FLASH-BACK - Nostalgie d'une période révolue, souvenirs communs ... À l'occasion de la journée des "best friends", ce samedi 8 juin, nous avons demandé à des spécialistes ce que nous recherchions en gardant le contact avec des amis de longue date avec qui nous n'avons finalement plus grand-chose en commun...
Anniversaires, mariages, naissances, maladies... Nos amis nous accompagnent tout au long des étapes importantes de notre vie. Mais les liens évoluent avec le temps et nous les maintenons souvent avec des copains de longue date avec qui nous n'avons plus grand-chose en commun et que nous voyons finalement très peu. Pourquoi mettons-nous un point d'honneur à ne pas nous détacher d'eux ? Que cherchons-nous à travers ce besoin de garder le contact ? À l'occasion du "Best Friends Day" ce samedi 8 juin, une fête des meilleurs amis venue aux Etats-Unis, LCI a recueilli des témoignages et posé la question à des spécialistes.
Chloé, 28 ans, nous confie que ses amis d'enfance sont essentiels à son équilibre personnel : "Je fréquente toujours ma bande du collège et du lycée, nous avons grandi ensemble et avons fait les 400 coups. Même si aujourd'hui, nous avons évolué, suivi des parcours différents et que nous passons moins en moins de temps ensemble... Nous avons une histoire commune qui nous lie chacun l'un à l'autre, et qui fait que quoi qu'il arrive, on prendra toujours soin d'être là pour les grandes étapes de nos vies respectives et s'entraider quand il le faut".
C'est en effet sur l'expérience vécue que se crée la relation, selon Antoine Nobilet, psychologue : "On s'aime parce qu'on vit des choses ensemble. En amour, comme en amitié. Et c'est cette expérience qui fonde et maintient l'amitié dans le temps : elle crée un espace mental commun, une réalité partagée".
"Chaque ami du passé est un témoin de notre histoire, de notre aventure"
Antoine Nobillet
Ces amis de longue date sont une part fondatrice d'une période de notre vie, de la personne que nous sommes devenue. "Un ami, c'est un souvenir, une part de soi qu'on ne peut ou on ne veut pas se résoudre à voir partir. On rejoint ainsi le besoin de l'humain de donner un sens à tout, y compris à sa propre vie. On pourrait même parler de storytelling : chaque ami du passé est un témoin de notre histoire, de notre aventure. Et nous sommes son témoin à lui", poursuit le spécialiste.
C'est le cas de Jeanne, 41 ans : "Mes amis d’enfance, ce sont les sœurs et frères que je n’ai jamais eu la chance d’avoir. Ce sont mes piliers, ils savent tout de moi, et moi tout d’eux. On se voit peu vu qu’on est aux quatre coins du globe mais lorsqu’on arrive à se croiser, rien n'a changé et on parle de nos nouveaux projets, des hauts et des bas qu'on a vécus entre-temps. C’est reposant, réconfortant. Indispensable".
"Comme dans un couple, il ne faut pas se contenter de raviver le souvenir : il faut en créer de nouveaux. Et c'est là que l'amitié de longue date prend tout son sens. Ce ne sont pas des 'témoins souvenirs' mais des 'témoins présents', et c'est pour cela que nous gardons contact avec eux", analyse Antoine Nobillet.
Miroir nécessaire ou intérêts recherchés
Mais ces "vieux amis" peuvent être distingués en deux types pour la psychanalyste Fatima Seddiki, également sollicitée par LCI. Il y a effectivement d'un côté ceux de notre enfance, avec qui l'on a grandi et "qui font donc partie de notre socle". Et de l'autre, ceux qui sont rentrés un peu plus tard dans nos vies mais "avec qui nous partageons plus de valeurs communes".
En témoigne Ariane, 38 ans, qui a vu sa relation avec sa meilleure amie actuelle se développer en grandissant : "Avec Marine, on se connaissait plus jeunes mais nous n'avions jamais été très proches. Vers la trentaine, un peu par hasard lors d'un mariage commun, on s'est rendu compte qu'on avait beaucoup de similitudes question personnalité. Les mêmes avis politiques et sociétaux, les mêmes envies de réussite, d'évolution de carrière... Et ça n'a pas bougé depuis, on ne se voit pas souvent mais c'est cérébral entre nous, j'ai l'impression d'y gagner comme elle y gagne".
"Avec ces amis-là, nous avons réellement des affinités intellectuelles, nous partageons des centres d'intérêt, des idées..., observe notre psychanalyste. Ils représentent un curseur de notre chemin de vie. Ils sont un miroir de notre façon de vivre, d'évoluer ou de stagner. En somme, nous gardons contact avec eux car ils reflètent ce que nous sommes, ils sont nos meilleurs juges car ils nous ressemblent : ils sont les témoins de ce que nous sommes, de ce que nous étions et de ce que nous allons devenir".
"J’ai vu des gens autour de moi s’accrocher à des relations anciennes pour profiter d'une maison de vacances agréablement située"
Estelle, 52 ans
À l'inverse, il arrive que certaines personnes maintiennent des liens avec d'autres simplement par pur intérêt. Ce que dénonce Estelle, 52 ans. "Je n’ai gardé contact avec personne, je croise quelques copains de l’adolescence mais on ne se 'fréquente'pas, on parle 5 minutes et basta. Pour moi, maintenir à tout prix les liens, c'est surtout de la mauvaise foi : j’ai vu des gens autour de moi s’accrocher à des relations anciennes, stériles, par habitude, par peur du vide relationnel, par nostalgie d’une époque révolue, par désir d’épater aussi leurs anciens amis qui n’ont pas aussi bien réussi ou pour profiter d’une maison de vacances agréablement située".
Dans ce cas-là, le seul but est de profiter des avantages que peut apporter cette amitié, qui n'est au final pas sincère. Il s'agit bien souvent de combler un manque, de se mettre en avant pour se glorifier soi-même ou encore d'abuser de la gentillesse de la personne en question. Pour Emma Levillair, psychologue clinicienne, "si une amitié est fondée sur une dépendance affective, on compte alors sur l'autre pour remplir un vide personnel. Et c'est une amitié qui n'est pas saine".
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