INTELLIGENCE - Que se passe-t-il dans la tête des bébés ? C'est la question à laquelle essayent de répondre plusieurs spécialistes du développement en menant différents tests au laboratoire des bébés de la faculté de médecine de Paris. Nous avons pu y assister.
L'activité dans le cerveau des tout-petits interroge depuis des siècles les parents comme les scientifiques. Essaient-ils vraiment de communiquer en gazouillant ? Nous comprennent-ils vraiment ? Que savent-ils reconnaître ? A quoi pensent-ils ?
Alors qu'on a longtemps pensé qu'ils ne savaient pas grand-chose, plusieurs spécialistes du développement démontrent que leur intelligence et leur compréhension du monde et des mots sont bien réelles.
Des notions de phonétique avant l'apparition du langage
Au laboratoire des bébés de la faculté de médecine de Paris, Louise Goyet, membre du laboratoire dédié à la compréhension, au raisonnement et à l'acquisition de connaissances (CRAC) rattaché à l'université Paris 8, mène ainsi toute une série de tests pour cerner l'intelligence des bébés. Maxime, 7 mois et demi, est venu se prêter au jeu avec sa mère le jour de notre tournage.
Équipé de casque bourrés d'électrodes, il est soumis à des objets défilant sur un écran, tandis que leurs noms, déformés, se font entendre. "Au lieu d'entendre 'chaussure', il entend 'jaussure'. On s'attend à ce que le cerveau de l'enfant détecte une incongruité, une erreur, entre ce qu'il voit et ce qu'il entend", explique la chercheuse. Et effectivement, l'activité cérébrale de l'enfant mesurée par le casque et traduite par des courbes révèle qu'il à bien repéré ces erreurs, alors qu'il ne sait pas encore prononcer ces mots. "L'objectif, c'est vraiment d'étudier si, aux alentours de 10 mois jusqu'à 14 mois, l'enfant présente cette aptitude à avoir une représentation des voyelles et des consonnes au sein de mots qu'il connaît déjà."
Pendant ce temps, Jamie, six mois, est soumis à un autre test : également équipé d'un casque, il observe un dessin-animé dont les bruitages en "Pa" et "Ta" ont été volontairement dégradés. "Le signal est un peu moins complexe et on va voir si les bébés sont toujours capables de détecter la différence entre 'Pa' et 'Ta' dans ces conditions de sons qui sont un peu plus dégradées", explique Laurianne Cabrera, chercheuse CNRS au laboratoire de psychologie de la perception, rattaché à l'université Paris-Descartes. Résultat : Jamie possède bien des notions de phonétique, et même de mathématiques.
Des facultés innées
Ces facultés sont en fait présentes dès la naissance, nous expliquent les scientifiques. Camille, née grande prématurée à 4 mois et demi de grossesse, devrait encore être dans le ventre de sa mère lorsqu'elle se voit elle aussi habillée d'un bonnet d'électrodes. Elle sait par exemple déjà faire la distinction entre une voix masculine ou une voix féminine et distinguer certains sons. Ces facultés sont présentes dans le cerveau avant même qu'il ne soit stimulé par le monde extérieur. "Il y a déjà un réseau initial qui existe. Comme ça se fait au moment où le cerveau se connecte à son environnement, c'est quelque chose qui est plutôt du domaine de l’inné que de l'acquis", explique Fabrice Wallois, neurophysiologiste au CHU d'Amiens.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique