Variole du singe : symptômes, transmission, traitement... Cinq questions sur cette maladie qui inquiète

Publié le 24 mai 2022 à 12h37

Source : JT 20h WE

Trois cas de variole du singe ont été repérés en France ces derniers jours.
Au total, des dizaines de contaminations ont été enregistrées en Europe et en Amérique du Nord depuis le début du mois.
Contagiosité, dangerosité, vaccin... On fait le point.

Le monde n'a pas fini de s'inquiéter de l'émergence de virus. Après plus de deux ans de pandémie de Covid-19, voilà que la variole du singe s'étend à travers le monde. D'après les autorités, trois cas ont été recensés ces derniers jours en France. Ce virus, cousin de la variole éradiquée depuis une quarantaine d'années, provoque de la fièvre et des éruptions cutanées pouvant durer plusieurs semaines. Voici ce qu'il faut savoir.

Où le virus circule-t-il ?

La France n'est pas le seul pays touché. C'est même l'un des derniers ayant rejoint la liste. D'après le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, au moins dix pays de l'Union européenne ont enregistré des cas. Outre la France, la Belgique, l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne, le Portugal, la Suède et le Danemark ont, tour à tour, repéré la maladie sur leur sol. À ces pays s'ajoutent le Royaume-Uni, la Suisse, les États-Unis, l'Autriche et le Canada, eux aussi touchés.

Autant de territoires hors de la zone de diffusion habituelle du virus, appelé "Monkeypox". Car la variole du singe n'est pas une nouvelle maladie émergente. Elle se diffuse de manière endémique en Afrique de l'Ouest. La première personne infectée au Royaume-Uni revenait d'ailleurs d'un voyage au Nigeria.

Comment se transmet-il ?

Comme son nom l'indique, la variole du singe n'est, à l'origine, pas une maladie humaine. "En Afrique centrale ou de l'Ouest, l'homme peut s'infecter au contact d'animaux, sauvages ou en captivité, morts ou vivants", indique Santé publique France. Les "rongeurs" ou les "singes" sont régulièrement cités.

C'est désormais la transmission interhumaine, lors d'un contact rapproché et prolongé, qui inquiète. "Le virus monkeypox peut être transmis par contact direct ou par les muqueuses d'une personne malade", poursuit l'agence sanitaire. Si "un contact direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel facilite la transmission", la variole du singe n'est pas considérée comme une infection sexuellement transmissible. Le virus peut aussi se transmettre par les gouttelettes, expirées dans l'air lorsque l'on parle ou éternue. "On peut également se contaminer au contact de l'environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain)", précise Santé publique France.

Quels sont les symptômes et sont-il dangereux ?

Les symptômes de la variole du singe sont particulièrement dérangeants. Après la période d'incubation, qui oscille entre cinq jours et trois semaines, une fièvre, "souvent forte", s'installe, écrit l'agence sanitaire. Elle s'accompagne de maux de tête, de courbatures et de fatigue. Outre ces symptômes, le virus provoque des éruptions cutanées. "Les vésicules remplies de liquide évoluent vers le dessèchement, la formation de croutes, puis la cicatrisation."

Ces signes cliniques de la maladie, pas très discrets, peuvent surtout provoquer "des démangeaisons" à des endroits clés du corps. "Les vésicules se concentrent plutôt sur le visage, les paumes des mains et plantes des pieds. Les muqueuses sont également concernées, dans la bouche et la région génitale", indique encore Santé publique France. Les ganglions du cou peuvent, par ailleurs, être enflés.

En revanche, la souche en circulation n'a, jusqu'à présent, pas provoqué de cas graves. "À ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n'y a pas de décès signalé", rassure l'agence sanitaire, qui précise toutefois que la maladie est souvent plus grave "chez les enfants et les personnes immunodéprimées." Elle peut en effet se compliquer en "surinfection des lésions cutanées ou d'atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques".

Existe-t-il un traitement ou un vaccin ?

Aucun traitement ou vaccin spécifiquement axé sur la variole du singe n'a été développé. Mais le monde n'est pas démuni pour autant. Les États-Unis comptent utiliser le vaccin contre la variole classique pour protéger les cas contacts des malades. Et ce malgré un obstacle majeur : depuis l'éradication de la variole humaine, la production de vaccins demeure limitée.

Outre-Atlantique, deux vaccins ont été autorisés en urgence. 100 millions de doses de l'ACAM2000 sont disponibles, mais ses effets secondaires sont "potentiellement significatifs", et les personnes immunodéprimées ne peuvent le recevoir. Un autre vaccin, Jynneos, est considéré comme plus sûr. Mais les États-Unis ne disposent que de 1000 doses. Notons toutefois que la plupart des malades guérissent sans traitement au bout de deux à quatre semaines.

Se dirige-t-on vers une flambée épidémique ?

Tandis que la planète s'inquiète toujours de l'émergence d'un nouveau variant du Covid-19, la variole du singe va-t-elle, à son tour, connaître une flambée épidémique ? En l'état, cela n'en prend pas le chemin. "Cette variole est peu transmissible", analysait ces derniers jours le Dr Benjamin Rossi, interrogé par TF1info.

Mais les médecins restent sur leurs gardes. "La variole peut muter au cours de sa contamination interhumaine", prévenait l'infectiologue à l'hôpital Robert Ballanger (Aulnay-sous-Bois). "Si elle devient aussi transmissible que la variole humaine - l'une des maladies les plus mortelles de l'histoire de l'humanité -, cela peut donner de très grandes épidémies. Mais ce n'est pas ce que nous constatons avec les souches en circulation."


Idèr NABILI

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