En France, sept millions de personnes habitent dans des déserts médicaux.L'une des solutions avancées à ce problème consiste à installer des cabinets de soins dans des centres commerciaux.Une équipe de TF1 a visité deux de ces établissements dans le Val-d'Oise.
Dans ce supermarché du Val-d'Oise, que l'on découvre dans le reportage en tête d'article, a surgi il y a trois mois un centre dentaire. Situé dans la galerie commerciale, entre des magasins de vêtements et les serruriers, plus habituels dans ce type d'espace. L'établissement se présente comme une association solidaire contre les déserts médicaux. Ce qui n'étonne pas ici, car la commune compte un dentiste pour plus de deux mille habitants, tandis que l'ensemble du département du Val-d'Oise voit s'aggraver chaque année la désertification médicale.
Les consommateurs du centre commercial sont-ils prêts à se faire soigner les dents à quelques mètres des caisses de leur supermarché ? "Je n'irais peut-être pas pour me faire changer toutes les dents dans un cabinet comme ça", réagit un jeune homme poussant son caddie, "mais pour une révision, ou pour les enfants, oui". Plus enthousiaste, une dame voit le côté pratique de cette implantation insolite : "Quand on a des courses à faire, si en même temps on peut se faire soigner les dents, c'est pas plus mal", estime-t-elle.
Des dentistes salariés et des difficultés de recrutement
Le directeur du lieu, a prévu large : "Vous avez dix cabinets, qui permettent d'accueillir entre quinze et vingt dentistes salariés", explique Arnaud Durand. Son argument principal pour attirer les professionnels : ils bénéficient d'un secrétariat et ne doivent gérer ni les loyers ni le matériel. "J'ai voulu me libérer des contraintes administratives", témoigne un ancien dentiste libéral désormais installé dans ce centre. Mais le jour de la visite de notre équipe, les neuf autres fauteuils étaient vides : comme dans tous les déserts médicaux, il est difficile de recruter. Et la liste d'attente demeure longue pour les patients : aucun créneau n'est disponible avant le mois de juin prochain.
Un argument commercial ?
À trente kilomètres de là, à Cergy-Pontoise, le directeur du centre commercial Les Trois Fontaines a aussi développé une offre de santé. L'intérêt pour lui est différent : il s'agit de faire revenir ses clients, dont il a perdu le quart depuis la crise du Covid-19. Ici, en revanche, on a séparé les cabinets des commerces. "Quand on vient pour un rendez-vous médical, on n'a pas forcément envie de se retrouver confronté à une boutique", explique Hervé Deniau, "on n'est pas dans le même état d'esprit que lorsqu'on ne fait que du shopping". Un gynécologue, un laboratoire d'analyses médicales, un radiologue et bientôt un dermatologue et un pédiatre, se sont tous regroupés ici, mais sous statut libéral.
Mais l'intention première est-elle médicale ou commerciale ? C'est la question que pose l'Association de Citoyens contre les Déserts Médicaux. "Si ça permet de rendre accessible la médecine à certains patients, évidemment, c'est bien", réagit Annie Fortems, qui représente l'association pour l'Île-de-France, "mais ce ne sont pas des philanthropes, et ce que je crains, c'est que (...) le but ne devienne que de gagner de l'argent".
En somme, ce nouveau mode d'implantation médicale doit encore prouver qu'il peut régler la question du manque global de praticiens dans le secteur. L'autre risque pointé par l'association, serait de glisser vers de la médecine de dépannage, et que les patients négligent leur suivi par leur médecin traitant.