"Les gens sont affolés" : médecins et pharmaciens face aux doutes sur le vaccin AstraZeneca

M.D.
Publié le 12 mars 2021 à 18h12, mis à jour le 15 mars 2021 à 16h12

Source : JT 13h Semaine

REPORTAGE - Alors que plusieurs pays ont suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca, médecins et pharmaciens sont de plus en plus confrontés au scepticisme des patients avant la vaccination.

Si la campagne de vaccination s'accélère dans l’Hexagone, médecins et pharmaciens sont confrontés depuis quelques jours à des annulations en cascade. À la suite d'un problème lié à des troubles de la coagulation, le Danemark, suivi d'autres pays européens, a décidé de suspendre, par précaution, l'utilisation du vaccin développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l'université d'Oxford. En première ligne, se trouvent les professionnels de santé qui doivent rassurer les patients, nombreux à s’interroger.

Ce vendredi matin à la pharmacie des Terrils, à Liévin dans le Pas-de-Calais, le premier patient de la journée a annulé à la dernière minute son rendez-vous. "Il a tout simplement peur des conséquences pour sa santé, à cause du vaccin AstraZeneca et de ce qu’il a lu dans les médias sur le risque de caillot et d’embolie", rapporte Nicolas Bonafos, le responsable de l’officine.  "Pour nous, il n’y pas de souci, a priori, d’autant qu’il est toujours délivré en France", explique ce pharmacien, qui doit désormais rassurer en plus de vacciner.

La majorité des patients, bien qu’inquiets, acceptent malgré tout de se recevoir l'injection. Reste que beaucoup font montre de scepticisme en posant pléthore de questions : "J’ai contacté le CHU de Lille. On m’a dit qu’il n’y avait aucune crainte à avoir et qu’il fallait absolument que je me fasse vacciner", raconte un quinquagénaire. Rassuré, il a finalement reçu son injection, comme prévu. Les professionnels de santé se veulent compréhensifs. "La décision dans plusieurs pays de suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca sème le doute dans la tête des gens. Ce qu’on peut comprendre", estime Audrey Beeuwsaert, pharmacienne à Liévin.

Les doses qui leur étaient destinées risquent d’être perdues
Un médecin généraliste, dans les Yvelines

À ce jour, un seul patient en France a montré des effets secondaires de thrombose après la vaccination avec le vaccin d’AstraZeneca. Le groupe pharmaceutique britannique a affirmé ce vendredi 12 mars qu'il n'y avait "aucune preuve de risque aggravé" de caillot sanguin entraîné par son vaccin contre le Covid-19. La veille, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé l’ouverture d’une enquête concernant ces possibles effets secondaires, tout en indiquant que celui-ci restait sûr.

 

"Avec toutes les rumeurs qui circulent en ce moment, les gens sont complètement affolés", constate un médecin généraliste, contacté par LCI, qui exerce dans les Yvelines. Dans son cabinet médical, sur seize patients, quatre ont déjà annulé leur rendez-vous ces derniers jours. "Les doses qui leur étaient destinées risquent d’être perdues", s’inquiète le praticien. À l'entendre, ces patients ont préféré parcourir des kilomètres pour se rendre dans des centres de vaccination afin de bénéficier du vaccin de Pfizer/BioNTech. "Avant, les gens avaient peur que cela modifie leur génome à cause de l’ARN Messager. Et maintenant, c’est lui qui a la cote", constate, dépité, ce professionnel de santé.

Selon un sondage Harris Interactive pour LCI, 64% des Français se déclarent prêts à être vaccinés contre le Covid-19, soit un bond de 8 points depuis le 7 janvier. Pour autant, 57 % des sondés disent toutefois ne pas faire confiance au vaccin AstraZeneca. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé ce vendredi qu'il n'y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin, le seul qu'elle ait homologué avec celui de Pfizer-BioNTech. En France, les autorités de santé rappellent que le risque lié à ces potentiels effets secondaires se révèle moins élevé que le risque de complications en cas d’hospitalisation à la suite d'une infection au Covid-19.


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