Une campagne de prévention autour de l'alcool, destinée aux jeunes, fait polémique.Des associations l'accusent de ne pas alerter sur les dangers de la boisson et auraient préféré des messages plus incisifs.TF1 a sollicité l'avis d'un addictologue.
Alors que huit adolescents de plus de 17 ans sur dix ont déjà été en état d'ivresse, une campagne de santé publique à destination des jeunes, lancée ce lundi 25 septembre, interroge. Elle est accusée par une partie du monde médical de banaliser la consommation d'alcool en s'abstenant d'évoquer ses effets dangereux pour privilégier des conseils en matière de comportements à adopter. On y recommande par exemple de "boire de l'eau si on consomme de l'alcool" ou encore de "penser à manger avant de boire de l'alcool". Une manière d'entériner le fait que de toute façon les jeunes boivent et qu'il faut avant tout encadrer leur consommation.
Cette campagne est juste, mais pas suffisante.
Jean-Pierre Couteron, addictologue, président de l'Association "Oppelia"
Cela a suscité les critiques de plusieurs spécialistes. Trop ambiguë à leurs yeux, la campagne ne soulignerait pas assez les risques pour la santé et n'inciterait pas à la réduction de la consommation. Selon eux, une partie essentielle du message semble faire défaut. "Alcool et fête semblent faits l'un pour l'autre dans cette campagne", a ainsi jugé sur X – nouveau nom du réseau Twitter – le pneumologue François Vincent, tandis que le généraliste Bernard Jomier, également sénateur écologiste (apparenté PS), a dénoncé "du jamais vu" dans une campagne qui "ne contient aucun message de réduction de consommation" et jugé que "les alcooliers peuvent être tranquilles".
Interrogé par le JT de TF1 dans la vidéo en tête de cet article, l'addictologue Jean-Pierre Couteron, dont nous développons plus en longueur les propos ici, se veut plus mesuré. Pour lui, "cette campagne est juste, mais pas suffisante". "Elle doit dire ce qu'elle dit là, mais dans la communication sur l'alcool, il manque d'autres éléments qui n'ont pas été diffusés alors qu'ils avaient été préparés", explique-t-il, ajoutant que "les stratégies de réduction du risque sont toujours suspectées d'être une incitation à consommer. Or ce n'est pas ça qu'elles font". "Elles s'adressent à des personnes qui pour l'instant sont des consommateurs et elles leur donnent des conseils pour que leur consommation soit moins grave", précise-t-il.
Pour autant, Jean-Pierre Couteron regrette que cette campagne ne soit pas accompagnée d'une communication plus globale : "On rentre dans la période des week-ends d'intégration, on rentre dans la période des fêtes étudiantes. Chaque année, il y a des morts à cause de ça. Prévoir une stratégie de réduction des risques pour ce public-là, à ce moment-là, c'est une bonne chose, mais bien sûr, il manque une communication sur les risques liés à la consommation d'alcool", insiste-t-il.
De son côté, Santé publique France défend sa copie. Elle assure, chiffres à l'appui, que ce type de compagne incite les jeunes à réduire leur consommation.