SOUS LE SOLEIL - La tanorexie est au bronzage ce que l'anorexie est à la maigreur. Cette addiction au soleil pousse ceux qui en sont atteints à se faire bronzer plusieurs fois par semaine et à être obsédés par la couleur de leur teint. Une drogue qui peut s'avérer dangereuse, alors que l'Agence nationale de sécurité sanitaire, dans un avis rendu ce mercredi, demande "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels" devant le risque de cancer "avéré".
Lorsqu’il fait gris, Margaux a le moral en berne. La jeune femme originaire de Besançon est "tanorexique", autrement dit, elle est totalement accro au soleil. "Pendant l'été, je ne vis qu’à partir de 17 heures, quand le soleil tape moins... Avant, je suis indisponible, mode monoï et bronzage activé", raconte-t-elle à LCI. Cette infirmière en réanimation va jusqu'à choisir de "travailler la nuit l'été" pour "pouvoir bronzer toute la journée". "Si par malheur il m’arrive de travailler par un grand soleil et 30 degrés, c’est la déprime assurée!", s'exclame-t-elle. Le reste de l'année, Margaux fait des UV "une a deux fois par semaine" pour préserver le teint qu'elle a "travaillé tout l’été". "C’est vraiment une question esthétique pour moi. Je n’aime pas avoir la peau blanche. Je me trouve triste."
Si Margaux associe ces rituels à sa volonté d’avoir un joli teint hâlé, si apprécié dans notre société occidentale, des scientifiques du Centre de recherche de neurosciences d’Adelaïde, en Australie, pensent que ce type d’addiction, qui touche principalement les femmes et les personnes de moins de 40 ans, a aussi à voir avec des facteurs physiologiques. Leurs recherches, rapportées début septembre par Le Monde, supposent que l’inflammation cutanée, qui prend la forme d’un bronzage de la peau ou d'un coup de soleil, entraîne une réaction à l’intérieur du cerveau. Celle-ci mobiliserait notamment des neurotransmetteurs connus pour leur implication dans les comportements de dépendance. Selon eux, cette obsession à s’exposer au soleil pourrait ainsi "affecter la neurochimie du cerveau d’une façon similaire à l’usage répété de drogue". La production, grâce au soleil, de mélanine, ce pigment qui colore la peau, libère également des endorphines. Ces hormones proches de la morphine délivrent une sensation de bien-être et apaisent la douleur.
Des effets bénéfiques, mais pas que
Le soleil, une drogue qui fait du bien ? Pas si sûr. Car au-delà de ses effets démontrés sur le moral, ses rayons sont une réelle menace pour la peau. "Les ultraviolets peuvent provoquer des dommages irréversibles, et dans les cas les plus graves, mortels", rappelle ainsi le ministère de la Santé. De trop longues ou de trop fréquentes expositions peuvent entraîner des brûlures de la peau ainsi que son vieillissement prématuré, des allergies et, dans les cas les plus graves, des cancers. Les yeux peuvent quant à eux être touchés, à court terme, par des lésions graves, et à long terme par la cataracte ou des dégénérescences de la rétine.
Et les UV artificiels ? Depuis 2015, les dermatologues et l'Académie de médecine réclament l'interdiction des cabines de bronzage. Ils ont été appuyés ce mercredi par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dont un avis demande "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels". "On recommande l'arrêt de l'activité liée au bronzage artificiel, et aussi l'arrêt de la vente d'appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers", a développé Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques aux agents physiques à l’Anses. Selon lui, "les données scientifiques s'accumulent, il n'y a plus de doute, on a des preuves solides, le risque de cancer est avéré".
Pour faire face à ces dangers et pour calmer les ardeurs des "drogués" des UV, les centres de bronzage imposent un délai de 48 heures entre chaque séance. "De toute façon, nous avons un système informatique qui bloque la réservation d'une nouvelle séance si le client est déjà venu il y a trop peu de temps", nous informe l'un de ces centres au téléphone. Une mesure qui fait bondir la dermatologue Laurence Netter : "C'est n'importe quoi !", s'exclame-t-elle. Cette restriction est totalement hypocrite, dans la mesure où les risques liés à ces séances d'UV sont déjà largement connus. "C'est comme si on limitait les fumeurs à une cigarette toutes les heures. On sait que les UV sont néfastes pour la peau et peuvent entraîner des cancers. Limiter à une séance tous les deux jours, ça ne veut strictement rien dire. La première séance est déjà de trop", déclare-t-elle. "Nous, on reçoit dans nos cabinets des gens qui ont fait des séances d'UV toute leur vie et qui sont complètement cramés. Ils ont des kératoses, des kératoses actiniques [types de lésions pré-cancéreuses, ndlr.], des mélanomes, des carcinomes [types de cancers de la peau, ndlr.]..."
La dermatologue lance également un avertissement aux adeptes des séances de bronzage prolongé au soleil : "Ce n'est pas parce que vous avez mis de la crème solaire qu'il faut rester à cramer sur la plage, avertit la dermatologue. Sur le long terme, et même avec un indice de protection 50, vous aurez les mêmes effets que sans vous être protégé, c'est-à-dire le vieillissement de la peau et le risque de cancer."
La fatalité comme coup d'arrêt
Alors que le bronzage représente un juteux business (231 millions d'euros de chiffre d'affaire par an rien que pour les centres de bronzage en France), il n'existe pour l'heure pas de chiffres officiels sur les personnes atteintes de tanorexie. Aucun traitement n'a non plus été mis en place. Ainsi, certaines personnes, à l'image de cette Britannique qui témoignait en 2015 sur la BBC, ne parviennent à s'arrêter que lorsqu'un cancer leur est diagnostiqué. "Ma vie a changé pour toujours quand, le 5 février 2014, on m'a annoncé que j'avais un cancer [...] Cela a été la période la plus difficile de ma vie, mais je suis si heureuse d'y avoir survécu et d'être toujours là pour avertir les autres", racontait-elle au média britannique.
Selon un calcul récent publié par l'Anses, en France en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10.340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l'exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l'exposition aux appareils de bronzage (1,5% des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6% chez les femmes).
Aux Etats-Unis, les chercheurs suggèrent la création de groupes de soutien, à l'image des alcooliques anonymes. La Skin Cancer Foundation milite quant à elle pour une meilleure prévention "à destination des jeunes enfants, des adolescents et de leurs parents", et pour l'interdiction aux enfants de l'utilisation des appareils de bronzage à domicile.
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