Le 20h

TÉMOIGNAGES - "Une catastrophe" : les ravages du culte de la minceur sur les réseaux sociaux

par La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Ani Basar, Séverine Fortin, Christophe Moutot
Publié le 1 juin 2023 à 11h34, mis à jour le 1 juin 2023 à 12h11
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

C'est devenu une tendance : des femmes, souvent très jeunes, font tout pour devenir mince, parfois même jusqu’à la maigreur.
Un diktat véhiculé le plus souvent par les réseaux sociaux, alors que la presse féminine, elle, a fait beaucoup d'efforts.
En France, quatre femmes sur dix s'habillent au moins en taille 44.

Des silhouettes squelettiques et des jambes interminables. Une certaine image de la femme, comme un objectif à atteindre. Sur les réseaux sociaux, les internautes se lancent chaque jour de nouveaux défis : ne pas dépasser la largeur d’une feuille A4, ou même faire deux fois le tour de sa taille avec une paire d'écouteurs.

Plus ça avance, plus on se rend compte que c'est toujours plus, et on ne s'arrête pas

Louna, 20 ans, anciennement atteinte d'anorexie

Pour certaines adolescentes, cela peut sembler anodin, mais les conséquences peuvent être graves. Louna, 20 ans, a sombré dans l'anorexie en partie, à cause de ces vidéos. "Toutes les solutions miracle que l'on voit en ligne, ça donne envie", affirme la jeune fille. Aujourd’hui, elle va mieux, mais elle est toujours suivie. Il y a tout juste un an, elle ne pesait que 42 kilos pour 1,78 mètre. "On a juste l'impression qu'on va perdre un certain nombre de kilos et qu'après, on ira mieux. Mais en fait, plus ça avance, plus on se rend compte que c'est toujours plus, et on ne s'arrête pas", explique la jeune femme. 

De la boisson detox au médicament contre le diabète

Un engrenage, qui touche de plus en plus d'adolescentes, et notamment depuis le confinement. "C'est des périodes assez anxiogènes pour tout le monde, la peur de grossir, parce qu'il y avait ce côté 'enfermé' qui pouvait laisser sous-entendre qu'il y aurait moins d'activité physique et donc une prise de poids. J'ai vu certaines patientes démarrer en faisant simplement attention, pour arriver finalement sur quelque chose de terriblement restreint", alerte le docteur Corinne Chicheportiche, spécialiste du trouble du comportement alimentaire. 

Pour maigrir vite, de plus en plus d'influenceurs proposent leurs solutions miracle pour, par exemple, perdre 5 kg en un mois, à coup de jeûne, de sachets ou boissons detox avec produits dangereux. Quitte, même, à user de médicaments injectables contre le diabète. "C'est abusé, c'est une catastrophe", soupire Taïna. Ancienne anorexique, elle se bat contre ces contenus. À travers les réseaux sociaux, elle alerte les jeunes filles sur les distances à prendre avec ces publications. "Il y a une forme d'addiction là-dedans. J'étais constamment confrontée à des filles belles, maigres, enfin, c'est ce que je pensais puisque finalement, tout ça, ça n'existe pas. On montre que ce qu'on a envie de montrer. Donc moi, j'en parle, de la souffrance que je ressens par rapport à mes troubles alimentaires, mais 99% des gens ne le font pas", explique la jeune femme.

On essaye de les renormaliser. Les mannequins restent des filles qui sont extrêmement minces, donc on les fait grossir en retouchant un peu la photo

Véronique Philipponnat, directrice de la rédaction de ELLE

Sur la toile, les plateformes font de plus en plus attention aux dérives éventuelles, mais difficile de tout contrôler. La presse féminine, longtemps pointée du doigt pour apologie de la maigreur, a pris conscience du problème. En pleine préparation de sa prochaine édition, l'équipe d'un magazine féminin veille à ne pas envoyer le mauvais message. Ils retouchent, par exemple, des os un peu trop saillants sur une photographie. "On essaye de les renormaliser. Les mannequins restent des filles qui sont extrêmement minces, donc on les fait grossir en retouchant un peu la photo", développe Véronique Philipponnat, directrice de la rédaction de ELLE

En 2018, le magazine ELLE a signé une charte interdisant notamment la promotion de mannequins trop maigres. "La taille 32 a été supprimée des castings. On essaye d'équilibrer, sur cinquante numéros, des corps un peu différents. Là par exemple, on va en faire une qui sera plus ronde cet été, mais on ne va pas l'appeler 'spécial rondes'", ajoute-t-elle. 

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Pour éviter de stigmatiser, certaines marques préfèrent mettre en valeur la diversité. Une enseigne, où l'une de nos équipes est allée filmer, choisit des mannequins de toutes les tailles pour présenter ses collections de lingerie et de maillot de bain. "Le fait de montrer davantage toutes les femmes auxquelles on s'adresse, de les avoir au défilé, de les avoir dans les campagnes de publicité, ça a fait sauter un verrou. Et après, par un effet boule de neige, comme on en a plus, on en vend plus aussi", analyse Olivia Greco, directrice de Style.

Des modèles adaptés à toutes les morphologies pour toucher un maximum de clientes, rien d'étonnant. Aujourd'hui, quatre femmes sur dix s'habillent au moins en taille 44.


La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Ani Basar, Séverine Fortin, Christophe Moutot

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