et avec une seule dose. À cette date, et à ce rythme, il est sûr qu’il y aura bien plus de cas en dehors du groupe actuellement le plus touché. L’épidémie sera hors de contrôle", alertent les différentes organisations.
Le chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière, Bruno Mégarbane, a souligné en ce début de semaine que le gouvernement souhaitait une "vaccination préventive" des personnes les plus exposées, parmi lesquelles les membres de la communauté LGBT ou les travailleurs du sexe. "Le rythme souhaité est de 10.000 vaccinations par jour", a-t-il noté sur CNEWS, "malheureusement, on en est à 2.000 ou 3.000 par jour, donc très probablement en deçà des objectifs". Au 10 août, la barre des 30.000 vaccinés était franchie en France. Des chiffres encore modestes, mais qui sont pourtant plus élevés que chez la majorité de nos voisins au sein de l'UE.
Pas encore de mobilisation significative
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dans son dernier point sur la situation, a constaté que 15.659 cas avaient été jusqu'à présent confirmés à travers les différents pays de l'espace économique européen. L'Espagne compte jusqu'à présent le plus de cas répertoriés (5.719), devant l'Allemagne (3.142), la France (2.673), les Pays-Bas (1.029), le Portugal (770), l'Italie (644) et la Belgique (546).
En Espagne justement, le quotidien El Pais a dressé un tableau assez critique de la situation. "Personne ne sait qui a reçu le premier vaccin contre la variole du singe en Espagne. Il n'y a pas eu d'acte télévisé, comme ce fut le cas avec le covid, fin 2020", peut-on lire. "Il y a maintenant un manque de doses à injecter à tous ceux qui en ont besoin", ajoute le média ibérique, "mais contrairement à la crise du coronavirus, beaucoup d'autres ne devraient pas arriver à court ou moyen terme". Le ministère de la Santé a reçu début août 7.110 vaccins, qui s'ajoutent aux 5.300 qui existaient déjà et qui étaient en cours d'injection, notamment à Madrid et en Catalogne, les régions les plus touchées. Les doses qui doivent encore être reçues (18.500 au total), sont par ailleurs jugées insuffisantes par les experts locaux.
De l'autre côté du Rhin, le "science media center" rapporte que "selon le ministère de la Santé, le gouvernement fédéral a jusqu'à présent commandé 240.000 doses de vaccin, dont 40.000 ont été initialement livrées. Quelques autres ont été ajoutées à partir des stocks de l'UE. 200.000 suivront d'ici fin septembre". L'Allemagne possède ainsi "l'un des meilleurs approvisionnements en vaccins de l'UE". Difficile en revanche de connaître le rythme actuel des vaccinations, celles-ci étant gérées de manière autonome par les différentes régions. Toujours est-il que les stocks réduits conduisent les autorités sanitaires à réserver les injections aux "seules personnes susceptibles d'avoir été en contact avec l'agent pathogène".
Le Portugal entend lui aussi vacciner, mais seuls quelques centaines d'injections avaient eu lieu début août, selon les derniers éléments fournis par le ministère de la Santé. Il y a environ 10 jours, l'Italie commençait pour sa part à administrer les premières doses, mais les livraisons se font pour l'instant au compte-goutte. Le rythme est plus soutenu en Grande-Bretagne, où ce sont plus ou moins 30.000 personnes qui ont reçu le vaccin. Pour autant, il devient de plus en plus difficile de trouver des créneaux, en raison de problèmes d'approvisionnement. Dans certaines régions, les centres pourraient se trouver à court de doses durant plusieurs semaines, indiquent les médias.
Hors de l'UE, la Suisse ne compte pas sur les vaccins répartis entre les 27. Dans le pays, aucun n'est pour l'heure disponible, ce qui suscite des critiques de la part des spécialistes. "Je trouve dommage que la débrouillardise soit le seul moyen d’obtenir ce à quoi je crois qu’on a droit dans notre société", a lancé une infectiologue, faisant référence aux citoyens helvète cherchant à se faire vacciner hors de leurs frontières. Le vice-président de l’intergroupe LGBTI au Parlement européen, pour sa part, a récemment appelé les 27 et la Commission à enclencher "sans plus attendre" des campagnes de vaccination ciblées à destination des populations les plus à risque. Pierre Karleskind juge l’Europe trop lente sur le dossier : "Il faut croire que l’on a du mal à tirer des leçons de l’expérience Covid", a-t-il glissé. "Alors que les États-Unis vaccinent déjà à tour de bras les populations à risque, le démarrage de la vaccination en Europe est, à nouveau, particulièrement lent".
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