DISCUSSION - Depuis plusieurs semaines, les médecins peuvent avoir accès à la liste de leurs patients non vaccinés. Le but : tenter de faire changer d’avis les dubitatifs, sans pour autant les stigmatiser ni les brusquer.
"Tu ne voudrais pas le faire, là ?" Pour les médecins, obligés de faire dans la dentelle, c’est un travail de fourmi. Un à un, le docteur Jean-Louis Clouet, dont le cabinet est implanté aux Sorinières, une commune de Loire-Atlantique, contacte ses patients encore non-vaccinés contre le Covid-19 dans le reportage en en-tête, pour les sensibiliser à l’importance du vaccin. L’objectif est d’apaiser les inquiétudes et de contrer les idées reçues qui restent coriaces. "J’ai peur, j’ai entendu l’autre jour qu’un mec était mort après la deuxième injection", rétorque une trentenaire au bout du fil. "Il y a trois milliards de personnes qui ne sont pas mortes", tente de la rassurer son généraliste, tout en gardant un ton léger.
Une posture posée, sans pression, mais efficace. Quelques arguments plus tard, la patiente finit par sauter le pas et réserve un créneau de vaccination en octobre, dans le cabinet de son médecin. "Yes, un de plus !", se réjouit le docteur. "Je ne joue pas sur la peur, j’essaie de les convaincre honnêtement, c’est tout, de leur dire que c’est pour leur bien", confie-t-il.
500 patients à contacter pour un seul médecin
Depuis quelques jours, le praticien dispose d’un outil supplémentaire : une liste envoyée par l’Assurance maladie, qui recense ses patients non-vaccinés. Dans son cas, c’est un tiers de sa patientèle qui est concernée, soit 500 coups de fil à passer. Dans cette entreprise titanesque, les généralistes peuvent compter sur leur proximité avec leurs patients. "J’ai confiance en vous oui, mais dans le vaccin, qu’à moitié", reconnaît une patiente au combiné.
L’accès à ce registre avait été demandé de longue date par les médecins, et promis par le gouvernement, mais la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) devait donner son accord. C’est chose faite le 7 juillet dernier, mais avec quelques réserves. La transmission des listes ne peut se faire "qu’à la demande du médecin traitant", et non "systématiquement à l’ensemble" des praticiens. Le registre devra aussi être supprimé par le docteur "dès la fin de l’action de sensibilisation".
Enfin, la Cnil encourageait les généralistes à contacter les patients concernés en vue "d’informer et de sensibiliser les personnes, et non d’essayer de les convaincre lorsqu’elles indiqueront ne pas souhaiter se faire vacciner".
Cinq millions de Français à risque pas encore vaccinés au 22 juillet
Pour l’heure, environ 36% des Français n’ont reçu aucune dose de vaccin, tandis que près de 54% de la population est complètement vaccinée, selon les dernières données agrégées par le site CovidTracker, en date du 2 août.
Parmi les non-vaccinés, on compte encore cinq millions de personnes souffrant au moins d’une pathologie, s’alarmait le 22 juillet l’Assurance maladie. Dans les faits, ce chiffre pourrait être revu à la baisse en ce qui concerne les facteurs à risque pour le coronavirus, puisque toutes les comorbidités prises en compte n’en sont pas forcément.
Mais certains profils vulnérables restent encore peu vaccinés, comme les personnes obèses, diabétiques, mais aussi les patients souffrant de troubles psychiatriques et les porteurs du VIH. Un million de personnes âgées de plus de 75 ans n’ont pas reçu d’injection non plus, rapporte l’Assurance maladie.
Selon les estimations de CovidTracker, "l'objectif de vacciner l'ensemble de la population adulte serait atteint le 14 novembre 2021" si le rythme actuel des deux dernières semaines se maintient.
Tout
TF1 Info