ENQUÊTE - Les sucres alternatifs sont-ils vraiment meilleurs pour la santé ?

Sirop d'agave, stévia, sucre de coco ou encore rapadura, ces noms ne vous disent peut-être rien. Pourtant, ce sont tous des sucres alternatifs. Ils seraient meilleurs pour notre santé que le bon vieux sucre blanc. Mais que valent-ils vraiment ? Et surtout, sont-ils la solution pour manger moins sucré ? Pour le savoir, le JT de TF1 fait appel à la cheffe Chloé Saada, auteure du livre Zéro sucre (Hachette), dans la vidéo ci-dessus. 

Cette dernière a préparé trois gâteaux au chocolat avec des sucres différents. Le premier avec du sucre blanc, le deuxième avec un édulcorant, la stévia, et le troisième avec du sucre de coco. Et cette cheffe connaît bien son sujet puisque, depuis déjà quelques années, elle cherche à remplacer ce fameux sucre blanc dont les Français consomment l'équivalent de dix morceaux chaque jour, soit le double de ce que préconise l'Organisation mondiale de la Santé. "On mange du sucre tout le temps. Aujourd'hui, je vois bien avec mes propres enfants qu'un goûter sans goût sucré, ce n'est pas un goûter. Or, manger du sucre tous les jours, on sait que c'est nocif. C'est pour ça que l'alternative est intéressante à utiliser au maximum", affirme-t-elle. 

Une fois sortis du four, les trois gâteaux sont identiques. Mais qu'en est-il du goût ? Un micro-trottoir s'impose. Et très vite, l'une des recettes se distingue. À l'unanimité, le gâteau favori est celui préparé avec du sucre blanc. "Il est plus gourmand", explique une retraitée. "Je trouve qu'en termes de goût, celui-là ressort plus, mais il est plus sucré", enchaîne un jeune homme. Rien de perdu pour les deux autres qui sont malgré tout appréciés. "Le sucre de coco, c'est pas mal", confie tout de même notre retraitée. Quant au jeune homme, il se veut philosophe : "On n'a pas l'habitude des nouveautés, donc forcément ça parait un peu bizarre au premier abord. Mais avec un peu d'essai et quelques recettes, ça peut s'étudier", dit-il. 

Dans les rayons des magasins, les sucres alternatifs prennent de plus en plus de place, malgré des prix élevés. Comptez environ 20 euros le kilo de stévia, contre 2 euros pour du sucre blanc. Mais comment sont fabriqués ces produits ? Et que contiennent-ils ? Direction une usine qui fabrique de la stévia à Riom (Puy-de-Dôme). "Des procédés chimiques sont nécessaires", reconnaît Guillaume Hoppenot, directeur-général de Stevia Natura SAS. "Mais on a coutume de dire qu'il s'agit de chimie du végétal", précise-t-il, affirmant qu'"il n'y a pas d'apport de corps étranger et qu'il n'y a pas de synthèse". "Donc, on est bien sur un édulcorant d'origine naturel de bout en bout", ajoute-t-il. 

La stévia arrive ici sous forme de feuille avant d'être transformée en jus, et enfin, en poudre blanche sucrée. Chaque année, 30 tonnes d'édulcorant sortent de cette usine. "Elle a un pouvoir sucrant 300 fois plus élevé que le saccharose. On peut y déceler un petit goût de réglisse, parfois une petite amertume, ça dépend vraiment de la perception des consommateurs", poursuit Guillaume Hoppenot. Du côté des marques, tout est fait pour convaincre du bienfait de ces sucres. Cela va des emballages au décor végétal jusqu'aux appellations "origine naturelle" ou encore "zéro calorie" inscrites sur les paquets. 

Mais attention à bien regarder la liste des ingrédients. "Sur certains articles, grâce au packaging, le consommateur s'attend à avoir un produit constitué uniquement de stévia, or quand on regarde les ingrédients, on s'aperçoit qu'il contient aussi un édulcorant chimique, l'érythritol. Inscrit en tête de liste, il va être l'ingrédient majeur", prévient la nutritionniste Florence Foucaut. Le problème, c'est qu'en cas de consommation excessive, il causerait des troubles digestifs. Cette diététicienne conseille donc les sucres non raffinés, plus riches en fibres, en minéraux et en vitamines.