LES VÉRIFICATEURS AVEC L'INSERM - Des internautes ont sollicité la rédaction de LCI afin d'en savoir plus sur l'immunité qui fait suite à une contamination au Covid-19. On fait le point avec l'immunologiste Frédéric Altare, directeur de recherche Inserm.
Soucieuse de lutter au quotidien contre les fausses informations, l'équipe des Vérificateurs a noué un partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Objectif : interroger les chercheurs les plus aguerris et répondre aux questions que se posent les internautes sur le coronavirus et la vaccination.
Aujourd'hui, nous traitons la question de Pascal, envoyée à notre adresse e-mail lesverificateurs@tf1.fr. "J’ai été positif au Covid le 17 décembre", nous écrit-il. "Combien de temps suis-je supposé être immunisé ?" Une interrogation d'autant plus pertinente que l'on voit émerger en France et dans le monde de nouveaux variants, différents de la souche originelle du virus.
Des études encourageantes
Alors que les premiers patients ont été diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 voilà environ un an, les chercheurs en savent-ils davantage sur l'immunité qui suit une contamination ? Pour le savoir, LCI a sollicité Frédéric Altare, directeur de recherche Inserm et directeur du département d'Immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers. En préambule, il indique que cette immunité résulte d'un "processus naturel", que l'on observe avec d'autres virus.
Certaines "induisent une immunité à vie, et d'autres un peu moins persistante, comme la grippe", note-t-il. La protection peut alors durer quelques mois, mais "plus l'année suivante". Il est important d'ajouter que cette "immunité induite peut être variable d'une personne à l'autre, ce que la recherche n'explique pas encore clairement". Des inégalités renforcées par une série de facteurs : l'âge, notre système immunitaire se trouvant "moins efficace aux deux extrémités de la vie", mais aussi les comorbidités. Obésité ou maladies cardio-vasculaires peuvent avoir une influence, tout comme les états inflammatoires chroniques.
En ce qui concerne précisément le Covid-19, les spécialistes se trouvaient au début dans une situation délicate. Il est en effet "difficile d'anticiper quelle serait l'immunité avec un nouveau virus qui fait son apparition", confie Frédéric Altare. Des études ont toutefois été menées, afin de permettre d'y plus clair. "On a pu voir avec les cohortes de personnes infectées qui ont été suivies que la réponse immunitaire pouvait varier, le taux d'anticorps produits était différent", relate l'immunologiste. "Important chez certains, plus réduit pour d'autres." Une variabilité d'un individu à l'autre qui s'observe non seulement à la suite d'une infection, mais aussi au fil des mois.
"Ce qui est ressorti des études, notamment des publications récentes comme celles observées en ce début d'année, c'est que l'on pouvait toujours observer des paramètres de réponse immunitaire spécifique au virus au bout de huit mois", résume le spécialiste. "Chez plus de 90% des gens, on voyait la persistance d'une partie de cette immunité, malgré le fait que certains facteurs décroissent avec le temps, ce qui est normal." Il glisse au passage que pour le virus du Sras, apparu en 2002-2003, on avait mis en évidence la conservation d'une immunité pour des personnes contaminées 17 ans après. Encourageant (il s'agissait en effet d'une autre forme de coronavirus), mais pas suffisant pour conclure dès à présent que le SARS-CoV-2 agirait de manière identique.
Les variants s'invitent dans l'équation
Le spécialiste de l'Inserm précise que la durée de l'immunité ne sera pas forcément identique pour une personne vaccinée que pour une autre ayant contracté le virus naturellement. En effet, quand on attrape le Covid-19 (ou tout autre virus), la réponse immunitaire se dirige contre le virus tout entier. Avec les vaccins à ARN, autorisés les premiers dans le cadre de l'épidémie, seule une protéine précise est ciblée, ce qui signifie qu'une modification de cette protéine peut rendre bien moins efficace le vaccin au fil du temps. D'autres types de vaccins, dits "vivants atténués", vont afficher de leur côté une efficacité moindre, mais plus durable car leur action est potentiellement moins freinée par les mutations des virus.
L'hypothèse de voir des variants diminuer l'efficacité des vaccins s'avère en tout cas bien réaliste, mais leur impact sur l'immunité des patients contaminés reste encore à étudier. "On a vu quelques cas de réinfection apparaître", souligne Frédéric Altare, des observations pas forcément attendues à la base et qui s'avèrent être la conséquence d'une contamination "avec une souche différente". Deux hypothèses sont avancées pour les expliquer : les nouveaux variants auraient tout d'abord pu "développer une forme de stratégie d'évitement", leur permettant de contourner la réponse immunitaire des patients précédemment infectés. Autre piste, celle du "développement d'une forme bénigne la première fois, n'ayant pas nécessité de réponse immunitaire suffisamment puissante".
L'immunité collective remise en question par les variants
À mesure que les mois passent, les chercheurs poursuivent leurs analyses et le suivi des patients qui ont été infectés. Outre la persistance d'une réponse immunitaire, l'enjeu pour eux sera d'observer un potentiel impact des variants, qui pourraient dans le pire des cas diminuer radicalement l'immunité induite par une contamination au Covid-19. Une incertitude qui montre à quel point la stratégie suédoise comporte une part de risque. Les Scandinaves, en refusant tout confinement, ont en effet misé sur la recherche d'une immunité collective engendrée par des contaminations nombreuses. Un pari à double tranchant puisque cette stratégie a été adoptée alors que les scientifiques manquaient de recul sur la durée de l'immunité et sur la capacité du virus à réinfecter des personnes déjà touchées. "Si l'immunité avait été très courte, de l'ordre de deux ou trois mois, ils auraient échoué en enregistrant de multiples décès sans parvenir à protéger la population des réinfections", assure l'expert de l'Inserm. En somme, il juge "plus prudent de favoriser le développement d'un vaccin", avec une protection des populations durant la durée de sa conception. Une option à laquelle la majeure partie des pays européens a souscrit.
En résumé, nous savons aujourd'hui que l'immunité qui fait suite à une contamination au Covid-19 est effective pendant au moins huit mois, et ce pour une large majorité des patients touchés. La réponse immunitaire varie néanmoins d'un individu à l'autre, possiblement en raison de la virulence de l'infection lors de la première confrontation avec le virus. Les chercheurs poursuivent aujourd'hui le suivi des personnes touchées, des observations indispensables afin d'évaluer avec précision la protection que tout un chacun peut escompter s'il contracte un jour le virus. Les spécialistes surveillent également avec attention l'apparition des variants, qui pourraient être susceptibles d'atténuer l'efficacité de la réponse immunitaire des personnes déjà contaminées par le passé, et qui seraient potentiellement en mesure de faciliter des réinfections.
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