Crème solaire : les 8 erreurs à éviter pour bien l'utiliser

En été, le mercure s'emballe et les rayons du soleil, eux, se font bien plus redoutables. Impossible donc de faire l'impasse sur la crème solaire, la seule protection qui existe pour l'heure pour éviter les coups de soleil. "Il n'y a pas de substitut", nous assure la docteure Isabelle Rousseaux, dermatologue à Lille, membre du bureau du Syndicat des dermatologues. 

Il existe actuellement deux variétés de crèmes, à l'efficacité semblable : des crèmes à filtres chimiques, produit le plus vendu et dont la formule absorbe les UV, ou à écrans minéraux, constituées des petites particules qui réfléchissent les rayons du soleil. En théorie, ces dernières sont moins nocives pour la peau, mais grâce à de récents progrès au niveau de la composition des crèmes à filtre, les substances dangereuses ont été écartées. Les personnes à peau fragile peuvent privilégier une formule à écrans, mais pour toutes les autres, les deux variétés se valent. Mais que vous choisissiez l'une ou l'autre de ces crèmes, certaines mauvaises habitudes pourraient vous faire perdre en protection. Tour d'horizon des réflexes à bannir. 

Sur les réseaux sociaux et sur des sites internet essaiment parfois des tutoriels prétendant vous permettre de réaliser vous-même une crème solaire, à base d'huiles végétales la plupart du temps. "À fuir", réagit sans détours Isabelle Rousseaux : "En matière de crème solaire, même les crèmes bios ne sont pas encore de bonne qualité. Il ne faut vraiment ne pas hésiter à utiliser celles vendues en pharmacie ou grande surface", martèle la spécialiste. Quitte à privilégier des produits à écrans minéraux, plus respectueux de l'environnement.

Dès que l'on s'expose au soleil, "il faut mettre un vêtement plutôt couvrant, un T-shirt et un bermuda, chapeau et lunettes de soleil, et appliquer de la crème sur tout ce qui dépasse", résume la dermatologue. Les zones les plus exposées sont le visage, les mains, le cou et le décolleté. Mais aucune partie du corps n'est à oublier, du moment qu'elle est à nu face aux rayons. 

Une crème pour le corps peut parfaitement convenir pour la peau du visage également, à moins d'avoir une peau particulièrement sensible qui nécessite un tube spécifique. Par ailleurs, le cuir chevelu n'est pas en reste : s'il n'est pas possible de les protéger d'un chapeau, les crânes dégarnis doivent aussi être protégés, pourquoi pas avec une crème sous forme de brume, plus pratique.

Quant à la quantité de produit à appliquer, n'ayez pas peur d'avoir la main lourde. "Il faut en mettre beaucoup : pour le visage par exemple, on recommande l'équivalent d'une cuillère à café rase", explique Isabelle Rousseaux. Une crème à étaler et à bien faire pénétrer dès le matin, avant de sortir. 

Mais en appliquer uniquement le matin ne suffit pas. "Tout au long de l'été, l'idéal est de mettre une crème solaire tous les matins comme une crème de base, une crème de jour, puis en remettre dans la journée si l'on sort", préconise la spécialiste. Si vous vous situez dans une zone où vous ne vous exposez pas trop, une seconde application à midi peut suffire. "En revanche, si vous restez au soleil, il faut en appliquer toutes les deux heures", poursuit-elle. Mais ne vous laissez pas surprendre pour autant par un temps nuageux, propice aux coups de soleil en dépit des apparences, puisqu'il "laisse passer les UV et donne une fausse impression de sécurité".

Il ne faut pas non plus oublier que certaines crèmes mettent plus de temps à agir que d'autres : avec les crèmes à écrans minéraux, l'efficacité est immédiate, mais les crèmes solaires à filtres mettent en général 20 minutes à faire effet, "le temps qu'elles s'incorporent dans l'épiderme". Il faut donc anticiper l'application plutôt que d'en étaler à la hâte, et attendre un peu avant de s'exposer, y compris juste avant d'aller se baigner par exemple.

