Depuis le 1er février, les orthoptistes peuvent prescrire des verres correcteurs et des lentilles de contact en direct, pour les patients qui consultent pour la première fois pour des lunettes.Ceux qui portent déjà une correction pourront aussi en bénéficier, mais seulement cinq ans après leur précédent bilan visuel chez un ophtalmologiste.
Les ophtalmos ne sont plus les seuls à pouvoir prescrire des lunettes. À compter du mercredi 1er février, les orthoptistes peuvent également le faire en direct pour des verres correcteurs et des lentilles de correction, tant qu'il s'agit d'une première prescription. Le métier de ces professionnels paramédicaux consistait jusqu'alors à réaliser des actes de rééducation et de réadaptation visuelle. La mesure, prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, entre en vigueur après la publication mardi d'un arrêt au Journal officiel, indique le site du service public.
Qui seront les patients concernés ?
Les patients âgés de 16 à 42 ans peuvent bénéficier d'un bilan visuel et d'une prescription chez leur orthoptiste. Ils ne doivent toutefois pas présenter de contre-indications listées par un arrêté du ministre de la Santé. Parmi elles, des pathologies graves touchant les yeux, comme la cataracte, le glaucome, des tumeurs oculaires… Mais aussi des maladies d'ordre général (diabète, maladies auto-immunes, Sida) et la prise de médicaments "pouvant entraîner des complications oculaires" sur un temps long, dont les corticoïdes.
En cas de doute sur une pathologie qui n'a pas été listée dans cet arrêté, le patient doit être réorienté vers l'ophtalmologue. Quant aux patients qui portent déjà des lunettes, ils ne pourront bénéficier de cette nouvelle mesure uniquement si leur dernier bilan visuel, réalisé par un ophtalmologiste, remonte à moins de cinq ans. Si vous portez des lentilles souples, ce délai est réduit à trois ans.
Que va changer la mesure ?
Désormais, la prescription de verres correcteurs pourra revenir moins cher, puisqu'en tant que profession paramédicale, les orthoptistes ne peuvent pas réaliser de dépassements d'honoraires, contrairement aux ophtalmologues. Les "deux tiers" de ces professionnels "pratiquent des dépassements, mais en plus cette part est en accélération rapide", estimait en novembre dernier auprès de TF1 Maria Roubtsova, chargée de mission santé à l'association de consommateurs UFC-Que choisir.
Cette nouvelle mesure est aussi destinée à diminuer les délais d'attente et "libérer du temps médical des ophtalmologistes pour les patients présentant des affections plus complexes", explique le site du service public. Les délais moyens d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmo étaient en 2018 de 80 jours, avec des écarts régionaux importants, selon les chiffres du gouvernement.
Qu'en pensent les ophtalmologues ?
Mais le Snof, le Syndicat national des ophtalmologistes de France, avançait à l'inverse en 2021 une étude plus récente montrant des délais en nette baisse. Les ophtalmologistes perçoivent en effet cette nouvelle mesure d'un mauvais œil.
"Une baisse de vision peut cacher beaucoup de choses", a alerté sur France Bleu le président du syndicat, Thierry Bour, s'inquiétant du niveau de formation des orthoptistes. Ce sont "des paramédicaux qui ont une formation limitée à bac+3, ils ne connaissent pas l'ensemble des pathologies. Pour le patient, il peut y avoir une perte de chance", a-t-il estimé. Lors du passage du texte à l'Assemblée nationale, en octobre 2021, le Snof avait été à l'initiative d'une grève dénonçant une "dégradation de la qualité des soins" avec cette mesure.
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