Bientôt un antidote contre l'amanite phalloïde, champignon le plus mortel au monde ?

par B.L. avec AFP
Publié le 16 mai 2023 à 20h03, mis à jour le 17 mai 2023 à 8h11

Source : TF1 Info

Des chercheurs chinois pensent avoir mis la main sur un produit pouvant faire office d'antidote en cas de consommation de l'amanite phalloïde.
Les premiers tests, in vitro et sur des animaux, ont produit des résultats encourageants.
L'amanite phalloïde est responsable de neuf empoisonnements mortels sur 10 en France, selon la société mycologique.

Un vide bientôt comblé ? Une étude publiée mardi 16 mai laisse entrevoir un possible remède contre l'un des champignons les plus dangereux au monde : l'amanite phalloïde. À ce jour, aucun antidote n'existe. Le remède-candidat est un produit très connu des professionnels de santé, puisqu'il s'agit du vert d'indocyanine. Ce colorant est, notamment, utilisé pour des diagnostics médicaux par imagerie.

Les empoisonnements par champignons sont la principale cause de mortalité dans les cas d'intoxication alimentaire à travers le monde. En France, deux à trois personnes meurent chaque année après avoir consommé ce champignon. Selon la société mycologique française, l'amanite phalloïde est "responsable de plus de 90 % des empoisonnements mortels". 22 personnes sont mortes en France entre 2010 et 2017 après une intoxication aux champignons, essentiellement des amanites phalloïdes, selon des chiffres officiels publiés en 2019 par Santé Publique France.

Si ce champignon cause autant de dégâts, c'est surtout parce qu'il est régulièrement confondu avec des espèces comestibles, à cause de ses lamelles blanches. La consommation d'un seul champignon de l'espèce peut s'avérer fatale. L'intoxication phalloïdienne endommageant le foie et les reins.

"Cette connexion inattendue nous a déconcertés"

Jusqu'ici, la composition du principal constituant toxique du champignon, l'alpha-amanitine, était très mal connue. Grâce à un procédé de criblage génétique, ils sont parvenus à identifier la protéine responsable de la toxicité du champignon. C'est ensuite en consultant une base de données du gendarme américain du médicament qu'ils ont trouvé vert d'indocyanine (ICG) comme pouvant inhiber la protéine toxique. "Cette connexion inattendue nous a déconcertés, à juste titre", a déclaré à l'Agence France-Presse Qiaoping Wang, chercheur et principal auteur de l'étude.

L'équipe a d'abord testé l'antidote sur des cellules de foie in vitro, puis sur une souris. Dans les deux cas, le produit "a démontré un potentiel significatif dans l'atténuation de l'effet toxique" de l'empoisonnement par le champignon, explique l'un des chercheurs. "Cette molécule présente un immense potentiel pour le traitement des cas d'intoxication humaine par les champignons et pourrait constituer le tout premier antidote spécifique avec une protéine ciblée", selon lui. 

Si elle s'avère aussi efficace chez l'humain que chez la souris, "elle pourrait sauver de nombreuses vies". L'équipe a désormais l'intention de tester les effets du vert d'indocyanine sur l'empoisonnement chez l'humain. 


B.L. avec AFP

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