ENQUÊTE - Hypnose : de la pure arnaque ou une pratique réellement fiable ?

par M.T | Reportage Laura Adda, Erinna Fourny, Jean-Yves Mey
Publié le 25 octobre 2023 à 11h52

Source : JT 20h Semaine

On compte aujourd'hui plus de 25.000 cabinets d'hypnothérapie en France, soit cinq fois plus qu'il y a cinq ans.
Face à cette augmentation, les professionnels du secteur alertent sur un manque d'encadrement et des pratiques parfois douteuses.
L'hypnose, médecine douce ou pratique douteuse ? TF1 mène l'enquête.

En quelques minutes seulement, Marine est plongée sous hypnose. Cette mère de famille de 33 ans fait des crises d'angoisse et a perdu toute confiance en elle. Jean-Manuel Dupont, son hypnothérapeute, l'aide à lâcher prise : "Remontez le temps jusqu'à ce moment précis qui a créé cette croyance que vous n'êtes pas capable", développe-t-il clairement et calmement. Dans le reportage en tête de cet article, on peut voir des larmes couler sur les joues de Marine qui garde les yeux fermés tout au long de la séance. 

"Je suis déjà passée par un psychologue et un psychiatre. Aujourd'hui, l'hypnose est une solution qui m'aide beaucoup", confie-t-elle à nos équipes, encore émue par cette séance chargée en émotions. Ici, pas de place pour l'analyse. Uniquement des questionnements. "Nous sommes des guides. Nous sommes des personnes qui orientent d'autres personnes dans leur inconscient pour aller là où il faut aller", détaille l'hypnothérapeute. 

Un manque d'encadrement des formations

Jean-Manuel Dupont s'est installé il y a deux ans à Bernay (Eure). En France, il existerait plus de 25.000 cabinets comme le sien, soit cinq fois plus qu'il y a cinq ans. Il est également possible de trouver une centaine de sites de formations sur internet, où se rencontrent principalement des personnes en reconversion. "C'est une façon de rendre service et de se sentir utile", affirme l'un de ces élèves. L'école XTRËMA, dans laquelle se sont rendues nos équipes, propose une formation de dix jours, et de nombreuses heures de pratique pour 1.800 euros. 

Josick Guermeur, son directeur, met en garde contre des pratiques parfois douteuses, et un manque d'encadrement autour de ces formations : "Il y a une espèce de brouillard de création d'écoles qui assez complexe dans ce secteur. Les gens qui m'appellent sont complètement perdus", détaille l'enseignant, soucieux. 

Pourquoi un tel flou ? La profession n'est pas reconnue par l'État. Il n'existe aucun diplôme et aucun cadre juridique pour l'exercer. Les tarifs des séances peuvent par ailleurs varier entre 60 et 120 euros en Île-de-France. "Nous vérifions le nombre d'heures, et les formations. Nous avons les programmes et nous vérifions qu'ils sont conformes aux mêmes réglementations que les professions de santé", soutient Charlotte de Bouteiller, présidente du Syndicat National des Hypnothérapeutes.

L'hypnose, nouvel allié du corps médical

À l'Hôpital Saint-Joseph, dans le 15ᵉ arrondissement de Paris, on pratique l'hypnose dans tous les services pour apaiser les patients. Au bloc opératoire, une patiente s'apprête à subir une coloscopie : elle a choisi dans le faire entièrement sous hypnose, sans anesthésie. L'infirmière, qui se tient près de son oreille, lui parle pendant toute l'intervention. Pour communiquer, la patiente peut lui serrer la main à tout moment : "Si elle fait un geste, cela sera le signe que c'est un passage douloureux qui nécessite l'injection d'un peu de sédation", détaille Marie-Charlotte Desmaizières, médecin anesthésiste, dans le reportage ci-dessus. 

Un avantage de taille : après l'opération, la patiente peut aussitôt repartir sans passer par la salle de réveil. Une formule qui convainc de plus en plus de soignants de se former en interne. "Seul un professionnel habilité à accompagner des patients saura diagnostiquer le cas auquel il est confronté, et trouver la méthode à appliquer, et dans quelle mesure il peut utiliser l'hypnose", explique Ronan Le Saout, directeur de l'Institut français d'Hypnose (IFH). L'Ordre National des Médecins alerte, quant à lui, sur une pratique illégale de la médecine. Selon le Conseil, seule une loi pourra trancher. 


M.T | Reportage Laura Adda, Erinna Fourny, Jean-Yves Mey

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