Végétarisme : "Réduire sa portion de viande est déjà un acte énorme"

Publié le 21 mars 2014 à 17h42
Végétarisme : "Réduire sa portion de viande est déjà un acte énorme"

ALIMENTATION - Comme le montre la Journée internationale sans viande qui a eu lieu au mois de mars, de plus en plus de personnes deviennent végétariennes pour le respect des animaux, la préservation de la planète et l'amélioration de la santé humaine. Alexandra de Lassus, auteur de "Etre Végétarien" nous en dit plus sur ce régime de plus en plus pratiqué.

Quels sont les principes du végétarisme et combien compte-t-on d'adeptes en France ?
On parle de végétarisme lorsqu'il s'agit d'une personne qui ne mange pas de chair animale, poissons inclus. En revanche, il n'y a pas de problème avec des aliments comme les produits laitiers et les oeufs. Il existe différentes familles dont la plus stricte, le véganisme, exclu tout ce que produisent les animaux (miel, produits laitiers, oeufs) et tout ce qui est issu de leur exploitation (cosmétiques, fourrure, laine). En France, nous sommes entre 3 % et 5 %. La plupart des personnes le devienne par respect pour la condition animale, notamment après avoir vu des reportages sur l'élevage industriel. Puis vient le souci de sa santé, tandis que les raisons écologiques sont minoritaires.

Les scandales sanitaires comme la fraude à la viande de cheval ont-ils renforcé cette tendance ?

Oui, dans la mesure où l'on se renseigne beaucoup plus maintenant sur la façon dont les plats sont préparés. De plus en plus de gens se rendent compte qu'il y a quelque chose qui dérange dans la manière dont sont élevés ces animaux. Il est clair qu'en regardant de près l'élevage industriel cela ne peut que donner envie de limiter sa consommation de viande. Le mieux est de sensibiliser sans pour autant faire culpabiliser.

La viande est une source précieuse de protéines. C'est difficile de pouvoir s'en passer…
C'est une idée reçue pour beaucoup de gens. On peut trouver toutes les protéines nécessaires dans d'autres aliments comme les viandes végétales. Mais aussi dans les légumes secs comme les haricots et les pois chiches ou encore le lait de soja et le quinoa. Si l'alimentation est bien équilibrée un végétarien n'est pas censée avoir de carence en protéines. D'ailleurs, ce type de carence n'existe quasiment pas dans notre société. C'est très Français d'avoir l'impression de ne pas pouvoir se passer de viande.

On parle beaucoup du végétarisme en ce moment, comme le no-gluten, et le jeûne. N'est-ce pas plutôt un effet de mode ?
Si c'est le cas, cela ne me pose pas de problème. L'essentiel c'est de mobiliser. Bien sûr, j'aimerais que cela soit considéré comme une pratique durable mais même si ce n'est que pour perdre quelques kilos, cela constitue quand même une entrée pour se familiariser avec cette alimentation.

Des études scientifiques ont-elles réellement montré l'amélioration de la santé humaine en devenant végétarien ?

L'association américaine de diététique a publié un rapport en 2009, affirmant que les régimes végétariens menés de façon appropriés ne posent aucun problème car ils sont adéquats sur le plan nutritionnel. Ils seraient même bénéfiques dans la prévention de certaines maladies : la sclérose en plaques, le diabète et les maladies cardiovasculaires. Le célèbre médecin David Servan-Schreiber allait dans ce sens, puisqu'il a affirmé que les principales molécules anti-cancer se trouvaient dans les fruits et les légumes. D'autres études abordent un angle différent : les carnivores seraient en moins bonne santé que les autres. Ce qu'il faut comprendre c'est qu'il ne faut pas forcément s'abstenir de consommer de la viande mais réduire sa consommation est déjà un acte énorme les plans sanitaire, éthique et écologique.

Être végétarien, c'est prôner un régime éthique et équilibré à base de fruits, légumes et céréales. N'est-ce pas une quête utopiste ?
On pense souvent qu'il est difficile de devenir végétarien parce que cela demande de réorganiser, réinventer sa consommation de nourriture. C'est sûr, on ne peut pas prendre son assiette habituelle telle quelle et enlever la viande. Une fois ce principe acquis, on peut vraiment se faire plaisir d'autant qu'une véritable culture gastronomique s'est développée. Il y aura toujours des pesticides et des OGM mais quitte à choisir, je préfère encore cela à un animal dont la vie et la mort ont nécessité des millions de litres d'eau.

Avec la mobilisation des pouvoirs publics, ne peut-on pas consommer de la viande de manière plus responsable ?
Evidemment, cela permettrait de faire avancer les choses mais le problème n'est pas seulement là. Aujourd'hui, on veut manger toujours plus de viande. C'est devenu normal d'en avoir une ration à tous les repas. Et on la veut toujours moins chère. Alors pour répondre à cette demande on développe des techniques de production plus rapide et massive. Avant de parler des pouvoirs publics, chacun doit se demander s'il est prêt à en manger moins, mais de meilleure qualité. Et penser que, derrière chaque steak présent dans l'assiette, il y a tout un chemin derrière. Ce débat doit sortir du placard et devenir public. Dernièrement, l'Organisation des Nations unies (ONU) a préconisé de réduire sa consommation de viande par deux pour lutter efficacement contre le changement climatique.


La rédaction de TF1info

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