STRATÉGIE - Chaque jour, 1,5 million de Français se font tester pour savoir s'ils sont positifs au Covid. À la clé, des files d'attente interminables, des pharmaciens débordés... au point que certains épidémiologistes se demandent s'il ne vaut pas mieux cibler ces tests.
Jour après jour, partout, les files d'attente s'allongent, les biologistes sont débordés, et une question se pose : la ruée sur les tests de dépistage a-t-elle encore un sens ? La semaine dernière, dix millions de tests ont été réalisés en France. Ils ont révélé en moyenne plus de 265.837 nouveaux cas par jour. Face à un tel niveau de contamination, certains médecins doutent.
"On se demande à quoi ça sert franchement de tester tout le monde", s'étonne dans la vidéo du 20H de TF1 en tête de cet article le Dr. Jean-Marc Breton, biologiste médical au sein d'un laboratoire. "Sur les patients que nous testons ici, nous avons plus de 50% de positifs".
D'autres mettent en avant le coût d'une telle campagne massive de tests. "Aujourd'hui, ça ne fonctionne plus. Donc si ça ne fonctionne plus, il faut changer de stratégie. Pour avoir des courbes épidémiologiques, on n'est pas obligé d'avoir tous les cas, on peut faire ça sur des échantillonnages. Je crois que faire systématiquement un dépistage de masse qui coût des milliards d'euros à la société, ce n'est pas forcément la meilleure stratégie aujourd'hui pour lutter contre l'épidémie", souligne auprès de TF1 Benjamin Rossi, infectiologue au centre hospitalier Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Certains scientifiques voient au contraire dans ces tests massifs l'outil indispensable pour surveiller la circulation du virus. "On a besoin de tester beaucoup pour continuer à avoir un minimum d'avance sur le virus. Si on n'a pas la corrélation entre le nombre de cas et le nombre d'hospitalisations, on n'aura pas de données sur la virulence véritable de ce variant", assure Anne Sénéquier, médecin et co-directrice de l'Observatoire de la santé mondiale à l'IRIS.
En attendant, face à la forte affluence, le gouvernement a décidé de renforcer l'offre de tests et de modifier le protocole sanitaire à l'école pour que moins de tests soient réalisés. Face à la saturation, la Direction générale de la santé a également demandé aux professionnels de santé de tester en priorité les personnes symptomatiques et contacts à risque, celles qui disposent d'une prescription médicale ou encore celles qui ont déjà effectué un autotest dont le résultat est positif.
Plusieurs centaines de centres de dépistage supplémentaires vont par ailleurs ouvrir et les personnes autorisées à faire des tests seront plus nombreuses. Mais pour les professionnels de santé, cela ne suffira pas à désengorger pharmacies et laboratoires.
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