Si les peaux claires sont plus sensibles que d'autres aux UVB, qui brûlent l'épiderme et provoquent des coups de soleil, toutes sont exposées aux UVA, qui entraînent des risques de cancers de la peau et de vieillissement précoce de celle-ci. Les crèmes solaires ne protègent pas à 100% contre ceux-ci, mais parviennent tout de même à limiter leur effet. "Les personnes aux peaux les plus foncées peuvent adopter un indice un peu moins fort, un 30 au lieu d'un 50, mais il faut absolument se protéger", indique Isabelle Rousseaux. 

Les vêtements aux fibres les plus resserrées protègent des rayons du soleil, mais attention aux matières plus légères. "On peut tout à fait attraper un coup de soleil avec un tissu un peu aéré. Ce sera bien sûr moins risqué que sans vêtements, mais il faut vraiment faire attention", recommande la dermatologue. Une couche de crème sous votre T-shirt ou votre pantalon très fin peut donc s'avérer utile, sachant que "tout dépend de l'ensoleillement et de l'heure à laquelle on s'expose". Les enfants, eux, doivent tant que possible être habillés avec des vêtements qui bloquent les rayons. 

La peau des enfants, surtout les plus jeunes, est en effet particulièrement sensible aux rayons du soleil, et nécessite donc une protection renforcée. "Une étude américaine a prouvé que lorsque l'on a reçu beaucoup de coups de soleil dans l'enfance, on a beaucoup plus de risque d'avoir des cancers de la peau plus tard", signale la spécialiste. 

Pour une protection optimale, "le mieux, c'est un T-shirt spécial qui ne laisse pas passer les rayons, un bermuda, chapeau et lunettes de soleil, et les crémer sur tout ce qui dépasse". Pas la peine en revanche d'investir dans une crème spécifique pour enfants : "il existe aujourd'hui de très bonnes crèmes pour toute la famille, puisque beaucoup ont une formulation semblable, le tout est d'en mettre", estime la dermatologue. Dans l'idéal, privilégiez si possible une crème à écrans minéraux.

"La durée de conservation des crèmes s'étend en principe sur trois ans, mais ça peut être bien moins. Dans les faits, une crème utilisée tout l'été peut être jetée à la fin de la saison, puisqu'elle ne sera plus efficace l'année suivante", explique Isabelle Rousseaux. L'an passé, une étude du CNRS révélait que l'un des composants de ces crèmes, l'octocrylene, un filtre à UV inoffensif pour l'homme mais qui se transforme au bout d'un certain temps en benzophénone, un perturbateur endocrinien. 

"C'est un mal invisible : vous n'aurez pas de rougeur ni de réaction, mais à long terme, à l'usage, vous augmentez les risques de problèmes de santé, comme des problèmes de reproduction ou des cancers", explique dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus Kahina Benhebri, fondactrice de l'application Mireille, qui évalue la qualité des cosmétiques. Le flacon indique en général la durée de conservation sous les sigles "3M", "6M" ou "12M", le M renvoyant aux mois. Si le tube n'a pas été ouvert en revanche, vous pouvez appliquer une crème même périmée depuis six mois.  

Une fois tous ces bons conseils en tête, il ne faut pas oublier le principal : se protéger avec une crème solaire ne dispense pas de limiter son exposition au soleil, qui abîme la peau. "L'effet de la crème solaire est un peu vicieux : elle protège surtout des UVB et évite les coups de soleil. Mais même si elle fait barrage aux UVA, elle ne protège pas à 100% contre eux, qui vont plus en profondeur au niveau dermique, ce qui entraîne des cancers de la peau et accélère son vieillissement", détaille-t-elle. Sans oublier l'argument esthétique : "Et puis si vous prenez un coup de soleil, vous pouvez dire adieu à votre bronzage. Alors que si vous y allez tout doucement, un peu à la fois, vous aurez un bronzage bien plus harmonieux".